Dimension de la lecture
(Alpina 12/2011)

Il est bon de rappeler que dans notre pays comme ailleurs l'une des préoccupations majeures et constantes des francs-maçons a été et demeure l'engagement en faveur de l'instruction scolaire. Longue serait la liste des institutions, écoles et sociétés créées par nos soins. Le défi consiste à mettre à la portée du plus grand nombre, surtout des catégories de population les moins favorisées, les connaissances indispensables pour se diriger dans la vie. L'apprentissage de la lecture s'inscrit ainsi dans les priorités pédagogiques. Sans verser dans l'autosatisfaction, disons que depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle et plus encore dans le suivant, nombreux ont été les frères maçons à avoir œuvré dans les métiers de l'enseignement, l'imprimerie, l'édition, la librairie et autres secteurs liés à la chose écrite. Entre autres pionniers de renom citons Benjamin Franklin aux USA, Jules Vallès en France, Henri Zschokke en Suisse - par ailleurs remarquable écrivain populaire. Une lecture aisée est le passage obligé pour l'acquisition des savoirs. Si formulés convenablement, les propos que nous lisons développent l'entendement et parfois imprègnent la mémoire durablement. Au contraire, ceux que nous entendons, trop souvent s'évaporent. Mais l'action de lire ne vise pas seulement à des fins pratiques, elle est aussi un plaisir - surtout un plaisir, affirmeront certains. Là, nous touchons au domaine de la littérature. Par elle seulement l'on peut parler de style, de langue, de création et d'art dans l'usage des mots. Les grandes oeuvres littéraires forment le jugement, ouvrent aux idées et à la complexité de l'humain, elles sont la fierté d'une nation et en même temps relèvent du génie universel. Les livres qui comptent représentent un patrimoine irremplaçable d'émotions et d'expériences, d'où l'importance d'encourager la jeunesse à la lecture, de même que les adultes car l'illettrisme est loin d'être éradiqué. Aujourd'hui le débat fait rage autour de l'ebook. L'essentiel est de lire, dira-t-on, peu importe le support. Souvenons-nous cependant que les transmissions électroniques sont sujettes à la piraterie ou aux virus, et que par un simple clic de souris une bibliothèque disparaîtrait plus vite que celle d'Alexandrie... Le livre traditionnel appartient, lui, à l'espace privé. Compagnon fidèle s'il en est.

Jacques Tornay

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