Les trois Grandes Lumières
Notre loge travaille au rituel émulation. l’Emulation Lodge of
Improvement le volum de la loi sacrée est ouvert sur le plateau d Vénérable
de façon à ce que celui-ci puisse le lire. L’équerre et le compas sont
placés normalement sur la page de droite. Points de vue Loge Hiram, Genève
La pointe de l’équerre et celles du compas sont dirigées vers le bas de la
page et orientées vers le VM. Dans notre loge la Bible est ouverte, mais de
chaque côté sont placés les livres sacrés de la Thora et du Coran.
Lors d’une instruction en loge d’apprentis, il fut décidé de donner la
parole à nos nouveaux frères sur le présent thème. Dans notre discussion,
l’objectif visé était de découvrir leur approche des trois Grandes Lumières
de la loge et, bien sûr, de connaître leur ressenti à la suite de
l’initiation. Les textes qui suivent se ressemblent certainement. Ils font
toutefois état de cette appréhension de nos mystères à l’orée d’une vie
maçonnique. Vouloir intervenir après la longue discussion dans le cadre de
notre instruction serait dénaturer cette spontanéité et cette recherche qui
parlent presque d’une seule voix . Alors, une fois n’est pas coutume, les
apprentis ont pris la plume pour dire leur émerveillement avec leur coeur
et, de ce fait, avec leurs mots.
Le maître qui les accompagne dans cette recherche leur laisse la place.
Si les apprentis ne savent ni lire ni écrire, ce n’est pas par manque de
culture ou de connaissance, mais par méfiance face au monde profane. On leur
enjoint dans notre rituel de savoir garder distance et d’apprendre en
écoutant. Car le nouveau frère est l’avenir de la francmaçonnerie.
Bienvenue à nos apprentis et laissons leur la parole.
Afin que la lumière jaillisse
Le mot «lumières» désigne métaphoriquement le mouvement intellectuel qui
caractérise le dix-huitième siècle. Illuminismo en italien, aufklärung en
allemand évoquent semblablement le passage de la nuit au jour, de
l’obscurantisme à la connaissance rationnelle.
Elles peuvent varier sur certains aspects de la vie sociale qui sont :
raison, tolérance, humanité. La lumière n’éclaire l’esprit humain que
lorsque rien ne s’oppose à son rayonnement.
En temps que maçon franc et accepté, ces aspects doivent toujours me
venir à l’esprit et ce grâce aux trois Grandes Lumières que sont l’équerre,
le compas et le volume de la loi sacrée.
– L’équerre représente le monde sensible sans lequel il serait illusoire
de vouloir progresser.
– Le compas représente le monde spirituel, il est modulable.
– Le volume de la loi sacrée symbolise le rattachement à la tradition, notre
liaison avec ceux qui par le passé ont suivi une même démarche.
Le volume de la loi sacrée n’est pas forcément la Bible. Il peut aussi
être le Coran des musulmans, les Veda des hindouistes. L’essentiel est pour
nous de croire en un être suprême représenté en franc-maçonnerie comme étant
le Grand Architecte de l’Univers (GADLU) et qui selon nos religions
respectives nous pouvons appeler Dieu, Allah ou autre.
Le travail d’un maçon ne s’arrête jamais. Ce que nous apprenons en loge
trouve sa continuation dans la vie de tous les jours, et notre devoir
consiste à répandre autour de nous ce que nous avons déjà assimilé durant
notre parcours d’initié en tant qu’apprenti. Il faut savoir la valeur de ces
trois Grandes Lumières afin de la transmettre à notre prochain, non pas en
trois explications distinctes mais en les fusionnant pour n’en faire qu’une
grande lumière qui se traduirait, comme nous l’avons dit ci-dessus, par la
raison, la tolérance et l’humanité. Le but de cette réflexion autour de
notre thème est d’essayer de préciser les significations symboliques en
présence.
– La première des trois Grandes Lumières, que nous estimons la plus
importante, est le volume de la loi sacrée. Placé sous l’équerre et le
compas, il représente la loi écrite, celle que l’on respecte car elle est
sacrée et donne des réponses aux questions existentielles de l’homme tout en
le renforçant dans son lien avec le GADLU. Les deux autres lumières nous
éclairent sur le mode d’utilisation de la loi sacrée.
