Qu'est-ce que le pouvoir?
(Alpina 12/2010)
Comme l'argent, la propriété et tant d'autres choses,
lepouvoir n'est ni bon ni mauvais
en soi. Seul l'usage que l'on en fait détermine
sa qualité. Certes, il s'agit-là d'une lapalissade
et nous voyons tous les jours la différence
entre les actions bénéfiques et celles qui
ne le sont pas. Certains recherchent le pouvoir
comme une fin en soi, d'autres comme un
moyen de parvenir aux objectifs qu'ils se sont
fixés. Les formes du pouvoir sont innombrables
et incluent tous les règnes de la Création, y compris
celle agissant par des canaux invisibles et
que l'on qualifie de spirituel. Le sujet est donc
vaste au point de renoncer à en faire jamais le
tour et l'on pourrait s'en désintéresser, seulement voilà:
nous sommes tous, chacun de nous,
soumis à des pouvoirs de même que nous en
exerçons, à petite ou grande échelle, parfois à
notre insu.N'est-il pas singulier que l'on remarque
davantage la réalité d'un pouvoir lorsqu'il
est dirigévers unemauvaise cause que vers une
bonne? Ainsi, voit-onmieux les effets pervers
de telle politique sur la vie d'un peuple, sur la
nature et l'équilibre de la planète, que les efforts
de ceux qui essaient d'apporter des solutions
durables à ce qui ne va pas dans notre monde.
N'en déplaise aux esprits chagrins, si l'on
regarde autour de soi l'on se rend compte que
les raisons d'espérer en une amélioration du sort
de l'humanité sont plus nombreuses que les rai sons
de s'en affliger. Le pouvoir s'articule selon
des variantes infinies et va de l'influence qu'un
individu a sur un autre, jusqu'aux plus hautes
sphères de décisions englobant nos destinées
humaines. L'énoncé même du mot pouvoir s'accompagne
d'un crainte, qui peut se muer en
véritable angoisse quand on sait que les hommes
ont la possibilité de détruire plusieurs fois
le globe terrestre. Toujours il est question de la
volonté qu'exprime un seul individu, ou plusieurs
liés par une même vision, d'agir dans un
sens déterminé. Il en est qui accèdent au pouvoir
par voie légale, d'autres le prennent de
force. Jadis, pratiquement seuls des responsables nommés à des postes clés jouissaient de prérogatives à même de modifier
l'état des choses.
Aujourd'hui, la personne isolée peut prétendre
jouer un rôle à cet égard s'il s'en donne les moyens.
En définitive, la conscience nous dicte ce
qu'il convient de faire, pourvu qu'elle soit étayée
de solides principes humanistes, et dégagée de
nos égoïsmes coutumiers. Efforçons-nous donc
d'user du pouvoir à bon escient et dans une juste
direction.
Jacques Tornay
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