Alpina 6-7/2004

Les travaux maçonniques expriment un temps symbolique allant de midi à minuit, soit de la maturité de l’âge où tout semble nous sourire jusqu’à la mort qui nous oblige à déposer nos outils. Voilà au moins une des particularités du temps selon notre conception, sans parler de l’analogie phonétique du mot avec temple. En abordant le thème nous entrons dans la grande préoccupation de l’humanité, à laquelle non seulement la maçonnerie et toutes les sociétés poursuivant des buts similaires mais également les religions, les formes de croyance révélées ou obscures, les mythes les plus reculés, ont tâché de trouver un sens… et n’en ont point trouvé. Nos ancêtres ont étudié le mouvement des planètes, ils ont observé les astres et d’abord la lune et le soleil.

 Les astrophysiciens actuels également. Leurs savants calculs ont permis d’élaborer une théorie du temps, de le codifier afin d’en établir des règles générales. Mais tout est-il si exact dans les cieux ? Nous croyons que le hasard y a sa place, comme dans n’importe quel système, et que les conclusions que l’on peut en tirer peuvent être sujettes à caution.

Le temps est un sujet que l’on ne peut saisir que de manière imparfaite, aléatoire et fuyante. Il nous obsède parce qu’il est de la matière entre ces deux éternités que sont l’avant-naissance et l’après-mort. Durant la courte période de sa vie l’homme peut se bercer de toutes les illusions métaphysiques qu’il voudra, il ne pourra changer la donne parce que nous sommes dans un espace clos et notre liberté fondamentale se limite à imaginer des univers hors de notre réalité terrestre. Le temps devrait être la mesure de notre humilité. Sachant sa brièveté il est d’autant plus important de choisir une option et de s’y tenir. Pour le franc-maçon, celle-ci consiste à construire en fonction d’idéaux que nous estimons universels et suffisamment crédibles pour assurer à tous une heureuse traversée de l’existence. Cependant, presque tout dans notre monde vient contredire les aspirations au bonheur. Mais si un idéal était facile à réaliser, en serait-il encore un?

Jacques Tornay

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