– L’équerre nous recommande que le respect de la loi doit se faire de
façon stricte. Cette lumière est pour nous, apprentis, un passage obligé
vers l’acquisition des bases de la connaissance et de sa mise en oeuvre dans
notre vie de profane, elle nous inculque le respect de la hiérarchie et des
valeurs qui sont les nôtres.
– Le compas nous permet d’élargir ou de diminuer notre domaine de
recherche une fois assimilée la loi représentée par l’équerre. Cette
démarche doit s’expliquer par l’état d’esprit qui vise à mieux comprendre
pour mieux pratiquer.
En conclusion, nous pouvons affirmer qu’il est nécessaire d’ajouter la
mémoire et la parole afin que la lumière jaillisse. (J.P.S.)
Une complémentarité harmonieuse
Avant d’évoquer la perception que peut avoir un apprenti franc-maçon des
trois Grandes Lumières, il semble important de définir, de manière générale,
ou profane, le mot lumière.
De manière très concise, la lumière est ce qui éclaire, révèle ou apporte
la connaissance.
Pour les scientifiques, la lumière constitue un élément indispensable à
l’activité de l’ensemble de la biosphère terrestre et ses rôles sont
multiples.
En biologie, la lumière participe entre autres phénomènes à la
photosynthèse, au développement de la vie sur terre, au maintien d’une
température ambiante favorable, etc.
On attribue un rôle psychologique à la lumière. Il s’agit d’un support
informationnel qui détermine l’esthétique, les émotions. La lumière fournit
les perceptions visuelles qui influencent le comportement.
L’exploitation technique de la lumière permet de développer des sciences
telles que l’éclairagisme, la photographie, l’optique instrumentale, la
spectrométrie, les arts, la photonique. Sur le plan économique, la lumière
contribue à la formation des combustibles fossiles (pétrole, charbon), et
constitue une source énergétique vitale (énergie solaire). En
franc-maçonnerie, la lumière revêt une dimension symbolique. L’apprenti qui
aspire à elle doit au préalable se dépouiller de son passé et des préjugés
que la vie profane a pu accumuler en lui. Le passage des ténèbres profanes à
la lumière maçonnique constitue un moment fort de l’initiation. Il faut
avoir à l’esprit que cette lumière ne jaillit pas au bout du rite
initiatique ou à un moment du parcours maçonnique tel un deus ex machina.
Elle se construit à l’aide d’outils, symboles maçonniques, présentés lors de
la cérémonie de réception.
– Le volume de la loi sacrée est placé sous l’équerre et le compas. Il
illustre la loi et apporte des réponses aux interrogations essentielles de
l’individu, de même qu’elle le conforte dans son lien avec le GADLU.
– L’équerre dérive d’un carré dont elle constitue un angle. Les côtés
sont d’égales longueurs. L’équerre répond à la symbolique du triangle de
Pythagore et traduit la régularité dans l’action, la rectitude, la probité,
la justice.
– Le compas est l’instrument de la circonspection, de la mesure, de
l’impartialité, de la sagesse, etc.
La sortie des ténèbres au sens physique du terme pendant l’initiation met
en contact visuel et direct avec ces trois lumières. La présence du volume
de la loi sacrée (Bible, Coran ou Torah selon les confessions religieuses)
n’est pas une surprise en soi dans la mesure où la foi est un préalable à la
vie maçonnique. L’équerre et le compas, par contre, ramènent à de vagues
souvenirs d’école et interpellent le nouvel initié. La présentation de ces
outils dans le contexte de la cérémonie de l’initiation constitue la
première étincelle censée apporter progressivement la lumière qui se
répandra dans l’esprit du francmaçon tout au long de son existence. Les
séances d’instruction, les tenues et le travail personnel y contribuent. Les
trois lumières se complètent harmonieusement: le volume de la loi sacrée
pour fixer le cap, l’équerre pour poser les bases et le compas pour moduler
l’action en fonction du contexte. Il y a comme un mélange de rationalisme et
de spiritualité dans les trois Grandes Lumières de la franc maçonnerie.
Appliquer ces deux dimensions dans la vie quotidienne éclaire le
comportement, nourrit la connaissance et semble relever du bon sens.
Il est heureux que la franc maçonnerie en fasse le socle de son
enseignement. (A. Honou)
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