Thème
Aperçus sur le
symbolisme de l'étoile
Le symbolisme de l'étoile est un thème rebattu en maçonnerie, et il semble difficile de produire un nouveau travail qui sorte de la banalité et de planches cent fois remises sur le métier. C'est pourtant ce que nous allons tenter de faire dans ce travail collectif, en espérant apporter quelques aperçus originaux susceptibles de susciter des interrogations et d'éveiller le désir d'en savoir plus.
Loge René Guénon, Lausanne
Avant d'appartenir au
graphisme, l'étoile, objet physique brillant au
firmament, est en premier lieu une lumière
céleste, perçue comme un signe divin et porteur
d'une influence spirituelle. Les étoiles,
constamment présentes, mais ne se révélant que
la nuit, habitent le macrocosme, lui donnent une
sorte de consistance matérielle, d'existence
tangible ; elles rendent visible la voûte
céleste ; elles sont l'illustration de la
formule hermétique : Ce qui est en haut est
comme ce qui est en bas.
L'étoile, lumière
céleste et guide
Les étoiles symbolisent
l'ordre cosmique en raison de leur course autour
de l'étoile polaire («axe du monde»). Toutes les
traditions accordent par suite un caractère
hautement significatif à l'étoile. Les étoiles
sont vues comme des guides. Elles le sont
effectivement pour le marin qui s'oriente grâce
à elles sur l'immensité de la mer. L’étoile,
d’une manière générale, représente le but à
atteindre, le signal qui montre la fin du
voyage. Elle servit donc, selon le Nouveau
Testament, à guider les Mages d'Orient vers la
crèche de l'enfant Jésus. Certaines spéculations
(astrologie) vont même plus loin dans ce
domaine, en accordant aux étoiles une fonction
directrice dans la destinée humaine. Mais chacun
ne souhaite-t-il pas être né «sous une bonne
étoile» ? Il semble que Napoléon Bonaparte ait
cru en la sienne... jusqu'à la chute finale !
Les étoiles sont souvent
associées en ensembles hautement symboliques,
tels que les 7 Etoiles de l'Apocalypse ou les 12
étoiles du drapeau européen (qui associe les
symbolismes du pentagramme, celui du cercle et
celui du nombre 12... avec un succès mitigé).
Marie, mère de Jésus, est souvent représentée
auréolée d'une couronne d'étoiles qui
symbolisent les Anges associés aux étoiles par
la cosmologie juive.
Les polygones étoilés
Le graphisme des étoiles,
quel que soit le nombre de branches, utilise
classiquement les sommets de polygones réguliers
inscrits dans un cercle. Bien évidemment, en
augmentant indéfiniment le nombre de côtés, le
polygone se rapproche de plus en plus du cercle
circonscrit. À l'inverse, en réduisant le nombre
de côtés du polygone, le nombre minimum de côtés
est 3, si l'on veut se limiter aux polygones
proprement dits.
Mais ne peut-on pas sortir un
peu de ce cadre, en pensant à l’étoile à 2
branches ? On peut l'imaginer faite de 2
triangles isocèles à bases étroites opposés,
dont la meilleure image est la boussole, symbole
puissant de la dualité, mais qui reste très
rassurant par la constance de ses indications.
Avec cette étoile-là on ne perd pas le nord !
L’étoile à une branche serait un triangle
isocèle dont la base se rétrécit au point de
donner à l’image l’aspect d’une ligne, d’un
chiffre 1, salutaire retour du ternaire à
l’unité.
Les polygones étoilés
réguliers
Les polygones réguliers et
les symboles étoilés associés ont une force
symbolique qui les a fait figurer depuis la plus
haute Antiquité dans l'iconographie religieuse
ou sacrée (les plafonds de nombreuses tombes de
pharaons égyptiens sont décorés d'étoiles). On
parle assez peu des étoiles à 3 et 4 branches
dans le symbolisme maçonnique. L'étoile à 3
branches est pourtant le symbole d’une éclatante
réussite, sinon humaine, du moins commerciale.
Il est difficile de lui échapper lorsqu’on
arpente le bitume. Et pourtant, dans l'esprit du
créateur de ce symbole, il devait représenter la
présence de la marque sur terre, dans l'eau et
dans les airs !
L’étoile à 4 branches qui est
à la base de la rose des vents, ne manque pas
d’intérêt. C’est d’ailleurs sous cette forme à 4
branches que nous percevons les étoiles du ciel,
par un effet d’optique sans doute lié à la
configuration de notre rétine, qui privilégie
les axes orthogonaux. Mais les symbolistes
maçonniques n’aiment pas beaucoup le nombre 4,
pourtant premier carré parfait, à part le nombre
1 bien entendu. C’est qu’il représente la
matière brute, la terre. Le symbolisme parle
même d’un «carré long», ce qui est une absurdité
géométrique.
