Alpina 6-7/2001
On connaît la phrase, devenue célèbre, que lança Bonaparte en juillet
1798: "Du haut de ces pyramides, quarante siècles nous contemplent!" Ces
édifices qui perdurent après, en réalité, environ 4700 ans d’existence,
élevés de main d’homme ou autrement, sont uniques dans l’histoire des
civilisations. Très tôt cette partie du monde a suscité l’intérêt des
Occidentaux. On continue aujourd’hui à l’étudier sous tous les angles
possibles, avec ses empires et les périodes intermédiaires entre eux, ses
dynasties, reines, rois, descendances, systèmes de valeurs, us et coutumes.
Ces millénaires pleins d’événements de toute nature défient souvent notre
logique mais excitent notre soif d’en connaître davantage. Les livres traitant de l’Egypte ancienne ont été longtemps
confinés dans les officines des spécialistes, réservés à une élite de
connaisseurs, apparemment. L’arrivée de l’écrivain égyptologue Christian
Jacq sur le marché éditorial bouleverse les données en déclenchant
l’engouement phénoménal et planétaire que l’on sait. Dès lors l’Egypte
s’offre aux regards et apparaît bel et bien comme cette terre aux mille et
une énigmes pour la plupart insondables que nous soupçonnions. Un texte du
Moyen Empire (2061-1785 av. J.-C.) dit: "Je connais le secret des
hiéroglyphes. Et je sais comment s’accomplissent les offrandes rituelles.
J’ai appris toutes les formes de la magie et aucune ne m’est étrangère."
Tout semble régit par des cultes, des rites. Chaque chose en figure une
autre, tout est emblème, symbole, la foi religieuse est omniprésente. Dans
son ouvrage "La réponse au Sphinx" André Chédel entendait l’être hybride de
Guizèh demander: D’où venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous? Ne
l’oublions pas, l’Egypte est la patrie de l’Hermès Trismégiste à l’origine
de la grande tradition ésotérique occidentale, celui dont les écrits
initiatiques forment La Table d’émeraude, traité complet de magie blanche
qui rassemble un savoir venu des temps les plus reculés. On connaît son
importance pour la franc-maçonnerie. Comment ne pas se référer à l’Egypte
lorsque nous parlons d’initiation ? Devrions-nous cependant en faire une
source exclusive des enseignements légués par les Anciens? Ce que nous en
savons en Europe ne constitue par ailleurs qu’une partie du tout. La très
longue histoire du pays offre d’étonnants contrastes, par exemple les
régimes politiques, les situations sociales, ou la place de l’individu. Nous
sommes dans la proximité des contraires, comme la verte et fertile vallée du
Nil côtoie le désert aride.
Jacques Tornay
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