La Compagnon : un grade sous-estimé
(Alpina 8-9/2014)
Sous-estimé, le grade de Compagnon
? Assurément. Et malheureusement.
Souvent, le second degré
de la maçonnerie bleue n’est perçu que
comme une simple transition entre les
grades d’Apprenti et de Maître. Dans certaines
Loges, le passage au 3e degré se fait
automatiquement, sans que le futur Maître
doive présenter une planche comme il a
dû le faire pour passer Compagnon.
Cette situation est très regrettable. Car
comme le montre le substantiel dossier
préparé par Daniele Bui, Thomas Müller
et Jacques Tornay, le grade de Compagnon
est très riche sur le plan symbolique
et doit inciter à une réflexion
à la fois constante et profonde. Un seul
exemple : le thème du voyage. Si l’Apprenti
était invité au voyage intérieur
( V.I.T.R.I.O.L ) pour commencer à travailler
sur lui-même, le Compagnon se
doit de pratiquer le voyage extérieur. Il
doit apprendre à découvrir le monde qui
l’entoure, le parcourir avec ses yeux et
son coeur d’initié. En d’autres termes, visiter
de nombreuses autres Loges, se poser
la question « Comment travailler avec
et pour les autres ? » Une interrogation,
au demeurant, valable pour tout Franc-
Maçon, quel que soit son grade.
Certes, la création du grade de Maître par
la maçonnerie spéculative a contribué à
cet état de fait : la maçonnerie opérative
ne connaissait que les Apprentis et les
Compagnons. Il en est encore ainsi pour
les Compagnons du Devoir. Et pour revenir
à la maçonnerie spéculative, beaucoup
de Frères ignorent que le grade de
Compagnon a une continuation après
les Loges bleues : les Maîtres Maçons de
Marque, en pleine expansion dans le
monde et en Suisse.
En conclusion, on ne saurait trop inciter
les Loges à encourager leurs Compagnons
en leur faisant comprendre que le second
degré est une étape fondamentale dont il
faut pleinement profiter
Pierre-Alexandre Joye
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