Pauvreté et bienfaisance
(Alpina 02/2016)
La bienfaisance est une valeur centrale
dans nombre de cultures. On pourrait
même parler d'une aspiration fondamentale
de l'être humain. La Déclaration
des Droits de l'homme de 1948
n'inscrit-elle pas elle-même son action
dans la dimension économique ?
Il suffit pourtant de jeter un regard sur
notre monde pour dresser le constat
d'une situation effrayante. Un nombre
infime de gens possèdent la plus grosse
partie des ressources mondiales, tandis
que la majorité est démunie. À quoi
cela tient-il ? À la propension toute humaine
au refoulement des réalités qui
font mal ? À l'autosatisfaction ou à la
paresse ?
L'homme des Lumières et franc-maçon
Johann Gottfried Herder explique qu'il
faut toujours retravailler ses valeurs
humanistes, les remettre sur l'établi,
au risque de retourner à la brutalité
animale.
La bienfaisance est au coeur de la
franc-maçonnerie. Le Frère élémosinaire
remplit son office à chaque Tenue.
Le candidat fraîchement initié
fait l'expérience, dès les premiers moments
de sa vie maçonnique, de ce
que signifie le fait d'être « dépouillé
de ses métaux ». Le Tronc de la Veuve
témoigne d'une riche histoire spirituelle.
Indépendamment des autorités
maçonniques, chaque loge soigne sa
propre culture de bienfaisance, tandis
que chaque Frère donne ce qu'il peut
selon ses moyens. On est ici clairement
dans les actes concrets, pas dans les
grands discours. Le résultat est parfois
modeste, souvent pragmatique, mais
toujours fraternel.
Thomas Müller
Traduction française T.C.
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