Alain Marti entretien du mois
Visite de la vieille ville de Genève
Au cours de l'été écoulé, plusieurs
balades guidées ont eu lieu en certains
endroits typiques de la cité de Calvin.
Leur initiateur était Alain Marti, de la
loge Fidélité et Prudence et ancien
Grand Maître de la GLSA. Nous avons
voulu en savoir davantage.
Propos recueillis par Jacques Tornay (Revue maçonnique suisse: jenvier 2009)
Alpina: Tu as organisé des visites de la
vieille ville de Genève durant l’été. D’où
t’en est venue l’idée ?
Alain Marti: À la fin de mes années de
collège, j’ai gagné de l'argent de poche
comme guide touristique et j’ai beaucoup
aimé cela. Il y entrait un fort penchant
didactique et la passion de l’histoire.
Depuis lors, chaque fois que j’ai eu l’occasion
de faire visiter ma ville, j’ai
retrouvé ces dispositions. Comme l’interruption
des travaux pendant l’été est
longue, j’ai souhaité combiner deux plaisirs
: celui de revoir les frères et celui de
leur faire partager ma passion.
A.: Peut-on considérer ces visites comme
une activité maçonnique ?
A.M.: Sur trois visites, deux ont effectivement
revêtu ce caractère. Nous avons
parcouru le cimetière des rois ou cimetière
de Plainpalais, qui est une sorte de
panthéon genevois. Les tombes y sont
plus ou moins regroupées par carrés de
personnalités offrant des traits communs.
Dès l’entrée, on ne peut pas manquer de
voir quatre immenses monuments consacrés
à d’anciens conseillers d’Etat de la fin
du XIXe siècle. Sur chacun d’eux il y a les
insignes maçonniques. C’était la grande
époque de Fidélité et Prudence. J’ai
essayé de retracer quelques faits saillants
de leur activité dans la cité et dans la loge.
A.: Et quelle a été la seconde visite offrant
cet aspect d’histoire maçonnique ?
A.M.: Au mois de septembre nous nous
sommes rendus dans le musée du vieux
Genève, la Maison Tavel. Au dernier étage
on peut admirer une immense maquette
de la ville à l’époque de la Restauration, le
célèbre relief Magnin, du nom de son
auteur. Ce fut l’occasion de parler des
monuments religieux de Genève et des
temples maçonniques. À plusieurs reprises
au fils des siècles, ces deux catégories de
bâtiments se recoupent. En descendant le
cours du temps, on suit les bouleversements
religieux qui ont marqué Genève,
tel le rétablissement du culte catholique
pendant l’annexion à l’Empire français.
Attaqués au plus profond d’eux-mêmes,
les Genevois ont proposé un ancien grenier
à blé pour cet usage, mais le préfet a
exigé qu’un temple protestant fût mis à la
disposition de l’Eglise catholique. Le grenier
à blé est devenu le temple des francsmaçons,
au demeurant une belle bâtisse,
fort bien située. À l’époque du Kulturkampf
l’Eglise catholique romaine a été
privée de ses lieux de culte au profit de
l’Eglise catholique nationale ou vieillecatholique.
Le Temple Unique édifié au
bord de la plaine de Plainpalais, déserté
par les loges qui avaient repris leur indépendance
après une téméraire fusion, a
été racheté par les catholiques. Une
légende veut que ceux-ci aient ainsi
chassé les loges. C’est inexact : le bâtiment
était déjà désaffecté.
A.: Un remembrement a ainsi pu se faire ?
A.M.: Plusieurs loges se sont en effet
regroupées pour partager de somptueux
locaux à la rue Bovy-Lysberg, à côté du Victoria
Hall. La grande crise de 1929 vint à
bout de l’équilibre financier de ces locaux.
Les loges émigrèrent dans la maison Tavel,
au coeur de la vieille ville. Mais cette respectable
maison, la plus ancienne de
Genève, était destinée à devenir un musée
et il fallut partir à nouveau. Le président de
la commission du local, le frère Théo Marti,
prit les choses en main et fit édifier l’immeuble
6 avenue Henri Dunant, en bordure
de la plaine de Plainpalais, dont le temple
était une merveille. La voûte étoilée reproduisait
la carte du ciel le jour de l’inauguration.
A.: Prévois-tu d’autres visites de ce type ?
A.M.: Peut-être ! Nombre de frères
étaient en vacances et aimeraient une
nouvelle édition pour pouvoir y participer.
J’y pense donc.
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