Editorial

EdouardHabrant1015L’Editorial du Grand Maître de la Grande Loge Mixte de France – Décembre 2015

« Quand les jours ressemblent aux nuits
sans éclaircie à espérer
qui peut croire que l’été nous reviendra ? »

J.Dassin (Dans les yeux d’Emilie)

En cette fin d’automne et ce début d’hiver 2015, un sentiment de fatalité peut se faire jour. La République, la démocratie nous paraissent parfois fragiles. Le progrès, que nous postulions comme inéluctable ou, à tout le moins, irréversible, semble se défaire de semaine en semaine. La barbarie nous suit inlassablement, telle notre ombre.

A l’instar de Sisyphe, l’humanité n’aurait-elle d’autre choix que de recommencer inlassablement sa tâche, sans relâche ?

Nos modèles, Marie Curie, Goethe, Olympe de Gouges, Hugo, Hypatie d’Alexandrie, Archimède, Anne Franck, Newton, et tous les autres, y compris ceux qui n’ont pas vécu dans la lumière, n’ont de cesse de nous rappeler que toutes les femmes et tous les hommes sont frères et qu’ils forment un grand pays.

Nous rappeler que l’idéal est à hauteur d’homme et que, si notre destinée est de marcher toujours, cette marche n’est pas le chemin de l’infortune ou de la fatalité.

Répéter que la laïcité n’est pas seulement un mode d’organisation ou un havre de paix, mais aussi un chemin, une utopie. Que l’esprit laïc n’est pas, en lui-même, une doctrine ou un dogme, mais le moyen audacieux de juger toute doctrine et tout dogme.

Que nous devons nous garder de nous enfermer, ni d’enfermer quiconque dans nos vérités. La nécessité, la fatalité ne sont pas insurmontables et il n’est pas envisageable de s’asseoir tristement dans la nuit. Des volontés libres et droites, unies à d’autres volontés libres et droites, sont résolues à porter le flambeau des valeurs.

Mais cette détermination peut-elle suffire si elle n’est pas portée par la joie, la commune affection et – pourquoi pas – une forme de tendresse ?

Alors, nous pourrons espérer « voir Sisyphe heureux », comme le souhaitait Camus.

Et en tendant l’oreille, vous entendrez certainement une hirondelle.

Edouard Habrant