Alpina 10/2005

L’internet n’est plus une nouveauté. Il est, comme on dit, entré dans les moeurs. Pour le meilleur et le pire, avec, heureusement, d’infinies modulations entre ces deux pôles. Le thème de ce mois d’octobre, La franc-maçonnerie sur l’internet, pose évidemment la question de savoir s’il y aurait ou pas contradiction pour une société discrète – secrète diront certains – telle que la nôtre de se présenter sur un système d’information électronique à usage universel. Tous les francs-maçons ne sont pas convaincus de la nécessité d’être «internetisés». D’autres ne tarissent pas d’éloges et de louanges sur un moyen permettant une multitude d’échanges quasi immédiats à l’échelle planétaire. Il semble que la question aujourd’hui soit davantage de savoir comment utiliser ce medium plutôt que de choisir entre son refus et son acceptation.

L’emploi de la technologie actuelle est d’abord affaire de bon sens et ne devrait susciter aucune crainte infondée. Ne s’inquiétait-on pas autrefois de l’apparition du téléphone, du cinématographe, de la radiodiffusion, de la télévision? Les avantages de ces inventions dépassent largement leurs inconvénients éventuels. Qui a le temps et la patience de naviguer sur la toile découvrira une foule de pages consacrées à la maçonnerie. C’est une gageure que d’en faire le tour. Le débutant ne saura pas forcément séparer le bon grain de l’ivraie mais l’expérience aidant, il y parviendra. Dans son livre L’internet est-il maçonnique? (Editions Altho, Bruxelles 2004) Jiri Pragman met l’accent sur de nombreux points dignes d’intérêt. Il montre notamment la manière dont les obédiences, les loges, les fraternelles et les maçons individuels établissent des liens. Il sonde l’univers des sites web, blogs, listes, forums, groupes de discussion et autres webrings. Toute cette effervescence traduit un besoin d’extériorisation autant qu’un désir de communiquer des renseignements, des opinions et quelquefois des connaissances savantes. Encore faut-il que les correspondants aient suffisamment de compétences pour le faire, ce qui n’est pas toujours le cas. Cependant, ne nous leurrons pas, le virtuel a ses limites. Les rapports humains par le truchement de l’ordinateur, appareil sophistiqué s’il en est, ne remplaceront ni ne vaudront jamais ceux que l’on établit de visu. Et l’introduction à la maçonnerie par écran interposé ne saurait se confondre avec un enseignement. D’autres paramètres que ceux de la technique font vivre et coexister les êtres entre eux. Aussi, mettons à profit le progrès pour ce qu’il nous permet d’accomplir de positif et réservons le meilleur de nos énergies à une approche réelle des valeurs que nous défendons.

Jacques Tornay

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