L’Allumage des Flambeaux
Le 11 mars 1848, huit Francs-Maçons, fondent à Echternach une Loge qui reçoit le 15 mars ses constitutions provisoires de la part de la « Loge Centrale ». Par Décret du 7 avril 1848, la « Loge Centrale » l’institue provisoirement en tant que Loge de Saint-Jean, sous le titre distinctif «L’ESPÉRANCE» à l’Orient d’Echternach.
Le 16 août 1850 le «Suprême Conseil Maçonnique du Luxembourg», successeur depuis 1849 de la «Loge Centrale», confirme et ratifie par Lettres Patentes valant Constitution l’installation de la nouvelle Loge symbolique.
Le 2 février 1851, enfin, dans les ruines du château de Larochette, le «Suprême Conseil Maçonnique du Luxembourg» procède à l’installation solennelle de la Respectable Loge de Saint-Jean «L’Espérance» en présence de députations de la Loge «Les Enfans de la Concorde Fortifiée» et de la Loge militaire prussienne «Blücher von Wahlstadt» alors établie à l’Orient de Luxembourg.
«L’Espérance», dont le titre distinctif se mue très tôt en «St. Jean de l’Espérance» travaille en langue française et au Rite dit Français. Son premier Vénérable est le Baron Gustave Ernest Louis von Preuschen. Cinq des fondateurs étaient luxembourgeois, deux nassoviens et un rhénan. Les effectifs en membres actifs atteignent, leur maximum en 1856 avec seize Maîtres, un Compagnon et six Apprentis.
Les réorganisations successives de la res militaria au Luxembourg avaient causé déjà fin 1854 le transfert de «L’Espérance» d’Echternach à Diekirch et en 1867, lors du départ de la garnison prussienne de la forteresse de Luxembourg, de Diekirch à Luxembourg.
La mort en 1867 du Vénérable le Baron Gustave Ernest de Preuschen, porte un coup fatal à la Loge : En 1872 Alphonse München et Charles Hartmann, 1er et 2e Surveillants, déclarent en tenue du Suprême Conseil que leur Loge a été obligée d’éteindre ses flambeaux et de se mettre en sommeil. Les Frères rejoignent alors la Loge «Les Enfans de la Concorde Fortifiée».
La deuxième guerre mondiale nous vaut ensuite une interruption totale de toute activité maçonnique au Grand-Duché et, entre autres, la disparition des archives de l’atelier. Le 13 août 1948 la Loge «Saint Jean de l’Espérance » est enfin réveillée et les travaux reprennent force et vigueur.
Vers la régularité
Lors de l’assemblée générale de la GLL du 3 novembre 1953, cette dernière décide à l’unanimité de réintroduire les Lumières traditionnelles. Cette décision est ratifiée par un vote unanime en tenue solennelle du 25 juin 1954 et les statuts sont adaptés en conséquence. (Art. 5 et 6 des Constitution et statuts généraux, édition de 1960). Ces articles incorporés dans le Titre II chapitre 1er stipulent expressément : « Les Francs-Maçons travaillent selon les anciens devoirs de l’Ordre, à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers. Conformément à la tradition, la Bible, sous l’équerre et le compas, est placée sur l’autel ».
La scission de l’atelier
Le rétablissement d’une parfaite régularité maçonnique n’est pas réalisé sans heurts et un schisme au sein de la Loge «Saint-Jean de l’Espérance». Certains membres s’opposent à un retour à la régularité traditionnelle et veulent même supprimer dans le titre distinctif de leur Loge les mots «Saint-Jean».
La crise, plus ou moins latente depuis 1955, éclate «lors de la tenue du 9 octobre 1959, date à laquelle l’atelier « St. Jean de l’Espérance » doit renouveler sa chambre administrative. Deux listes sont en présence, l’une défendant la cause de la Grande Loge, l’autre celle des opposants.
La première remporte le vote. Treize opposants quittent la réunion et se réunissent par la suite pour se constituer en « Grand Orient de Luxembourg ».
Le Frère historien du Grand Orient de Luxembourg, quant à lui, nous apprend que le 26 novembre 1959, 21 membres ‘dissidents’ se réunissent en Loge, élisent et installent le Vénérable de la Respectable Loge «L’Espérance», élisent un Grand Maître du Grand Orient de Luxembourg, créent une deuxième Loge, «La Tolérance»; et une troisième Loge, «La Liberté».
« Saint-Jean de l’Espérance» se met à consolider ses colonnes ébranlées mais non renversées, et elle finit par s’épanouir et par prospérer dans la sérénité et la régularité enfin retrouvées. En 1998 la loge « Saint-Jean de l’Espérance» fête ses 150 années de l’allumage des flambeaux en organisant une séance académique publique au théâtre des Capucins et une délégation de l’atelier est reçue en audience officielle par le Grand Duc actuel au palais Grand-ducal.
Actuellement la Loge « Saint-Jean de l’Espérance » comporte une cinquantaine de membres actifs.
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