Notre responsabilité dans le domaine social
(Alpina 10/2010)
L intérêt pour la chose publique est l'un des
composants de la franc-maçonnerie. Il en
a toujours été ainsi, et d'un siècle à l'autre les
exemples abondent qui illustrent cette réalité.
Les questions d'éthique, de morale, de justice,
d'altruisme et de vertu qui nous font réfléchir
et nous portent à l'action montrent combien
notre institution a souci de la vie en commun
dans les meilleures conditions souhaitables. La
maçonnerie telle que nous la concevons participe au monde,
et nous ne citerons que le don
des loges de la GLSA qui chaque année va à
une oeuvre de bienfaisance. L'article 6 des dispositions
générales de notre Constitution
suisse ditque «toute personne est responsable
d'elle-même et contribue selon ses forces à
l'accomplissement des tâches de l'Etat et de la
société». La formule est explicite, lapidaire
aussi mais en rajouter restreindrait la liberté
du citoyen. Chacundevrait se connaître suffisamment
afin de savoir comment et dans
quelle proportion aider à l'amélioration du
milieu auquel il appartient. À ce titre, la
défensede l'environnement, lapaix, et la lutte
contre le racisme s'inscrivent aussi dans la
responsabilité sociale. Il s'agit en somme de
s'engager en toute connaissance de cause là
où il le faut et conformément à ses compétences et à sa nature profonde.
C'est ainsi, pensons-
nous, que chacun occupe sa vraie place
ici-bas, et par conséquent n'enviera pas celle
de son voisin. Qui dit place dit position, donc
s'affirmer en faveur de ce que l'onestime être
juste. On n'ose plus tellement aujourd'hui
avancer des idées audacieuses, par crainte du
jugement d'autrui, de se voir marginalisé. Trop
souvent nous laissons les choses aller leur
cours quand il conviendrait de le modifier. Il
n'est aucun philosophe qui ne se soit penché
à un moment et à sa façon sur la responsabilité
de l'individu face à la société. Pour déterminer
quels seraient ses prérogatives et obligations
envers elle. Depuis l'Antiquité, les théologiens
se sont aussi penchés là-dessus, sans compter
les gouvernants. Presque toujours il en a
résulté des lois contraignantes voire liberticides.
L'humain ne se réduit cependant pas au
social, ni à l'économie ni au politique. Complexe
et insondable, le mouvement de la vie
réclame sa part d'aspirations élevées. L'âme
sans expression se dessèche. Lorsque nous
méditons ou créons hors de l'univers visible
nous tissons des liens. Nous émettons là
encore des vibrations utiles à l'édifice de l'humanité.
Jacques Tornay
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