Eglise et Franc-Maçonnerie
(Alpina 3/2014)
Querelle dépassée ? A l’heure où le débat
philosophique, a fortiori théologique, s’étiole dans la
pauvreté des choix auxquels il aboutit, la dispute entre
Rome et la francmaçonnerie peut sembler bien vaseuse. Et
révélatrice d’une triste inutilité : dans les causes
écologiques, sociétales et autres thèmes à la mode,
catholiques et Frères sont à des années-lumière des
préoccupations « citoyennes », comme il est d’usage de
le dire. Plus méchants, certains souligneront que
l’Eglise catholique et l’Ordre maçonnique se sont déjà
réconciliés - dans la désertion des églises et des
temples lors des messes, cultes et autres rituels.
Ce persiflage fera ricaner agnostiques et athées de
tout poil, toujours ravis de voir se déchirer les
adeptes de la Transcendance, quel que soit le nom qu’on
lui donne. Surtout, cette ironie est sans objet. En
effet, ni la franc-maçonnerie, ni l’Eglise ne se sont
jamais souciées des modes ; chacune repose sur une
tradition et ceux qui l’incarnent ne se renieront jamais.
Dans cette perspective, une complète réconciliation
semble relever de l’illusion parce qu’elle met en jeu
des points de dogme inconciliables ( le relativisme
maçonnique qui prône l’équivalence des religions, par
exemple ). Mais avec l’élection du pape François,
jésuite sud-américain, le dialogue a une chance réelle
de se voir relancer. Au lieu de se diviser, les forces
spiritualistes doivent apprendre à coordonner leurs
efforts en faveur de la justice sociale, des droits de
l’Homme et des libertés fondamentales. En choisissant de
s’entendre sur ce qui les réunit au lieu de se disputer
sur ce qui les sépare, Eglise et franc-maçonnerie
trouveront une nouvelle et vraie raison d’être.
Ensemble.
Pierre-Alexandre Joye
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