Alpina 3/2006
Les points 1 et 3 de l’article 52 de la Constitution de la
Grande Loge Suisse Alpina méritent d’être rappelés car ils revêtent une
importance particulière eu égard au thème du mois. Le premier stipule:
«Peuvent être admis comme membres d’une Loge des hommes libres, de bonne
réputation, dont les conceptions et le comportement éthique les font
apparaître comme dignes d’admission». Le troisième dit: «Les Loges sont
tenues, lors de l’admission d’un candidat, de faire preuve de circonspection
et de procéder à un examen approfondi de son aptitude». Les deux phrases
mettent en évidence les conditions morales requises pour entrer en
maçonnerie.
La liberté et la réputation doivent être comprises dans le
sens le plus exhaustif. Il est expliqué au candidat ce qu’il faut entendre
par là. Les modalités du processus d’enquête peuvent varier d’un atelier à
l’autre, l’objectif demeure toutefois le même, à savoir: connaître au mieux
les motivations du demandeur. Manifeste-t-il d’un intérêt réel pour notre
symbolisme et est-il décidé à en approfondir la signification? Eprouve-t-il,
plus que le désir, la volonté de parfaire sa personnalité tout en s’insérant
dans un groupe cultivant la fraternité ? Autant de questions parmi d’autres
auxquelles nous avons tous été confrontés lors des entretiens préalables.
Ceux-ci permettent également à l’intéressé de se renseigner sur la société
qu’il souhaite rejoindre, lui dont la connaissance de la franc-maçonnerie se
limite souvent à des lectures. À partir de là le lien se nouera ou il ne se
nouera pas.
On ne soulignera jamais assez l’engagement intérieur,
individuel, qu’implique l’adhésion à un mouvement tel que le nôtre qui,
outre ses idéaux et sa pensée, offre une dimension spirituelle. D’où la
nécessité de bien mener les préliminaires auprès de qui frappe à la porte du
temple. Ils ne sauraient être réduits à la portion congrue, ni être
effectués dans la hâte. On peut à ce titre déplorer que dans certaines loges
de par le monde peu de soin, voire aucun, n’est accordé à la préparation du
candidat. Ce côté expéditif consiste à procéder par raccourcis. Il ébrèche
la tradition initiatique d’approche patiente et mûrie avant de franchir le
pas. Simplifier le cours des choses reviendrait à banaliser la notion même
de franc-maçonnerie qui repose avant tout sur le travail de chacun. La
discussion a lieu parfois à ce propos. Faudrait-il assouplir nos conditions,
les rendre au contraire plus contraignantes, les laisser en l’état moyennant
des retouches éventuelles? De l’avis général la rigueur est préférable à la
complaisance. La première de ces politiques engendre moins de mauvaises
surprises que la seconde. La maçonnerie étant une recherche et un
enseignement permanents, c’est garantir son intégrité que de n’en pas
galvauder l’accès.
Jacques Tornay
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