Les particularités

Les particularités de la Grande Loge Mixte de France

 

Fidèle aux principes fondateurs définis lors de sa création, La Grande Loge Mixte de France présente les particularités suivantes :

La mixité : une richesse générée par la complémentarité homme, femme.
La pluralité de Rites : le moyen donné à ses membres de travailler selon le rituel de leur choix, dans la pure tradition de la Franc-maçonnerie.

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Le pluralisme : le choix laissé à ses membres de constituer des loges mixtes, masculines, ou féminines.

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La mixité

La Maçonnerie opérative n’a guère initié des femmes. Quant à la maçonnerie spéculative, l’article III des Constitutions d’Anderson précise que “les personnes admises membres d’une loge doivent être des hommes de bien et loyaux, nés libres et d’âge mûr et discrets, ni esclaves, ni femmes, ni hommes immoraux et scandaleux, mais de bonne réputation”.

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Or en France, dans la société du XVIIIe siècle, les femmes – et surtout celles de la noblesse – jouent un tel rôle qu’il semble impossible de les tenir à l’écart. Il faut donc trouver une solution.

L’esprit inventif des contemporains de Voltaire va permettre de créer, puis de légaliser la “Franc-maçonnerie des dames”, ou “Franc-maçonnerie d’Adoption”. Celle-ci est strictement réservée aux dames , le rituel pratiqué est largement édulcoré.

En 1869, le Frère Frédéric Desmons, pasteur et vénérable de la loge de Saint Géniès de Malgoirès, dans le Gard, puis Grand Maître du Grand Orient de France émet le vœu “qu’à l’avenir les femmes soient admises au sein des ateliers, et puissent participer aux travaux”. Le Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France refuse. Rappelons au passage que c’est également le Frère Frédéric Desmons qui fit voter par le Grand Orient de France la suppression de l’obligation de croire en Dieu et en l’immortalité de l’âme pour solliciter l’initiation maçonnique.specif4

Au mois de mai 1881, un article du bulletin de la Grande Loge Symbolique Ecossaise annonce que la loge “Les Libres Penseurs”, installée au Pecq, a l’intention d’initier des femmes. Mais la Grande Loge Symbolique Ecossaise refuse le principe de l’initiation féminine. Elle tient à conserver de bonnes relations avec les autres obédiences françaises.

Il reste une solution aux Frères de la loge du Pecq : demander de se séparer de l’obédience, ce qu’un atelier peut toujours faire. En janvier 1882, la loge “les Libres Penseurs” demande donc l’autorisation de quitter l’obédience. Celle-ci leur est accordée.

Dans le même temps, la loge adresse à tous les Francs-maçons le programme de la fête solsticiale d’hiver, qu’elle organise pour le14 janvier 1882, et au cours de laquelle sera initiée Maria Deraismes.

La fête terminée, la loge du Pecq se trouve face à son isolement. Les frères se divisent. Certains demandent que l’atelier réintègre la Grande Loge Symbolique Ecossaise.

Le 7 août 1882, la Grande Loge arrête la réintégration de la loge “les Libres Penseurs”.

La Sœur Maria Deraismes se trouve évincée. Certes, elle est la première femme, en France, à être initiée à un rite masculin, mais elle est, à compter de l’été 1882, et pour une douzaine d’années, un Franc-maçon sans loge.specif5

Le premier juin 1892, une réunion à son domicile permet de faire le point. Maria Deraismes rassemble douze, seize ou dix-sept femmes, suivant les auteurs, dont Clémence Royer, traductrice de Darwin et auteur scientifique réputé. Elles sont toutes de grande valeur intellectuelle et humaine, elles sont engagées dans les revendications féministes et dans l’action sociale envers les plus démunis.

Par étapes, Maria Deraismes les initie aux trois premiers grades symboliques. Elles constituent une loge. Georges Martin s’y affilie. La loge devient mixte.

Au début du mois de janvier 1894, et semble-t-il du fait de l’aggravation de la santé de Maria Deraismes, qui décèdera le 6 février 1894, la loge “ Le Droit Humain ” forme, à elle seule, une obédience.

Georges Martin choisit de tenir secret, pendant deux ans, le Suprême Conseil Mixte qu’il crée en 1899. Il projette de doter l’obédience de moyens d’action dans les autres pays. Cette création fera du Droit Humain une structure pyramidale et hiérarchisée.

Dans les premières décennies du XXe siècle les ateliers “ bleus” français du Droit Humain considèrent ces structures comme anachroniques. Le Suprême Conseil International du Droit Humain reste inflexible aux demandes de démocratisation.

Le 15 janvier 1914, la “Grande Loge Mixte Symbolique” est constituée. Elle regroupe six loges, Blanche Lantoine en est la secrétaire générale, le titre de présidente étant supprimé. Dans une circulaire adressée à toutes les obédiences, elle déclare :

“Nous avons pensé qu’après vingt et un ans d’existence, la Franc-maçonnerie mixte pouvait et devait être régie d’une façon plus conforme aux véritables traditions maçonniques. Très simplement, nous avons pensé qu’un Suprême Conseil occulte, maître absolu et sans contrôle, n’était pas en rapport avec l’esprit démocratique de notre temps et de notre pays, et que tout Maçon devait avoir le droit – comme dans les rites masculins – non seulement de participer à la marche de son Atelier, mais de s’intéresser à la vie de son obédience”.

