Le carré magique
(Alpina 6-7/2010)
Les carrés magiques sont avant tout des
curiosités mathématiques. Leur définition est simple :
il s'agit de grilles de chiffres disposés de telle sorte
que leur somme, en ligne horizontale, en ligne verticale
ou en diagonale, soit toujours la même. Le nombre n de
cases du carré est appelé «ordre du carré magique ». À 8
cases, il sera donc d'ordre 8...», lisons-nous dans
l'ouvrage Le Symbole perdu décodé des francs-maçons
Alain Bauer et Roger Dachez, paru récemment aux Editions
Véga.
Voilà pour l'explication sommaire. Quant à
l'origine de ces groups de nombres contenus dans une
forme géométrique précise, elle provient de fort loin
dans le temps. Les traces initiales du système
remonteraient à la Chine ancienne, puis les Hindous et
les Perses l'auraient adopté, chaque civilisation
l'utilisant à des fins et selon des besoins qui leur
étaient propres. Les premiers, les mathématiciens arabes
en ont fait un usage directement lié aux calculs. Ils
firent rapidement des émules dans les villes reconnues
pour leurs recherches dans un domaine de connaissance
fortement teinté de divin. Les carrés magiques
intriguaient en effet un certain nombres de savants
ésotéristes de par les possibilités qu'ils pourraient ou
pensaient pouvoir en tirer.
On situe à l'époque d'avant la Renaissance
l'âge d'or de ces dispositions chiffrées. Elles
réapparaissent ici et là, parviennent en Europe,
toujours empreintes d'une connotation mystique, d'où
l'adjectif «magique», avec les réactions attendues des
institutions religieuses en place et les partisans d'une
approche rationnelle du savoir mathématique. Le livre
Philosophie occulte ou Magie de l'occultiste allemand
Cornelius Agrippa (1486-1535) est un classique du genre.
Il n'est pas jusqu'à Blaise Pascal qui plus tard en fera
mention dans ses travaux. Comme la plupart des
disciplines ayant trait aux combinaisons des nombres, le
fameux carré suscita bien des spéculations et connut des
utilisations inattendues. Peut-être continue-til chez
d'aucuns à alimenter la curiosité et à provoquer de
l'engouement, dans une optique de jeu notamment. Ce
phénomène a l'aura de l'étrange et du merveilleux, ne
serait-ce que pour cela il valait la peine que nous nous
y penchions.
Jacques Tornay
|