La sociabilité dans la loge
(Alpina 5/2013)

Lorsque des francs-maçons se retrouvent hors du temple, en quoi leur conduite se distingue-t-elle foncièrement de celle des membres d'une autre institution partageant une vision

commune ? Bien malin qui le dira. Quelles soient à caractère religieux, politique, culturel etc, les réunions de gens sous une même bannière se ressemblent par certains traits, tels le sens de la convivialité, le plaisir de se retrouver, le sentiment de servir une cause juste, et le réflexe de la solidarité. Ainsi, depuis toujours les associations oeuvrent, à petite ou grande échelle, dans nos sociétés. Ce sont d'abord des lieux où s'exercent des affinités, avec les variantes et nuances qu'elles supposent, leurs modes de fonctionnement, leurs spécificités et tendances plus ou moins exclusives.

La sociabilité maçonnique revient en fait à refléter les règles de comportement que chacun de ses affiliés se doit d'observer au sein de sa loge : être aimable et avenant, respecter l'opinion de son vis-à-vis, se garder du mouvement intempestif, s'interdire la grivoiserie, s'exprimer avec maîtrise et cependant ne pas dissimuler sa pensée, bref agir et parler comme si les êtres qui nous sont les plus chers, y compris les disparus, nous regardaient en ces moments où nous sommes ensemble. Qu'elles nous soient naturelles ou acquises, ces attitudes dans le groupe se reflètent à l'extérieur de nos murs, et elles le doivent si nous entendons demeurer fidèles non seulement à notre image mais, surtout, aux principes moraux inscrits dans notre enseignement. Tout est affaire de style. Est-ce bien ainsi que les choses se passent dans la réalité ? Il est malheureusement des cas où, sur le parvis, l'harmonie n'est pas ce qu'elle devrait être. Il n'en incombe pas moins à chacun de nous de faire une règle d'or personnelle d'un maintien irréprochable. Lorsque l'on évoque la nécessité d'arrondir les angles et d'émousser les aspérités de notre caractère il s'agit notamment de veiller à ce que rien de discordant ne s'immisce dans notre relation avec autrui. Une différence à établir entre les sociabilités profane et maçonnique ? La première étale souvent des propos creux, superficiels ; des approches convenues. La seconde veut que même dans la détente et le loisir on apprend encore à se mieux connaître ; on engrange du savoir au fil du partage.

Jacques Tornay

<< Numéro 4/2013 Index Numéro 6-7/2013 >>