Les étoiles les plus
familières au francmaçon sont évidemment
l'étoile à 5
branches (pentagramme) et
l'étoile à 6 branches (étoile de David ou sceau
de Salomon). Il en existe
bien d'autres de haute portée symbolique, dont
celles construites sur le polygone à 8 côtés
(octogone) et le polygone à 9 côtés (ennéagone,
généré par 3 triangles équilatéraux inscrits).
La suite de cet article se limitera à l'examen
de ces quatre polygones étoilés remarquables.
René Guénon et le
symbolisme de l'étoile
Par sa construction, l'étoile
peut évoquer la croix, telle qu'analysée par
René Guénon dans Le
symbolisme de la
Croix, où
il y voit sept directions : les quatre
horizontales de la Rose des Vents (de l'Orient à
l'Occident, du Septentrion au Midi), deux
verticales (du Zénith au Nadir), toutes ces
directions fuyant le centre, entrant dans la
dispersion, dans l'agitation croissante à mesure
que l'éloignement s'accentue, et finalement,
septième direction, vers le centre immobile,
idéal, à partir duquel tout changement d'état
devient possible. L'étoile, quelle qu'elle soit,
évoque cette croix, soit la dispersion
(expérimentation nécessaire, mais centrifuge) et
la concentration, ou coagulation pour les
alchimistes. Mouvements et immobilité des croix
très manifestes dans l'antique swastika ou le
rouet cher à Gandhi, figurant sur le drapeau
indien. L'étoile peut aussi bien, par sa
structure même, symboliser la Création : elle se
forme à partir d'un point, centre des cercles
inscrit et circonscrit, base de la géométrie,
unité primordiale, sans existence physique, mais
à l'origine de toute construction.
Le pentagramme
L’étoile à 5 branches est un
très ancien symbole ésotérique en rapport avec
le principe initiatique. Il représente la
conscience incarnée, l’esprit dans la matière.
On retrouve cette étoile dans les principaux
cultes féminins des «déesses mères» : Ishtar,
Astarté, Rhéa, Déméter, Perséphone, Isis. Pour
les Druides, c'était un symbole de la Déesse et
de la Divinité. En Egypte, la déesse de la
fécondité et des origines du monde, Sopdet
associée à Isis, était la personnification de
l'étoile Sirius qui annonçait le début de la
crue du Nil et donc de l'année. On pense que le
pentagramme aurait pu devenir le symbole du
christianisme, si l'empereur Constantin ne lui
avait préféré la croix (en relation avec le
songe avant le combat final contre Maxence «in
hoc signo vinces » - par
ce signe tu vaincras).
Symbole
d'Aphrodite-Vénus
La planète Vénus
♀ doit
son nom à la déesse de l'amour et de la beauté
dans la mythologie romaine, Vénus, qui a pour
équivalent Aphrodite dans la mythologie grecque
; par extension, on parle d'une Vénus à propos
d'une très belle femme. Les cultures chinoise,
coréenne, japonaise et vietnamienne désignent
Vénus sous le nom «d'étoile d'or», et utilisent
les mêmes caractères. On l’appelle souvent,
improprement car il s'agit d'une planète,
«l'étoile du berger», car elle peut être
facilement visible dans le ciel du matin, avant
le lever du Soleil (Vénus lucifer) ou dans le
ciel du soir, après le coucher du Soleil (Vénus
hesperus). Le pentagramme fut aussi utilisé
comme symbole de Vénus et du féminin en général
(et notamment du féminin sacré). L'adoption de
ce symbole est directement liée à l'observation
de la planète : les positions successives de
Vénus dans le ciel à chaque période synodique
dessinent approximativement un pentagramme
autour du Soleil, sur un cycle total de 8 ans.
Symbolisme
ontologique
Engendré par le nombre 5, le
pentagramme possède de facto un symbolisme d'une
extrême richesse, différent suivant qu'on le
considère pointe en haut ou pointe en bas.
