Les nombres dans les rituels. Leur importance
(Alpina 5/2010)
Le nombre est partout. Il aura acquis ses
lettres de noblesse avec l'enseignement de Pythagore, le
penseur et mathématicien grec auteur du théorème qui
porte son nom, bien qu'avant lui des savants n'ont cessé
de s'interroger sur ces signes dont on attend des
réponses et sur l'usageque l'onenpeut faire. On dit que
l'homme a su compter avant de savoir écrire. Ainsi,
ilyavingt-cinq siècles on menait de sérieuses théories
sur les nombres et cette science fit de l'Occident ce
qu'il est devenu. Les chiffres recelaient jadis des
notions dont une grande partie s'est perdue et qui
étaient liées aux dieux, aux astres. Ils continuent
aujourd'hui de participer à la transmission
traditionnelle pour qui s'attache à cette idée. Au fait,
les nombres seraient- ils des fruits du hasard, d'une
interventionprésumée céleste, d'une patiente élaboration
d'esprits éclairés ? Il n'en reste pas moinsque dans
leurs inépuisables combinaisons, aux résultats parfois
surprenants, ils sont liés à plusieurs dimensions dont
l'une estdetendancemystique, donc irrationnelle. Les
nombres se retrouvent dans les textes sacrés, dans les
rites et liturgies, qui en font un usage consubstantiel
aux messages qu'ils entendent délivrer. Chacun des
nombres évoqués tend forcément à quelque chose de
précis, il es tcomme une clé ayant une function exacte.
Tous les rituels de la franc-maçonnerie en sont imprégnés.
Nous les rencontrons à chaque stade d'une cérémonie,
ils sont omniprésents dans le temple de nos travaux, les
symboles les incarnent et les traduisent de la manière
qui leur est propre. C'est peut-être lorsqu'on ne les
remarque pas qu'ils agissent au mieux. Car le nombre est
rythme et action. Pour éprouver sa réalité, point n'est
besoin de le soumettre à des opérations compliquées, il
n'est que d'éprouver le riche potentiel qu'il détient et
cela se fait sur la durée. Le nombre a son autonomie,
toujours en mouvement comme devrait l'être
l'intelligence humaine. Il se plie à notre volonté aussi
facilement qu'il y échappe. Nous planchons donc dans la
présente édition sur les nombres en tant que vecteurs
d'une réalité invisible, mais réalité d'autre part
terrestre, physique et matérielle puisque sans elle :
pas d'art debâtir, donc d'améliorer notre condition de
mortels. Soyons attentifs aux nombres. N'en jouons pas
inconsidérément. Ilss'inscrivent dans l'oeuvre de
perfection que chacun est tenu d'accomplir.
Jacques Tornay
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