« En ce printemps,
Les fleurs de cerisiers
Sont rouges. »
Anonyme, 22 mars 2016
A celles et ceux qui pourraient être tentés par des replis de tous ordres, les carnages perpétrés à Bruxelles le 22 mars 2016 apportent la démonstration que les citoyens d’Europe ne sont pas seulement unis par une affliction commune.
A la douce utopie d’une Communauté européenne sous-tendue par la confiance en l’avènement d’un espace commun conciliant la liberté et la loi, le mouvement et l’ordre, l’autonomie et l’égalité des droits, succède brutalement la conscience d’une Communauté de destins.
Cette conscience doit nous rappeler fermement qu’il existe un bien commun, parfois nommé République, qui est à la base de tous les bienfaits, de toutes les libertés, de tous les possibles.
La préservation de ce bien commun implique du courage, de la part des hommes et des femmes investis de mandats ou responsabilités politiques, comme de l’ensemble des citoyens.
Chaque jour est une lutte, chaque jour est une croisée des chemins, qui contient sa part d’éternité : viser ce qu’il y a de plus élevé en chacun de nous, dans chacun des individus qui compose cette Communauté de destins, plutôt que nos passions et nos pulsions.
A défaut, nous sommes perpétuellement condamnés, à refaire le constat de Brecht que « le ventre est encore fécond d’où est sortie la bête immonde ».
La République et la démocratie ne se réduisent pas à des institutions et à des élections.
Elles prennent corps dans des individus qui, animés par un engagement et un esprit citoyens, mettent en œuvre les principes républicains de liberté, d’égalité, de fraternité, de mixité et de laïcité.
La République et la démocratie appellent de l’audace.
En transposant – certes à droit constant – dans le Code du travail la définition de laïcité-neutralité énoncée par la Cour Européenne des droits de l’homme, la France ne prend-elle pas le risque de renoncer à une proclamation ambitieuse de la laïcité, fondée sur la liberté absolue de conscience ?
Ne prenons-nous pas le risque de perdre de vue l’idée que la mixité ne doit pas s’arrêter aux portes de l’entreprise, mais s’étendre à l’ensemble de l’espace social ?
Certes, il est urgent d’agir, mais il est toujours urgent de réfléchir.
« Allons, marchons de l’avant, en unissant nos forces ».
Winston Churchill