Au-delà de l’opposition environnement-développement durable
L’Homme libre et respectueux
Voilà un thème qui doit répondre à l’attente de beaucoup de lecteurs
de notre revue. De quoi s’agit-il? D’un concept mis en place dans les
rapports internationaux depuis plus de vingt ans. Une volonté internationale
voulue afin de comprendre et d’appréhender la notion d’environnement.
par Robert Edmond Laverrière, membre des loges «Hiram» et «Flumen
Fraternitatis» de Genève (Revue maçonnique suisse: mai 2006)
Pour nous autres francs-maçons, ce sujet doit nous faire prendre
conscience de notre rôle dans la société en tant que citoyen, et homme dit
libre. Libre mais respectueux et intégré dans une société en question et en
devenir. Notre volonté de nous investir pour le bien de l’humanité et celui
de nos semblables doit commencer par un comportement responsable sachant
découvrir les enjeux de demain, Aussi devons-nous être à l’écoute, même si
nous ne tirons pas la sonnette d’alarme Lorsque l’on parle de développement
durable on ignore qu’il s’agit d’une notion ayant trait à l’opposition entre
l’environnement existant et le développement. Qui dit développement dit
vision de l’avenir de l’homme, soit de l’humanité dans sa globalité. C’est
donc en priorité l’affaire des gouvernements, et par voie de conséquence des
instances mondiales et de leurs dirigeants et délégués. Nous voulons parler
ici des Nations Unies (ONU), de son Organisation pour l’alimentation et
l’agriculture (FAO), etc. Cela pour faire simple dans ce préambule.
Une volonté agissante sur le plan mondial
Reprenons l’argument selon lequel l’environnement et les équilibres
naturels sont à la base du développement social et humain. Ces équilibres
sont mis en péril par les activités humaines à tous les niveaux. Il est
facile d’en dresser la liste en partant du plus haut pour finir par le bas:
mondial, transnational, national, et local. Et nous en venons à la
définition suivante: dans le cadre du développement durable, l’environnement
est vu sous le double aspect des ressources et des pollutions. Les efforts
des diplomates et des experts ne doivent pas rester sur les étagères des
bibliothèques, ni dans de fumeux rapports que personne ne lira pour la
simple raison que la mondialisation nous dépasse à un certain degré. Cela
n’étant pas de notre compétence, on écoute les bonnes résolutions et l’on
retourne à son quotidien. Ou alors on palabre des heures sur des sujets qui
ne nous touchent pas trop, sinon dans notre estime de l’humanité. Après être
désolé d’avoir vu à la télévision les reportages d’une catastrophe, l’homme
oublie. Personne ne peut le blâmer. C’est ainsi.
Notre propos n’est pas d’établir une thèse sur le développement durable,
idée généreuse qui par la diversité des thèmes abordés implique une
réflexion d’une grande richesse intellectuelle. Une idée qui ne doit pas
rester universitaire mais devenir un changement dans notre comportement en
rapport avec l’avenir de notre planète. L’avenir pour les générations qui
nous suivront et nous remplaceront.
Cette gestion au départ un peu intellectuelle est devenue une volonté
agissante sur le plan mondial par les actions menées au sein de l’ONU.
Laissons de côté l’aspect mondial, suscitant des prises de positions
alarmistes ou des notions qui, à notre point de vue, restent au niveau de
l’information. Elles permettent de disserter à l’envi sur des sujets
éloignés et à propos desquels notre avis relève d’une histoire de conscience
et de doute, les organisations gouvernementales et non gouvernementales se
chargeant de délibérer sur la question.
