Un engagement individuel et collectif

L’espoir du pacifisme

Notre société est en manque d’idéal, d’engagement collectif et nos médias nous relatent chaque jour un monde, semble-t-il, de plus en plus violent, à l’école, en famille, sur les routes.

«Tolérance et Fraternité», Genève (Revue maçonnique suisse: fevier 2005)

Sans oublier les guerres incessantes autour de notre planète. Pourtant, vivant à Genève, ville qui a hébergé de grandes institutions internationales en faveur de la promotion de la paix, comme la Société des Nations, et de nos jours de multiples réunions internationales au siège de l’ONU, nous devrions ressentir un certain apaisement et un entrain pour le pacifisme.

Dans notre ville se côtoient des personnes d’origines culturelles très différentes, presque sans rejet de l’«étranger ». Toutefois, lorsque nous regardons au sein de notre société nous retrouvons souvent ce monde de violence qui nous harcèle au quotidien, par exemple le chômage avec ses drames et ses conséquences. Le management économique de certaines entreprises, plus axées sur le bénéfice financier de leurs actionnaires que le respect de leurs collaborateurs, en constitue un autre exemple. Sans oublier la pléthore des jeux vidéo que nous mettons à disposition de notre jeunesse, où souvent le principal but de ceux-ci est de tuer – virtuellement - le plus d’«ennemis» possible. Nous restons même perplexe sur l’évolution musicale de ces dernières années, avec la violence des mots et des rythmes, bien loin de la sérénité que devrait nous apporter la musique.

Comment ignorer par ailleurs dans ce tableau quelque peu apocalyptique une négligence envers l’écologie, malgré quelques mesures palliatives acquises après de longues luttes par des militants soucieux de préserver notre environnement, pour nous et les générations à venir.

Atteindre de meilleurs objectifs par ses propres capacités

Notre société, notre culture nous portent à glorifier la compétition, qu’il s’agisse de sport ou d’une entreprise. Le plus fort est appelé à battre l’autre plutôt qu’à l’aider à atteindre de meilleurs objectifs par ses propres capacités. Homo homini lupus, l’homme est un loup pour l’homme (Plaute -254-184 avant JC). De même, nous sommes «appelés» à consommer davantage, à posséder plutôt qu’à privilégier sans cesse notre développement personnel et notre conscience. Il nous est par conséquent bien difficile, avec de telles valeurs, de trouver une forme d’harmonie et de paix intérieure dans notre propre environnement, en pondérant nos ambitions avec discernement.

Ces réflexions sont préliminaires au thème du pacifisme, car il peut être facile de vouloir la paix à l’autre bout de monde… mais non la vivre à sa portée, et en soi. Peut-on alors penser que le pacifisme est une utopie ?

Pourtant, des militants antimilitaristes, communistes, anarchistes et autres objecteurs de conscience ont parfois, surtout au siècle dernier, donné leur vie pour défendre cet idéal. Dernièrement aussi, lors de la deuxième guerre qu’a subi l’Irak, de nombreux drapeaux arc-en-ciel ont pavoisé les façades de nos maisons et des milliers de personnes sont descendues dans les rues … à l’étranger. Il nous est également difficile de prendre position lorsque les guerres sont légitimées par des organisations internationales comme les Nations Unies, ou le «droit d’ingérence humanitaire».

Le comble du cynisme est atteint lorsque les militaires nous annoncent des guerres «propres», l’évolution des guerres au cours de ces derniers siècles étant proportionnellement une baisse de militaires tués et une augmentation considérable de victimes dans la population civile.

Régler nos conflits sans les armes

En réalité, tout le monde veut la paix! À la condition que notre pays ne soit pas attaqué, que nos biens ne soient pas spoliés, que notre famille soit épargnée. Donc, ne rêvons pas d’un monde sans armée, belle utopie, mais d’un monde où nous saurions régler nos conflits sans les armes.

Pour qu’il y ait de l’espoir entre les hommes peut-être faudrait-il déjà qu’il y ait une paix intérieure dans chaque être. Nous en sommes loin… Notre jeunesse est, paraît-il, déboussolée tout autant que les parents! L’énorme part de la population qui recourt à des drogues, légales ou non, à des médicaments tranquillisants ou euphorisants pour supporter leur vie quotidienne, vient nous rappeler ce malaise collectif. Peut-être que dans ce monde en folie, la franc-maçonnerie pourra continuer à représenter un havre de paix, où se côtoient, à la recherche d’une harmonie, des hommes de conditions sociales, d’origines, de cultures, et de croyances différentes.

Lors de nos rencontres ne sombrons pas dans un discours pessimiste, même s’il est réaliste. Par notre exemple, prouvons que nous pouvons entretenir des relations respectueuses les uns envers les autres. Si la maçonnerie est composée d’hommes (et de femmes …), nous pouvons espérer que ce sont des personnes qui non seulement recherchent la fraternité, la convivialité, voire à contribuer à des actions de solidarité, mais aussi et surtout des hommes qui parlent et agissent en «acteurs de paix» au sein de leurs loges, avant de rayonner à l’extérieur. Cela suppose qu’au lieu de rechercher les illusions propres à satisfaire notre narcissisme, par exemple au moyen de discours savants, de fonctions occupées au prix d’incessantes quêtes de pouvoir, que chacun contribue à servir sa loge et ses frères avec beaucoup d’humilité!

Des voix s’élèvent de par le monde

Prôner la paix c’est aussi une position de conviction, quelle soit philosophique ou religieuse. Il s’agit d’un engagement individuel et collectif dans le cadre d’un idéal ni plus ni moins utopique que celui de la franc-maçonnerie!

Des voix s’élèvent de par le monde pour prôner la paix. Des hommes de bonne volonté se rassemblent pour créer l’utopie, comme ceux qui ont établi il y a peu «l’Initiative de Genève» pour le Moyen-Orient. La chose est donc possible, malgré les souffrances des uns et des autres. Des maîtres de l’idéal du pacifisme, retenons les paroles de Gandhi, qui a préféré la révolte à l’asservissement de l’homme: «Vous devez être le changement que vous voulez voir dans le monde».

Et dans notre loge comme dans notre famille et avec toutes nos relations, pratiquons ce message de paix formulé depuis déjà deux millénaires par le Christ: «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé». Une seule conclusion s’impose, comme à la fin des travaux, en forme d’espoir et d’appel à tous les hommes de bonne volonté: Que la Paix règne sur la Terre! Souhaitons aussi que notre branche d’acacia soit portée par une colombe de paix.