Alpina 4/2005

Le 35e Forum économique mondial tenu à Davos en janvier était placé sous le signe de la solidarité, conséquence des raz-de-marées ayant dévasté le Sud-Est asiatique peu auparavant. À cette occasion, l’aide humanitaire aura atteint une rare ampleur. La GLSA et des membres de notre obédience à titre individuel ont participé à l’élan de soutien. Lors de catastrophes naturelles comme celle-ci les médias nous rappellent que l’aide provenant de gouvernements et de grandes firmes privées n’est pas toujours motivée par la seule générosité, des considérations d’ordre politique, commercial stratégique sont parfois prises en compte. Cela est connu et là n’est pas notre propos.

Il importe seulement que le principe de solidarité trouve à s’exercer pleinement au bon moment et aux endroits où hommes, femmes et enfants sont dans une situation d’impérieuse nécessité. En tout état de cause, la solidarité qui serait en fait un acte de charité assorti de la certitude d’accomplir un devoir moral, et d’être ainsi en accord avec les codes de la bienfaisance communément admis, est déjà un gest notable mais il reste incomplet, provisoire, car davantage dicté par un souci d’honorabilité que d’altruisme véritable.

Nous ne voyons pas la solidarité en tant que règle permettant d’être en paix avec soi-même. Ne s’agirait-il pas plutôt d’un mouvement du coeur, spontané, direct, n’exigeant aucune réciprocité? Il faudrait la considérer d’abord comme l’éveil de sa conscience vis-à-vis de l’autre. Cette question d’éthique fondamentale est évidemment fort éloignée de l’acception romaine de solidus qui instaurait une interdépendance des débiteurs envers un ou plusieurs créanciers. S’employer au service d’autrui sur les chantiers de la planète ne dispense évidemment pas de la solidarité nécessaire dans ces cellules de base que sont le ménage, la famille. C’est là que tout devrait commencer et l’on se souvient du vieux dicton populaire: «Quand tout le monde s’aide, personne ne se crève». Les formes de la solidarité se déploient sur quasiment tous les terrains. Nous avons celles à buts professionnels, sociaux, civiques, confessionnels, artistiques réunies en autant de groupements constituant un dense réseau associatif dans les pays cultivant la liberté d’expression. Ils promeuvent des intérêts sectoriels, parfois collaborent. D’une manière générale il nous paraît indispensable de favoriser avant tout la solidarité de l’individu face à son semblable. Dans ce cas, solidarité et fraternité seraient une seule et même notion.

Jacques Tornay

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