Alpina 1/2006

Partout dans le monde en 2006 des hommages seront rendus au célèbre musicien et compositeur Wolfgang Amadeus Mozart à l’occasion du 250e anniversaire de sa naissance, le 27 janvier 1756 à Salzbourg. En ce début d’année surtout sont prévus des concerts, des événements festifs autour de Mozart. De nouvelles études critiques, biographies et autres évocations sortent de presse; rencontres, débats et discussions vont également s’inscrire aux agendas culturels jusqu’en décembre prochain. C’est peu dire que Mozart sera à l’honneur, plus qu’à l’ordinaire, au cours des mois à venir.

Quant à la franc-maçonnerie, il est permis de douter qu’il ne sera pas une seule loge digne de ce nom à oublier la commémoration, sous l’une ou l’autre forme, du jeune prodige qui, rappelons-le, a été initié le 14 décembre 1784 à l’atelier La Bienfaisance, à Vienne. Alec Mellor a raison de souligner que «l’initiation maçonnique fut l’une des sources de son inspiration géniale». Dès son adolescence le virtuose fréquenta des maçons et l’on fait remonter à 1772 sa première composition inspirée de notre symbolisme. L’une des dernières, on le sait, sera La Flûte enchantée, opéra inépuisable de par sa richesse thématique et à la représentation duquel l’auteur emmena son fils Karl âgé de sept ans, chiffre hautement significatif dans la mythologie égyptienne instigatrice du livret. Une autre origine de la création foisonnante du Salzbourgeois fut la religion. C’étaient un temps et un lieu, l’Autriche des années 1780, où les appartenances à l’Eglise de Rome et à la maçonnerie déiste n’étaient pas incompatibles. Chez Mozart, l’absolu, le divin, et les joies terrestres ne sont pas incompatibles non plus. Nombre de ses oeuvres sont empreintes de luminosité. Gaies, sereines, primesautières, elles ravissent l’auditeur par une légèreté quasi surnaturelle. Il serait faux cependant de cantonner Mozart dans un jeu de merveilleuse insouciance car il a des partitions, et non des moindres, qui reflètent le tragique de l’existence et les douleurs propres à l’humaine condition. Les souffrances ne lui furent pas épargnées, dans sa vie privée et sa carrière; il aura connu l’ingratitude, voire le mépris, le dénuement, l’affliction, mais aussi leurs contraires. Son génie est d’avoir su exprimer ses élans d’amour et de fraternité par une musique exceptionnelle, unique, aujourd’hui illustre dans le monde entier. Parcours extraordinaire que le sien, en vérité, court mais flamboyant, qui embrasse toute la gamme des sentiments dont un homme est capable pour les porter à leur plus haut degré d’incandescence.

Les festivités de 2006 serviront notamment à faire connaître aux jeunes générations qui était Mozart, le personnage et l’artiste. Nous participons à ce travail par le présent numéro de notre revue.

Jacques Tornay

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