Alpina 12/2000
"Conformément aux anciens usages, le Livre de la Loi Sacrée, l'Equerre et
le Compas, les Trois Grandes Lumières de la Maçonnerie, figurent comme
symboles sur l'autel lors de tous les Travaux Rituels", dit le second alinéa
de l'article IV des principes maçonniques généraux de la GLSA. Est affirmée
au préalable la liberté de conscience, de croyance et de pensée. Rappelons
que par "livre", ou "volume", de la loi sacrée on entend: la Bible pour le
chrétien, la Torah pour l'israélite, le Coran pour le musulman, ou un autre
texte pour l'adepte d'une religion différente. Dans le temple, la Bible est
ouverte à l'Evangile de saint Jean. La tradition de l'Eglise ancienne
l'attribuait à l'apôtre Jean, mais la recherche actuelle parle de l'autorité
symbolique, le vrai rédacteur étant inconnu.
Son vocabulaire reflète la pensée de son époque et témoigne
d'un christianisme naissant influencé par le gnosticisme, l'ésotérisme
hellénistique, le judaïsme ou encore le dualisme de Qumram. L'Evangéliste
proclame le message d'amour avec une intensité particulière et lui donne un
caractère se voulant universel. Toute sa pensée semble contenue dans ses
paroles et cela dès le premier verset: "Au commencement était le Verbe." Sa
mystique des nombres apparaît par les sept signes miraculeux témoignant de
l'œuvre de la lumière dans le monde. Il a été dit que Jean l'Evangéliste
avait terminé par son savoir ce que le Baptiste avait commencé par son zèle.
Plusieurs interprétations du texte s'affrontent. Pour notre part il nous
paraît important de s'en tenir d'abord à ce qui est écrit, de s'imprégner de
ses phrases en apparence si limpides afin d'y déceler, éventuellement, leur
vrai contenu.
La franc-maçonnerie relie le retour de la lumière du
solstice d'hiver au symbolisme de cet évangile, l'attachant ainsi à une
perspective initiatique. L'Evangéliste est l'un de ceux qui nous invitent à
réaliser ce processus. "Nous savons que nous avons quitté la mort pour
entrer dans la vie; nous le savons parce que nous aimons nos frères" (1 Jn
3,14). Et rappelons aussi que la fraternité de conception maçonnique
transcende les dénominations de croyance.
Jacques Tornay
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