photo Renan Loaëc
Marc Henry Grand-Maître de la Grande Loge de France avait répondu à l'invitation ainsi que deux conseillers de l'ordre du Grand Orient qui représentaient Daniel Keller.
En présence de Catherine Jeannin Naltet et d'une délégation du conseil fédéral l'assistance a écouté les interventions préparées par la Commission d'Histoire et de Recherche Maçonnique de la GLFF sur le thème, cette année, de Louise Michel l'enseignante et l'écrivaine de contes.
- La commune et l'instruction publique
La commune dès sa proclamation le 28 mars 1871 avait pour projet d'étendre à l'ensemble des êtres humains le grand rêve humaniste républicain. Elle fit de l'instruction gratuite, laïque, intégrale une priorité absolue , onze ans avant les textes de Jules Ferry !Des mairies d'arrondissements avaient prévu dans le 20eme arr. la prise en charge de la nourriture et de l'habillement des enfants, dans le 3eme arr. les fournitures scolaires gratuites et une école du 8eme arrondissement annonce « des cours publics pour permettre aux parents d’y assister à leur gré ». L’enseignement se doit d’être "intégral, c’est-à-dire de cultiver à la fois dans le même individu, l’esprit qui conçoit et la main qui exécute." La richesse foisonnante et anticipatrice des décrets de La Commune pose les principes même de la laïcité française, bases de l’école de la République.
- Louise Michel l'institutrice
Le maître mot de Louise Michel l'institutrice était:
"S'instruire pour instruire et détruire l'ignorance, la calamité de ce monde"
Dès le départ, l’institutrice et la poétesse œuvrent de pair, ce qui lui vaudra bien des désagréments, notamment celui de se voir promettre le bagne par un préfet mécontent de la portée de ses poèmes.Dès le départ Louise innove et acquiert une réputation d’originale. Dans l’école qu'elle fonde, elle pratique une pédagogie libertaire c’est-à-dire non autoritaire, non compétitive, qui en effaçant les différences de sexe dans l’Instruction prépare les individus et surtout les filles à prendre place dans la société. L’enseignement magistral y est aboli, on s’instruit par l’observation de la nature, par l’expérience, par le concret, on y apprend la musique et le dessin. On apprend surtout à réfléchir par soi-même.Sa pédagogie milite pour l’émancipation du peuple et elle considère que l’école est un vecteur d’éveil des consciences. Au delà des murs de son établissement elle soigne et instruit les pauvres et consacre du temps à éveiller ceux que l’on appelle « les idiots », persuadée qu’on peut éveiller des bribes d’intelligence chez les « anormaux. »Au bagne de Nouvelle Calédonie elle continue de donner des cours dans les écoles de la ville ainsi qu'aux enfants de déportés et dépassant le contexte colonial et raciste de l'époque elle instruit aussi les canaques tout en apprenant beaucoup d’eux.A Londres où elle s'exile pour échapper à l'internement elle ouvre une école pour les enfants des réfugiés politiques.L’éducation y est basée entre autres, sur le développement de la dignité personnelle, sur le respect de la vérité, sur le respect de l’humanité qui doit remplacer l’adoration divine. De retour à Paris en 1895 elle délaissera sa carrière d’enseignante pour se consacrer à son combat politique.
La lecture émouvante de ce conte écrit par Louise Michel a permis de découvrir que dans sa littérature enfantine Louise est encore et toujours l’incarnation de l’indignée, de l’éternelle insurgée qui dénonce les brutalités, les injustices, les inégalités et veut changer le monde au nom de l’Amour et de l’Humanité. Elle considére les enfants comme des êtres en devenir, ses contes moralisateurs les invitent à élaborer un monde nouveau car le futur est à construire, nullement soumis à la fatalité, et à percevoir, la générosité, la tendresse, la bonté qui se cache en chacun, même laid, même vieux, même fou, même démuni.
Cette intervention a rappelé quel fut le sort des enfants pendant la Commune.
Le nombre des véritables délinquants qui ont déjà subi des condamnations pour des délits causés par leur extrême pauvreté était dérisoire par rapport à la masse des adolescents impliqués.
Mais la presse Versaillaise se délecte à faire des amalgames meurtriers et à voir derrière chaque enfant, un assassin en puissance. La justice militaire ne s’est pas embarrassée de la distinction entre enfants et adolescents.
Des enfants furent tués sur les barricades , certains emprisonnés ou envoyés dans des maisons de corrections appelées bagnes d’enfants.
Lorsqu’on arrête les parents, on arrête aussi leurs enfants qui sont détenus dans les prisons de femmes dans des conditions épouvantables d’hygiène, d’insalubrité et de misère psychique .
Après les conseils de guerre, lorsqu’on déporte les parents, on confie leurs petits enfants à l’assistance publique, et les adolescents sont autorisés à les suivre.
Après la lecture d'un poème de Victor Hugo, l'assemblée a chanté en coeur "le Temps des Cerises" la chanson emblématique de la Commune écrite par Jean Baptiste Clément initié franc-maçon au Grand Orient.
Nous donnons rendez-vous pour l'année prochaine autour d'un nouveau thème à tous ceux qui voudront se joindre à nous pour une nouvel hommage à Louise Michel et à l'époque de la Commune.
photos JL Turbet