Le salaire en francmaçonnerie
(Alpina 3/2013)
En franc-maçonnerie, le salaire est
la récompense du Frère invité à passer d'un grade, ou
comme l'on dit parfois : d'un degré, à l'autre. Il se
voit ainsi augmenté par ses pairs lorsque d'Apprenti il
est promu
Compagnon puis, de là, élevé au rang de Maître. Il n'est
pas inutile de souligner qu'il s'agit d'une rémunération
symbolique et que le supplément octroyé à chaque passage
reflète les efforts accomplis par l'intéressé sur la
durée de son parcours depuis l'initiation. Grâce à son
travail, à sa volonté d'amélioration, il aura été
reconnu digne d'avancer sur la voie choisie, donc
d'accéder à un accroissement de connaissances voire de
sagesse. Parvenir au terme de cette progression en trois
temps ne signifiera pas pour lui de posséder quoi que ce
soit, mais de disposer désormais de tous les outils
indispensables à sa continuation dans la carrière
maçonnique. Cela afin qu'il bénéficie de son avancement
et, par conséquence logique, les Frères de son atelier,
ses proches, et l'humanité à laquelle il oeuvre en
bâtissant le temple. Dans ces conditions, il est naturel
que celui qui paie de sa personne soit en retour payé
par l'estime que lui portent ses coreligionnaires. Notre
notion du salaire vient en droite ligne des maçons
spéculatifs. Certaine légende antique liée au monde de
la construction affirme que les uns percevaient leur dû
auprès de telle colonne et les autres auprès d'une
colonne différente. Nous sommes ici dans l'univers de
l'allégorie qui a si puissamment contribué à notre
édification dans le symbolisme traditionnel.
L'attribution du salaire n'est plus ce qu'il était
jadis. De nos jours encore on assiste à des variations
formelles selon les lieux et les rites. L'esprit,
toutefois, demeure identique, à savoir qu'il confirme
l'engagement du jeune initié. Il se voit remettre une
sorte de passeport moral pour franchir l'étape suivante.
Ses Frères se seront assurés au préalable qu'il aura
assimilé l'enseignement propre à son grade, aura écouté,
lu, et surtout fréquenté sa loge avec l'assiduité
requise. Ses Planches ciselées en ces occasions seront
révélatrices. L'augmentation n'est pas une simple
formalité. Elle peut être remise à date ultérieure. D'où
la nécessité de ceux qui ont à charge de suivre
Apprentis et Compagnons de le faire avec grand sérieux.
Qu'ils se souviennent qu'eux aussi ont recouru aux sages
conseils de leurs aînés.
Jacques Tornay
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