Alpina 10/2006
Il faut relire les Principes maçonniques généraux de la
Grande Loge Suisse Alpina, ces huit articles formant le préambule de notre
Constitution. Non seulement ils conservent toute leur actualité mais encore
n’ont-ils jamais été aussi pertinents qu’à l’heure actuelle. Nous en serons
convaincus par leur lecture lente et attentive, en ayant soin de s’imprégner
de chaque phrase. Le temps et les efforts de leurs auteurs ont dû être
considérables pour parvenir en si peu de lignes à un document clair, précis,
et cependant suffisamment souple pour assurer la liberté d’opinions au sein
de l’Alliance. Un tel résultat ne peut être le fruit d’un seul homme, on y
sent la discussion vive derrière chaque terme, le tâtonnement avant de
parvenir à l’expression juste. Aucun point essentiel n’est laissé dans
l’ombre. De par une formulation à la fois explicite et laconique on perçoit
surtout la nécessité de produire un texte destiné à durer, de proposer aux
générations futures une base qui leur sera également bénéfique. En ce sens
il est fidèle à l’esprit de la démocratie la plus authentique.
Il faut aussi relire nos Principes généraux pour bien
comprendre le fonctionnement de notre Obédience. Les valeurs qui établissent
notre maçonnerie ne sont pas dues au hasard. Elles reflètent notamment la
volonté de garantir à chacun de ses membres un développement personnel tout
en vivant une fraternité commune; dans la loge d’abord, dans le monde
ensuite. Si chacun de nous intériorisait ces deux petites pages de notre
Constitution, il n’y aurait pas de vaines querelles, ni désir de paraître,
briller, ou contraindre. Autant de comportements évitables en prenant la
peine de se souvenir que «la Loge est un milieu paisible et neutre dans
lequel les passions humaines ne doivent pas avoir accès». Les meilleures
intentions demeurent lettres mortes quand elles ne trouvent pas à
s’appliquer dans la réalité.
Tout ce que nous devons faire et savoir à la base de notre
engagement y est inscrit noir sur blanc, sous une forme remarquablement
concentrée. Dans le genre, c’est un bijou de concision. Il faudrait être de
fort mauvaise foi pour y trouver quoi que ce soit à redire. Evidemment, pour
les tenants de l’une ou l’autre dogmatique les évocations concernant
l’égalité, la tolérance, le progrès, ainsi que les libertés de conscience,
de croyance et de pensée seront toujours de trop. Pour un franc-maçon, elles
ne seront jamais assez affirmées.
Jacques Tornay
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