La Grande Loge Mixte Symbolique parvient à créer quelques ateliers dans les environs de Paris et un à Lille. Mais elle est coupée dans son élan par la première guerre mondiale. La Sœur Blanche Lantoine passe à l’Orient éternel le 27 novembre 1915, elle a 47 ans.

Georges Martin meurt en 1916 après avoir construit, de ses deniers, le Temple de la rue Jules Breton. Ses successeurs, Marie Bonnevial, puis Eugène Piron, ont réussi à maintenir la vitalité de l’obédience pendant la guerre et à résorber le schisme. Lorsque le Congrès international se réunit du 10 au 15 août 1920, il permet aux loges de chaque pays de former une “Fédération” ou une “juridiction”, de tenir un convent annuel, de se donner une organisation nationale autonome, de se faire représenter auprès du Suprême Conseil par un “délégué” qui assurera la liaison.specif6

En février 1973, trois loges du Droit Humain, “Lucie Delong”, “Marie Bonnevial” et “Le Devoir ”, suivies d’une centaine de membres abandonnent la rue Jules Breton et fondent une nouvelle obédience, la Grande Loge Mixte Universelle. Les causes de cette scission sont les mêmes que celles de 1913 : la trop grande importance du Suprême Conseil. La direction de ce groupe est prise pas la Sœur Eliane Brault et le Frère Raymond Jalu.

La Grande Loge Mixte Universelle fait sienne l’article premier de la constitution du Grand Orient de France. Elle adopte un règlement général copié sur celui du Grand Orient de France, et déclare n’administrer que les grades symboliques. Entre 1973 et 1981 l’obédience progressera sensiblement. Elle compte au Convent de 1981, vingt-quatre loges et cinq cent cinquante membres actifs. Mais entre ceux qui veulent créer pour les membres de l’obédience des structures indépendantes de hauts grades, les fervents du Rite Français et ceux du Rite Ecossais, les partisans d’une maçonnerie engagée et ceux d’une maçonnerie plus orientée vers le perfectionnement individuel de ses membres, les dissensions s’installent très vite.

Au Convent de 1981, le rapport moral du Grand Maître sortant est rejeté à une faible majorité.

Dès lors l’unité de l’obédience n’est plus assurée. Les frères et les sœurs qui, pour des raisons diverses, se sentent mal à l’aise dans l’obédience s’organisent. Ils ont l’intelligence d’œuvrer discrètement.

Ils obtiennent le soutien efficace du Grand Orient de France et créent en 1982 la Grande Loge Mixte de France.Haut de page

La pluralité de rites

La Constitution rédigée en 1982 précise à l’article V que “fidèle aux traditions et enseignements légués par ses aînés, la Grande Loge Mixte de France est une fédération de loges travaillant à des rites maçonniques différents.specif8

“Tout rite est constitué par un ensemble de symboles mis en action, non seulement les objets employés ou les figures représentées, mais aussi les gestes effectués ou les paroles prononcées.” (Irène Mainguy, la symbolique maçonnique au 3è millénaire, édition Dervy).

L’ensemble des modalités suivies au cours d’une réunion de la Loge, désignée comme Tenue, est décrite dans un rituel.
Le rite apparaît en Grande Bretagne aux environs de 1650. Son histoire jusqu’à nos jours est passionnante.
specif10Si les rituels sont différents sur la forme, le fond reste commun, à toutes les obédiences.
Actuellement, la Grande Loge Mixte de France fédère les rites suivants :

  • Le Rite Français, sous ses différentes formes (R.F.)
  • Le Rite Ecossais Ancien et Accepté (R.E.A.A.)
  • Le Régime Ecossais Rectifié (R.E.R.)
  • Le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm
  • Le Rite Emulation

D’autres rites existent, certaines obédiences y font référence : le Rite Anglais Ancien, le Rite d’York  le Rite Standard d’Ecosse, la Marque, l’Arche Royale et le Rite Opératif de Salomon,…specif9

Quel que soit le Rite de référence, les obédiences a-dogmatiques, héritières de la Franc-Maçonnerie libérale ont en commun le principe de la liberté absolue de conscience.

La Grande Loge Mixte de France pratique le Rite Français dans toutes ses cérémonies officielles, notamment la cérémonie d’allumage de feux d’une nouvelle loge (soit la création), le Conseil de l’Ordre, le Convent(soit l’Assemblée Générale).

Chaque loge peut choisir le rite qu’elle souhaite au moment de sa création.

Le pluralisme

La possibilité offerte aux loges d’être mixtes, masculines ou féminines a été votée lors du Convent de 1988.
Lors de sa création, la loge provisoire doit présenter, le cas échéant , un extrait de la délibération précisant que la Loge a souhaité à la majorité des deux tiers n’être composée que de Frères ou que de Sœurs (Règlement général, art. 31).

Chaque membre de la Grande Loge Mixte de France a ainsi la possibilité de poursuivre sa réflexion et ses travaux dans le cadre qui lui semble le mieux approprié pour lui ; qu’il s’agisse de la mixité ou de travailler avec des Frères seulement ou des Sœurs seulement.