Alpina 6-7/2005
Tous les rituels maçonniques de par le monde ne sont pas pourvus de
musique. L’introduction de celle-ci dans les loges a une histoire, qui nous
est un peu dévoilée dans le thème central de ce mois. Nous lirons aussi des
commentaires savants mais combien éclairants sur la fonction, le rôle, la
signification et la pertinence de l’art des Muses dans nos pratiques
rituéliques. Il est vrai que cet ornement particulier ne doit pas être
choisi au hasard et heureux les ateliers dont l’effectif comprend un
musicien ou un mélomane averti pour concocter un programme judicieux en
fonction des circonstances.
«Si la musique nous est si chère, c’est qu’elle est la
parole la plus profonde de l’âme», écrit Romain Rolland. Elle a en effet une
portée universelle directe, répond à des règles de construction rigoureuses
sans aliéner l’invention, et c’est peut-être pour cela que dès ses origines
spéculatives la franc-maçonnerie a eu dans ses rangs davantage de
compositeurs et de musiciens que de représentants d’autres disciplines
artistiques. Il en va de même aujourd’hui. Ainsi, la Grande Loge Suisse
Alpina compte actuellement de nombreux concertistes; certains d’entre eux
poursuivent une oeuvre enregistrée et se distinguent sur les scènes
internationales. Ils répondent présents lors de tenues et manifestations
maçonniques aux quatre coins de notre pays, nous offrant des moments
inappréciables. Car il semble que l’émotion soit le premier sentiment
sollicité chez l’auditeur. Nous gardons des souvenirs précis d’une
prestation musicale lorsque l’âme, pour reprendre le terme de Rolland, a
subi ce tressaillement intérieur que nous ne pouvons définir ni expliquer.
Nous n’entrons pas ici dans un hypothétique débat entre
musique classique et formes contemporaines. Y aurait-il une orthodoxie du
goût en la matière? Nous avons, présumons-nous, tous participé à une
cérémonie au cours de laquelle étaient jouées des oeuvres chantées ou
instrumentales hors du répertoire traditionnel. Là comme ailleurs,
l’important est l’adéquation du morceau choisi à la partie du rituel que
l’assemblée est en train de vivre. Il s’agit d’une question de sensibilité
autant que d’esthétique et de cela, nos auteurs savent en parler au fil de
ce numéro de juin-juillet, le dernier avant les vacan.
Jacques Tornay
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