Le pentagramme pointe
en haut
Le pentagramme est une
représentation symbolique de l'univers basée sur
les 4 éléments (feu-air-eau-terre) et le
cinquième, l'esprit. Le travail avec les rituels
à base de pentagrammes est donc un travail
alchimique sur les éléments. Pour cette raison,
le pentagramme est tout d'abord représenté avec
la pointe en haut, celle-ci représentant
l'esprit présidant au-dessus des 4 autres :
c'est l'esprit régissant le monde de la matière,
l'esprit au-dessus du corps, pour en faire
surgir la quintessence ; pour les francs-maçons,
le Compas sur l’Équerre. L’homme est en quelque
sorte le trait d’union entre le ciel et la terre
; il est en relation avec son «surconscient »,
son Soi selon la terminologie de C.G. Jung. Sous
cette forme, il est de manière générale perçu
comme un symbole positif et faste, puisqu'il
figure sous forme d'étoiles sur au moins une
cinquantaine de drapeaux nationaux ou régionaux
dans le monde. Sur les drapeaux des Etats
musulmans il représente les 5 piliers de
l’Islam. Trivialement, il peut identifier de
nombreuses marques commerciales, comme des eaux
minérales ou une ligne de vêtements.
Le pentagramme pointe
en bas
Dans l’étoile pointe en bas,
on peut dire par analogie que la matière domine
l’esprit, que les instincts primitifs prennent
le dessus sur la conscience éthique, que le mal
domine le bien. D’autre part, on peut aussi dire
que la pointe en bas symbolise les forces
chtoniennes primordiales, la vouivre qui donne à
la nature naturante sa force vitale et sans
laquelle rien n’existerait ; elle est donc
indispensable ! Ces forces obscures animent nos
instincts, en particulier les pulsions
sexuelles, qui ont été diabolisées par l’Eglise
chrétienne : ne voyait-on pas dans le
pentagramme inversé une tête de bouc symbole de
Satan ? D’ailleurs, «Diable» vient du grec
diaballô, disperser, diviser, et «Satan» veut
dire en hébreux l’adversaire. L’harmonie des
proportions de l’étoile inversée nous invite
d’abord à identifier, découvrir ces puissances,
puis à les maîtriser, les équilibrer, afin que
notre être «animal», ou notre Ego, puisse entrer
en résonance avec notre Soi. Chez certains
gnostiques, notamment les cathares ou les
johannites, Lucifer est le «divin» caché en soi
qu’on ignore. Il symbolise la révolte de
l’Humain contre Dieu. C’est la chute de l’Homme
qui s’écarte de la Source par désir de facilité
et de confort engendrant Encore cette vision du
pentagramme pointe en bas n'est-elle pas
absolue, puisqu'elle figure sur certains vitraux
religieux (dont un lieu de culte à Genève).
Cette vision satanique du pentagramme est peut
être également liée au mythe du Serpent et du
fruit défendu1 dont la
tradition a fait «la pomme», car une pomme se
présente ainsi lorsqu'elle est coupée en deux.
Des propriétés
mathématiques remarquables
Les propriétés mathématiques
et géométriques du pentagramme sont
remarquables, puisque (voir dessin ci-dessous) :
où Φ (phi) est
la proportion dorée
ou
section
d'or de
valeur 1,618... qui signe la beauté absolue, la
perfection: Pour l'école pythagoricienne, cette
étoile représentait l’harmonie, la beauté, la
perfection. L'importance de cette proportion
dans la création des formes dans l'univers par
le GADLU (quel que soit le concept recouvert par
cet acronyme) est fondamentale. Voici en effet
quelques exemples où intervient le nombre d'or :
- les profils d'oeufs,
etc.
- la forme pentagonale (ou
décagonale) de la majorité des fleurs
- la disposition des
branches d'un arbre
- la génération de la
spirale logarithmique (que l'on retrouve de
la coquille de l'escargot jusqu'aux branches
des galaxies…)
L'intervention de la
proportion dorée dans l'univers, comme dans les
œuvres humaines, est un domaine d'exploration
immense qui a été magistralement traité dans l'oeuvre
du mathématicien roumain Matila Ghyka2.
On remarque sur la figure ci-dessus les
triangles isocèles tels que le triangle ABE qui
présente au sommet un angle de 108° (3 fois 36°)
et deux angles de 36° à la base. Rappelons que
les dimensions de ce triangle devraient être
celles du triangle figurant à l'Orient de nos
temples. Elles se retrouvent dans la géométrie
de la bavette du tablier du franc-maçon, dont
l’angle obtus mesure normalement 108 degrés.
C'est un triangle doré, tout comme BGH
présentant deux angles de 72° (2 fois 36°) à la
base, et un angle de 36° au sommet.
