Perspectives d’avenir de la Franc-maçonnerie
(Alpina 5/2007)
«Plancher sur l’avenir de la franc-maçonnerie c’est courir
le risque d’égrener lieux communs et lapalissades», disait le maçon vaudois
et président de la Confédération Louis Ruchonnet, ainsi que nous le rappelle
Roger Jomini. Depuis les débuts de notre ordre on s’interroge sur sa
situation future. Notre GLSA a fréquemment soulevé cette problématique lors
d’assemblées ou dans notre revue. Les questions posées il y a un siècle sont
les mêmes qu’aujourd’hui et seront probablement identiques en 2107. Parmi
elles se trouve le leitmotiv suivant: que faut-il entreprendre pour mieux
nous faire connaître à l’extérieur de nos loges?
Tout ou presque se résume à cela. Nous devons assurément
intéresser les jeunes afin de garantir la transmission, et pareillement
maintenir l’effort vers une information crédible sur notre identité. Mais
enfin, rendonsnous compte que la maçonnerie n’est pas au centre des débats,
la grande majorité du monde profane se fiche éperdument de notre existence.
Les idées généreuses trouvent à s’exprimer auprès d’innombrables
associations et aucun parti, aucune oeuvre caritative, aucun courant
religieux ou philosophique ou quelque système n’a aujourd’hui le monopole de
l’intelligence et de la sensibilité. En matière de cérémonial l’offre abonde
également.
Ce qui nous différencie d’autres mouvements est notre
empreinte initiatique, avec son symbolisme particulier. Dès lors on se
demande si son essor passe par les méthodes utilisées ordinairement pour
grossir les rangs d’une société. La maçonnerie ne sera jamais un produit de
consommation à promouvoir par voie de marketing. À «recruter» en série on
s’expose aux démissions en série. On le voit ailleurs. Et nous voici au
coeur du débat: nous sommes tous d’accord pour donner une impulsion à nos
idéaux mais nous divergeons quant aux moyens. Il y a dix ans on ne jurait
que par l’internet. Certes, des résultats ont été enregistrés, notamment en
visibilité, mais correspondent-ils à nos espoirs de naguère? En attendant la
recette miracle, il est une façon simple d’assurer l’avenir de la
maçonnerie: l’assiduité de chacun aux travaux de sa loge. Qu’il y participe
régulièrement, ne cessant d’apprendre et d’apporter en retour. Celuilà
demeure pareil à lui-même hors et dans le temple. La motivation d’une quête
spirituelle n’est pas instrumentable.
Jacques Tornay
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