Alpina 4/2007

L’expression «droits humains» tend aujourd’hui à prendre le pas sur celle largement utilisée jusqu’ici de «droits de l’homme». On dit aussi parfois «droits de la personne». Cette formulation présente l’avantage de considérer la femme et l’enfant. Les Anglo-Saxons ne s’y sont pas trompé puisqu’ils parlent de human rights. Le plus ancien document à notre disposition sur le sujet remonte au VIe s. avant notre ère. Etabli sous l’impulsion du roi pacifique iranien Cyrus le Grand, il garantissait notamment une inconditionnelle liberté de culte dans son empire.

Passons sur la forme que de tels droits ont pu prendre au cours de l’histoire et abordons l’époque moderne où la première déclaration voit le jour dans l’Etat de Virginie et est adoptée le 13 juin 1776. Rédigée par George Mason, la bill of rights influencera les autres territoires nord-américains, et l’Assemblée nationale française qui, treize ans plus tard, adoptera sa propre déclaration dite des «droits de l’homme et du citoyen». Le siècle des Lumières était passé par là.

En 1948, après la plus meurtrière des guerres, les Nations Unies présentent la «déclaration universelle des droits de l’homme». Son article premier stipule: «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignités et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité». Le texte en compte 30. Ils concernent les aspects primordiaux de la personne dans toutes les sphères de son existence. Tout franc-maçon, à notre avis, adhère en son âme et conscience à l’ensemble des points énoncés tant ils sont fondamentaux. Nous serions toutefois tenté de parler de la grandeur et de la misère des droits humains. Grandeur, parce que ce document exprime les plus nobles aspirations de générosité et de solidarité à l’échelle planétaire; misère, parce que ces droits ne cessent d’être bafoués, ne serait-ce qu’en partie, et cela y compris dans les pays qui en ont été les promoteurs. Faut-il conclure à l’impossibilité d’atteindre tout dénominateur commun, consensuel dans son esprit, pour qu’enfin débute le règne de la justice sur notre terre? Certes non. Personne ne doit baisser les bras et l’engagement de toute personne de bonne volonté doit être permanent sur ce terrain. En premier lieu, les citoyens et citoyennes qui ont la chance de vivre dans des Etats démocratiques, où les droits promulgués sont en vigueur, se doivent d’aider à leur manière spécifique ceux et celles qui n’en bénéficient pas. Cela s’appelle l’exercice de la solidarité.

Jacques Tornay

<< Numéro 3/2007 Index Numéro 5/2007 >>
Alpina