À noter que 36 est le nombre
sacré de 8 que nous évoquerons plus bas
(1+2+3+4+5+6+7+8=36) à propos de l'octogone. Et
que 72, soit deux fois 36, est, selon certains,
le nombre moyen de pulsations cardiaques par
minute chez l'homme. En guématrie3
kabbalistique, c'est la somme
des valeurs des lettres hébraïques du nom
indicible présenté sous forme de la tétractys
pythagoricienne, soit י/הי/והי/הוהי
yod + yod, he + yod, he vav +
yod, he, vav, he = 72. Et sans vouloir aller
trop loin, car cela nous entraînerait hors du
cadre de cet essai, signalons que le nombre
sacré de 36 (1+2+ ... +35+36) est le fameux
nombre 666 de la bête de l'Apocalypse dite de
Jean (13:18).
Un programme de
travail pour le francmaçon
Le pentagramme intègre par
son symbolisme la notion de processus, celle de
travail et celle de chef-d’oeuvre achevé. C’est
tout à la fois l’Intention, le cheminement, le
but à atteindre et les règles qui y mènent. À
titre d’exemple, ses différents angles
correspondent à tous les éléments alchimiques,
ainsi qu'il a été noté plus haut, et un parcours
partant de la pointe supérieure et y revenant en
fin de course montre le processus achevé :
l’Etoile, dans ce cas, reflète bien un processus
complet, de l’Intention initiale (l’Esprit) à
l’œuvre accomplie et parfaite.
Un symbole de l'homme
dans le cosmos
Tout le monde connaît le
célèbre dessin de Léonard de Vinci représentant
l'homme, bras et jambes écartés, connu sous le
nom d'Homme de Vitruve. La représentation
ci-contre fait apparaître le pentagramme dans
lequel s'inscrit l'homme, et qui ne figure pas
dans le dessin original : C'est un thème courant
à l'époque de la Renaissance, que l'on retrouve
par exemple dans des ouvrages d'Agrippa von
Nettesheim ou Robert Fludd. Représentation
alchimique par excellence, l’Homme de Vitruve
tente de réaliser l’union du Ciel (cercle) et de
la Terre (carré) grâce au passage du rationnel
au transcendant pour établir un équilibre entre
ces deux principes opposés. Il réalise ainsi une
renaissance et l’avènement de l’homme nouveau,
l’Homme universel. Il résout la quadrature du
cercle. Cet homme universel revient à
l’androgynat primordial puisqu’il transcende la
dualité des couples terre/ciel, féminin/masculin
et passif/actif. Placé au centre de l’étoile, il
représente le pouvoir du génie humain créatif.
Le pentagramme désigne l’androgyne et le nombre
5, il est donc le symbole de la structure de
l’Homme. Trois éléments en haut (la tête et les
bras) et deux éléments en bas (les jambes). Nous
avons là l’accord du cosmique et du terrestre,
et l’Homme est bien le Temple de l’univers.
L'homme poussière des
étoiles
Ce thème a été popularisé par
l'astrophysicien canadien Hubert Reeves, ce qui
rejoint les paroles de la Genèse4
car «tu es poussière et tu
retourneras à la poussière ». Pour le
kabbaliste, il est du reste troublant de
remarquer que la valeur guématrique
sidouri5
est la même (53) pour les mots «afar» רפע
poussière et «kochavim»
םיבכוכ étoiles ou planètes, mot
qui peut se vocaliser «kochaviam» - étoile de
mer - dont la forme renvoie subtilement au
pentagramme symbole de l'homme.
Un symbole universel
Tout comme en Europe ou en
Amérique, l'étoile à cinq branches est très
présente dans les traditions de l'Afrique noire.
Le symbolisme de l'étoile n'est pas univoque.
Dans sa polysémie, elle peut signifier tour à
tour la direction, l'espoir, l'honneur,
l'émancipation, la lumière ou l'unité. L'étoile
représente aussi le ciel et donc les valeurs
spirituelles. L'étoile est un symbole commun à
toutes les régions et religions d'Afrique noire.
Il est synonyme de perfection et de connaissance
et est commun dans le symbolisme africain noir.
Chez les Akan du Ghana, par exemple, le roi est
couronné d'une étoile pour le relier au monde
surnaturel. Il devient ainsi «enfant du ciel»
tout en restant lié aux humains. À un moment de
son couronnement, il est appelé à réciter la
formule suivante : «Comme l'étoile, l'enfant de
l'Etre Suprême, je reste avec Dieu et ne dépend
pas de moi seul». L'étoile à cinq branches est
aussi l'accomplissement des vertus cardinales
des sociétés noires africaines. Ces vertus sont
au nombre de quatre : la Vérité, la Bonté, la
Justice et la Beauté, mais leur parachèvement
nécessite une cinquième vertu qui les surplombe
toutes, la Sagesse, qui constitue leur
quintessence, et sans laquelle elles ne peuvent
rien, même réunies.
