La Divine Proportion
(Alpina 11/2008)
D’une origine très lointaine puisque
toute oeuvre de l’Antiquité ayant quelque envergure en
porte trace, le nombre d’or a par conséquent traversé
bien des époques jusqu’à la Renaissance où il était
encore sollicité par beaucoup d’artistes. Puis les
nouvelles conquêtes de la science, l’avancée des
techniques, les pensées cartésienne et positiviste l’ont
relégué dans la pénombre. On sait en quoi il consiste
mathématiquement parlant, mais ses arcanes et le mystère
qui au début lui conféraient sa dynamique interne
seraient définitivement perdus ou peu s’en faudrait. De
même, d’autres savoirs furent oubliés ou occultés pour
diverses raisons.
On s’accorde à voir dans le nombre d’or et ses
propriétés à la fois une formule magique, un symbole
cosmologique, et la clé de constructions géométriques
utilisées notamment dans le domaine de l’architecture.
Ils sont innombrables les chefs-d’oeuvre de sculpture et
de peinture, pour ne citer que ces deux formes d’art,
dans lesquels s’affirme la présence du fameux nombre. Il
subsiste de nos jours chez tel ou tel créateur. Rien
n’étant irréversible en l’occurence, une réapparition
significative de cette connaissance ancienne, dont les
alchimistes étaient férus, demeure possible. Il est vrai
que la théorie est complexe. Déjà la phase initiale pour
la compréhension du nombre d’or exige pour le moins
certaines notions de calcul et il est préférable de ne
pas être trop rétif aux chiffres et aux données de la
géométrie pour espérer franchir le seuil du système. Il
faut, comme on dit, s’accrocher. Libre à chacun ensuite
d’aller voir plus avant. L’usage du nombre d’or
appartient autant à la conception artistique qu’aux
mathématiques et ses utilisateurs ne s’accordent pas
forcément dans leurs thèses. Gageons qu’il devait en
aller pareillement du temps de Platon et de Pythagore.
Il existe différents ouvrages spécialisés sur le sujet,
nous en citerons deux : Le nombre d’or de D. Neroman (Dervy-Livres)
et Symbolisme et nombre d’or de Théo Koelliker (Arma
Artis).
La théorie en question ne s’applique pas uniquement à
la matière que l’on ouvrage et organise. Elle est
valable pour plusieurs de nos sens et règnes de la
nature. Rien ne lui semble être étrangère vu qu’elle est
considérée comme le symbole exemplaire de la vie divine.
Cela signifie que la force, la sagesse, la beauté,
l’harmonie, l’équilibre, la maîtrise et d’autres vertus
qu’il nous importe de cultiver se situent au coeur de
cet énigmatique nombre d’or. En définitive, il n’est
rien de plus maçonnique ni de plus proche du processus
initiatique que lui. Il nous permet de nous réinventer
sans cesse dans le sens de la perfection.
Jacques Tornay
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