L’homme de la rue, c’est-à-dire la population, vous et moi, sommes
parties prenantes dans notre mesure, selon notre sensibilité et les
directives édictées. Tous les problèmes liés à la définition de base du
développement durable font l’objet de politiques internationales. Les sujets
lus dans la presse et les médias font mention de mondialisation
environnementale Car les problématiques environnementales sont encore
souvent abordées de façon isolée alors qu’elles sont en fait largement
interdépendantes. Rappelons-le, les ressources locales sont: la
biodiversité, la forêt et l’eau, les milieux spécifiques tels que montagnes,
îles, océans et mers. N’oublions pas la couche d’ozone et le problème lié au
climat, aux énergies, et de ce fait les déséquilibres locaux comme le
déboisement et son résultat logique, c’est-à-dire l’érosion du sol Pour
finir, les pollutions atmosphériques qui se jouent des frontières et les
pollutions locales, englobant la gestion des déchets
Notre implication dans le respect de l’environnement
La moitié environ de la population mondiale vit actuellement dans les
villes; vers 1972, soit il y a une génération de 30 ans, elle était d’un
tiers. Depuis l’Antiquité, l’urbain dans son organisation de base doit
résoudre l’évacuation des déchets. L’égout est une réalité cachée qui a
trouvé ses lettres de noblesse dans les romans de Victor Hugo. Monsieur
Poubelle est entré dans l’histoire de la civilisation pour avoir donné un
contenant à notre contenu en voie d’élimination. Gérer les déchets relève de
la civilité primaire, sans tomber dans les arbitraires et certaines données
qui empoisonnent la vie.
Le fumier de la ferme a de la peine à trouver sa place dans la cité. Il
suffit d’évoquer les grèves des éboueurs il y a quelques lustres pour voir
que la gestion des déchets peut tourner au cauchemar et au chaos Pour en
terminer avec cette petite démonstration littéraire sur la pollution urbaine
de base, prenons la ressource primordiale qui sert aussi à la nettoyer. La
gestion de l’eau est en effet tout aussi importante car les efforts déployés
pour la renaturation des rivières et l’approvisionnement en eau potable de
la ville et de la campagne demeure une priorité. L’eau source de vie et
élément néfaste avec l’érosion du sol et les tempêtes. L’eau qui donne le
thème de l’ONU à la décennie 2005-2015 concerne une des parties du
développement durable. L’eau de la rivière, du lac et de la mer. Élément
sacré à la base de toutes les civilisations. L’eau, symbole utilisé dans
notre rituel. Mettons de côté le symbolisme, ce n’est pas le sujet à l’ordre
du jour. Regardons plutôt le problème de la gestion de l’eau dans le monde
avec les lunettes du citadin. L’eau, celle qui coule dans notre baignoire,
est une avancée avec la médecine et la propreté individuelle. L’eau engendre
la forme et la fonction.
De la fontaine utile pour aller puiser l’eau du repas au moyen âge en
passant par la fontaine décorative de nos places publiques, il faut
reconnaître l’évolution des utilités dans l’espace urbain. Il suffit de se
promener en ville par temps de canicule pour voir que la ville est devenue
une entité qui évolue et que l’élément eau est une pièce indispensable à
notre environnement.
Cette réflexion demande une certaine humilité et une retenue avant
d’édicter des façons de gérer nos ressources naturelles. Et ce débat n’est
pas le même sous toutes les latitudes,
Le mélange des genres n’a jamais servi d’excuses. Il incite, au
contraire, les hommes à prendre conscience des problèmes.
Alors la nature doit être préservée ! On s’en doute mais comment? Cela
sous-entend lois et directives. Et conséquemment les libertés sont appelées
à être réduites dans la façon de voyager, de vivre avec la nature existante,
et dans l’exploitation du tourisme de nos régions.
Nos expériences et nos motivations de gestion sont en marche.Les directives
exportées dans les pays en voie de développement devront amener la prise de
conscience des autochtones. Notre attitude d’hommes «libres et de bonnes moeurs»
doit consister à mesurer notre implication dans le respect de l’environnement
actuel, tant dans nos loisirs que dans notre fonction profane et quotidienne. À
nous de savoir nous mettre au service de la société, forts des qualités de la
franc-maçonnerie Pour cela il importe de ne pas être les jouets des professeurs
Nimbus et autres gourous de l’environnement dont les théories d’un jour sont
bafouées le lendemain par des études d’experts. Sachons apprendre à regarder et
à protéger, non pas ailleurs mais devant chez nous. Ce sera un bon début.
En ce qui concerne les catastrophes naturelles la Grande Loge Suisse
Alpina a su dernièrement être présente avec toutes les loges de sa
juridiction. Bonne promenade, ami lecteur, ne jette pas sur le trottoir ce
papier que je viens d’écrire. Cela ferait désordre et n’entrerait pas dans
le développement durable.
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