Un symbole de
perfection
Le nombre 5 lié au
pentagramme évoque les cinq sens aussi bien que
la quintessence, la cinquième essence, le
cinquième élément, le plus subtil, le plus
volatil, l'éther, peut-être la figuration du but
de notre quête, cinquième voyage, dernière
initiation.
L'hexagramme
Le pentagramme et
l'hexagramme sont deux figures complémentaires
dont le symbolisme est lié : selon René Guénon,
la Tradition nous enseigne que l'étoile à cinq
branches représente le «microcosme », alors que
l'étoile à six branches représente le
«macrocosme», l'Homme universel ou le Logos avec
ses deux triangles en reflet l'un de l'autre qui
représentent l'union des deux natures, divine et
humaine. Si l'étoile à 6 branches est un symbole
associé en premier lieu au judaïsme, la
maçonnerie se l'est également approprié, du fait
de la place éminente de Salomon et de son Temple
dans les rituels maçonniques. L'origine de
l'hexagramme serait en fait égyptienne, et ce
symbole aurait été ramené d'Orient par les
Templiers, mais il existe tellement de légendes
à ce sujet...
Ce qui est certain, c'est que
le symbolisme de l'hexagramme se rattache à
l'hermétisme et à l'alchimie. On peut rappeler
que cette étoile à 6 branches était le symbole
de l'école hermétique dont étaient issus Albert
le Grand et Thomas d'Aquin. L'hexagramme
rassemble les 4 éléments (rassembler ce qui est
épars...) en un symbole synthétique :
Ce sont des symboles
alchimiques ; ils représentent la totalité de la
manifestation et de ses possibilités. L'alchimie
est censée transformer, transmuter, pour être
plus précis, les vils métaux en or (dont le
symbole alchimique est le même que celui du
Soleil, un cercle pointé en son centre), et
permettre de découvrir l'élixir de longue vie,
la Pierre philosophale, passeport pour
l'Eternité, pour un niveau d'existence
supérieur. L'hexagramme étoilé représente aussi
le masculin (triangle pointe en haut) et le
féminin (pointe en bas), c'est-àdire encore la
totalité de la manifestation, mais aussi
l'équilibre retrouvé entre le masculin, donc
l'action, l'intelligence rationnelle, le
matériel, la voie sèche des alchimistes, le
Soleil, et le féminin, la passivité,
l'intuition, le spirituel, la voie humide, la
Lune.
L'octogone
L'octogone et l'étoile à 8
branches sont abondamment présents dans la
symbolique et l'iconographie chrétiennes.
«L'étoile de Bethléem», dont il a déjà été
question, est le plus souvent représentée avec
huit branches. Encore ce symbolisme de
l'octogone n'est-il pas l'apanage exclusif du
christianisme, comme en témoigne par exemple la
mosquée d'Omar à Jérusalem. Le huit est lié,
même si là encore tous ne sont pas d'accord, à
la résurrection, donc au Christ. Le baptême est
une forme de renaissance, ou de naissance à un
autre état; or, la plupart des bénitiers à
section polygonale sont octogonaux. Quoi
d'étonnant ? La création du monde s'est faite en
sept jours (six plus un) ; le sept représente
donc la totalité de la manifestation dans notre
niveau d'existence ; c'est l'alpha et l'oméga,
le début et la fin, du Paradis terrestre aux
portes (douze) de la Jérusalem céleste. Ajouter
un à sept, ce qu'a fait le Christ en
ressuscitant, c'est accéder à ce nouveau
Paradis, non plus végétal, comme celui de la
Genèse, mais construit ; par qui, comment ?
N'est-ce pas là le sens d'une existence humaine
? Et là encore, l'étoile joue son rôle de guide.
L'ennéagone
Engendrée par le nombre 9 (3
fois 3), cette figure a trouvé de nos jours un
développement populaire considérable par son
utilisation sous forme d'ennéagramme (voir
ci-dessous) comme support de techniques de
développement personnel, issues d'un ancien
enseignement soufi, par association des sommets
à une typologie psychologique. Une approche même
sommaire de ces techniques sort du cadre de
cette étude, mais le lecteur intéressé trouvera
en librairie une abondante littérature qui en
traite de façon théorique ou pratique. Cette
introduction au symbolisme de l'étoile ne fait
bien évidemment que d'effleurer un thème
tellement vaste qu'aucune approche
intellectuelle ne saurait remplacer une
méditation personnelle sur le sujet.
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