Alpina 2/2002
Comme beaucoup de Grandes Loges de par le monde, notre obédience
s’inscrit sous le signe de la pluralité en matière de rites. Si les
principes généraux et les objectifs sont les mêmes, les façons de travailler
diffèrent d’un système à l’autre. Une diversité ordonnée ajoute à l’idéal de
notre enseignement tant il est vrai que l’esprit s’enrichit de la
différence. Notre revue aborde ici pour la première fois dans sa formule
thématique deux visions ou styles maçonniques illustrés par plusieurs loges
au sein de la GLSA. On ne connaît pas toujours bien ce qui nous est proche,
aussi avons-nous estimé opportun de mettre en évidence le Rite de Schroeder
d’une part, celui d’Emulation d’autre part, afin qu’ils se découpent mieux
dans leurs caractéristiques majeures pour ceux d’entre nous qui n’en
possèderaient qu’une idée imprécise, afin aussi d’encourager les visites
individuelles inter-loges si nécessaires à la vitalité de la Chaîne d’Union.
Le premier de ces deux mouvements nous étant peut-être moins
familier que le second, consacrons-lui quelques mots. Friedrich Ludwig
Schroeder (1744-1816) montre que rien n’empêche un franc-maçon instruit et
motivé de créer une loge , selon sa propre conception de la maçonnerie; le
temps lui donnera tort ou raison. Dans le cas du dramaturge et directeur de
théâtre hambourgeois, les augures lui ont été favorables puisque son rite a
connu un développement appréciable, dans l’ensemble de l’espace germanophone
surtout.
Le lecteur pourra à loisir établir des convergences entre le
Rite de Schroeder et celui d’Emulation, venu d’Angleterre; il s’intéressera
à comprendre pourquoi on a opté pour un tel fonctionnement à une époque
donnée. Dans l’une comme dans l’autre de ces manières d’appréhender la
réalité maçonnique on peut voir une volonté de renouer avec d’anciens
usages, de filtrer les différents apports dans les idées et les rituels pour
en dégager certaines lignes cardinales. Cela en réaction à un foisonnement
qui parfois éblouit plus qu’il n’éclaire. F. L. Schroeder disait: «Si la
vérité est simple, le symbole doit l’être aussi».
Pour vivre pleinement la maçonnerie le frère doit aimer les
us et coutumes dans lesquels il a été introduit et les accomplir en
connaissance de cause, ceux différents des siens lui seront d’autant plus
accessibles car tout se rejoint par l’élévation spirituelle.
Jacques Tornay
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