La multiplication des médias et ses enjeux
(Alpina 11/2012)
L'une des questions que pose en filigrane notre thème
du mois est de savoir si la masse d'informations à
laquelle nous sommes aujourd'hui soumis est une bonne ou
mauvaise chose. Tout est devenu si rapide avec les
nouveaux systèmes de transmission qu'il devient
difficile de se faire une opinion claire et équilibrée
sur quelque sujet que ce soit. En bien des domaines les
faits que l'on nous communique sont fragmentaires et pas
toujours fiables ; souvent ils sont inutiles,
insignifiants, face aux vrais enjeux. Il semble que la
quantité de nouvelles qui nous parviennent par
différents canaux soit inversément proportionnelle à
leur qualité, d'où la nécessité d'un trimais en
avons-nous le temps et l'envie? Nous sommes au courant
de la plupart des événements importants qui se passent
dans notre monde mais en fin de compte nous les
comprenons bien peu. Savoir ne signifie pas comprendre.
En tout état de cause les francs-maçons ont été parmi
les plus ardents défenseurs de la diffusion des
connaissances et ils le demeurent. Au début du XVIIIe
siècle la notion de liberté et de jugement individuels
en était à ses premiers pas, il était logique et normal
qu'une presse indépendante fût chère à nos devanciers.
Le besoin d'une pensée critique a vite fait le tour de
l'Europe et du Nouveau-Monde. Il coincidait avec l'essor
du journalisme moderne. Aujourd'hui encore la pluralité
d'opinions nous est précieuse et aucun d'entre nous,
certainement, ne souhaiterait que disparaisse une
publication, une émission de radio ou de télévision,
sous prétexte que les idées émises ne correspondraient
pas aux siennes. De par leur état les journalistes
professionnels souscrivent à une déontologie du métier,
celle-ci leur permet un vaste champ d'expression,
parfois beaucoup d'audace, en respectant toutefois un
certain nombre de critères liés à la sphère privée et
garantissant la paix sociale. Cependant, depuis
l'apparition des nouveaux médias nous sommes entrés dans
une zone de turbulences. Désormais, tout un chacun peut
à loisir créer son propre réseau d'information à petite
ou grande échelle, formant ainsi des sources
d'informations parallèles à celles auxquelles nous
sommes habitués. Ces «électrons libres» agissent pour le
meilleur et pour le pire. La boîte de Pandore est
ouverte, sachons tirer le meilleur de ce qui en sort.
Veillons par notre discernement à n'être le dupe de rien
ni de personne.
Jacques Tornay
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