Le Matérialisme
(Alpina 04/2016)
De nos jours on reproche aux philosophes
matérialistes de vouloir tout ramener à la
simple raison, selon la formule « en fin
de compte, tout n'est que... ». Celui qui
argumente ainsi galvaude un courant
de pensée des plus élaborés. En premier
lieu, la philosophie matérialiste peut se
prévaloir d'un haut degré d'honnêteté
intellectuelle et morale, ensuite elle
appporte une lumière qui éclaire la
condition humaine sous un jour différent.
Les matérialistes antiques comme
Thalès, Anaximandre et Démocrite
ont traversé les modes de pensée
mythologiques et posé les jalons de
l'évolution scientifique occidentale.
Epicure estimait que l'âme humaine se
dissolvait par la mort ; il s'agissait alors
d'atteindre de son vivant l'ataraxie,
la sérénité et la quiétude de l'âme.
À l'époque des Lumières d'importants
penseurs ont illustré le point de vue
matérialiste. Le baron d'Holbach postulait
une vision du monde mécaniste et
déterministe. L'une de ses conséquences
est l'athéisme. Selon d'Holbach bien des
souffrances dans ce monde proviennent
des hypothèses au sujet de Dieu et il
fallait libérer l'individu de l'erreur et de
la superstition. La morale doit reposer sur
la raison, non sur la religion.
Et aujourd'hui ? Le scientifique Gerhard
Roth, dans sa recherche sur le cerveau
humain résume la conscience et
l'âme comme phénomènes purement
biochimiques et physiologiques. L'un de
ses livres a pour titre : Wie das Gehirn die
Seele macht ( Comment le cerveau crée
l'âme ). Quel serait le point de vue des
maçons que nous sommes par rapport
à ce postulat ? Diaboliser ou l'inverse ?
Nous devrions lui poser la question.
Pourrions-nous lui faire une place dans
notre vision du monde ? Evidemment ce
n'est pas simple, mais la facilité n'a jamais
été l'objectif d'un franc-maçon.
Thomas Müller
Traduction française T.C.
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