Johnny Cash et la franc-maçonnerie

Le mondialement célèbre chanteur américain de country Johnny Cash (1932-2003) fait à l’heure actuelle la Une de l’actualité cinématographique avec le film Walk the Line retraçant sa carrière. Dans son autobiographie parue en français l’année dernière au Editions du Castor Astral, à Paris, l’artiste évoque un épisode de 1974 que nous reproduisons ci-après. Le Carl dont il s’agit est Carl Perkins, autre figure marquante de la scène musicale aux USA.

(Revue maçonnique suisse: mai 2006)

«Carl était devenu franc-maçon après avoir arrêté l’alcool et, pendant quelque temps, il fut impatient de me faire essayer ça. Allez, John. Viens avec moi au chapitre d’Hendersonville, insistait-il. Laisse-moi te présenter à ces types. Comme ça, ils pourront se réunir ensuite et t’inviter à en faire partie. Ça changera ta vie. Ce sera merveilleux pour toi.

J’ai fini par accepter, et nous sommes allés les rencontrer. Je me suis frayé un chemin au milieu de la pièce en serrant des mains. Je n’oublierai jamais la manière dont ces types me regardaient: c’était comme si on leur avait demandé d’embrasser un serpent à sonnette. J’ai aussitôt eu le sentiment que je n’étais pas près de devenir maçon.

Sans doute avaient-ils certaines images en mémoire. Deux ou trois ans seulement s’étaient écoulés depuis que j’avais renoncé aux pilules, et ça faisait à peine plus longtemps que tous les journaux du pays avaient publié une photo où l’on me voyait conduit en prison, menottes aux mains, après m’être fourni en amphétamines chez le mauvais revendeur. Apparemment, les progrès que j’avais faits ensuite ne pesaient pas lourd. Lorsque j’ai quitté les lieux, un On vous fera signe fort peu enthousiaste roulait dans mon crâne, chargé de petites particules de gêne et de frustration. Effectivement, une quinzaine de jours plus tard, une lettre est venue m’informer que ma candidature était rejetée pour raisons de moralité. J’ai d’abord déchargé ma fureur contre les murs et le plafond, puis j’ai appelé Carl et je me suis déchaîné contre lui, en lui disant que je ne voulais plus entendre un seul mot de sa bouche à propos des maçons, et jusqu’à la fin de mes jours. Je n’en ai plus entendu un seul. Je ne sais pas. Peut-être aurais-je fait un bon maçon».