Alpina 1/2007
La lumière est centrale à l’enseignement maçonnique
puisqu’elle représente toute sa recherche. L’idée prend une signification
particulière avec l’introduction du spéculatif et l’on ne s’en étonnera pas
si l’on considère l’essor des arts et des sciences à l’époque charnière
historique de la franc-maçonnerie, essor indissociablement lié à la notion
d’un développement éclairé de l’homme. Le symbole trouve ici son application
à l’extérieur autant qu’à l’intérieur de l’individu soucieux de progression,
et son champ visuel s’élargit considérablement. Mais la lumière, la seule
désirable, est une quête, non un don. L’impétrant dont le bandeau tombe à
point nommé est ébloui par l’afflux soudain de photons qui se déverse sur
lui. En l’instant, son monde ne se compose que de la vive lumière devant lui
et de l’ombre insondable qui l’entoure. Peu à peu seulement les choses se
décantent, prennent du relief et se chargent de significations. C’est le
début de l’aventure initiatique, et elle n’a pas de fin prévisible.
Les trois Grandes Lumières, ce sont l’équerre, le compas et
le ou les livres de la loi sacrée. Au vrai, ceux-ci forment une unité une
fois atteinte
la maturité spirituelle. En attendant, l’initié dispose désormais de repères
qu’il apprendra à identifier, d’outils sûrs dont le maniement est
affaire d’expérience assidue là où il aura à en faire usage. Prudence
néanmoins, car trop de certitude dans la connaissance peut égarer, d’où
l’importance de recourir régulièrement à la mesure et à la justesse dans ses
jugements.
Les trois Grandes Lumières sont sur le lieu où le
récipiendaire prête serment. Ce sont elles qu’il aperçoit ou distingue
d’abord. Ces objets sont
en quelque sorte les témoins silencieux de son nouvel état d’initié, ils
forment le décor inanimé d’un moment crucial à partir duquel il va les
mettre en mouvement, leur donner du sens. Il nous paraît indispensable de
fructifier notre réflexion sur la valeur, le rôle et la portée d’une
symbolique
essentielle dont les ramifications s’étendent fort loin.
Jacques Tornay
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