Editorial

Oser. La femme du XXIe siècle, connectée, multitâche, tchatte sur les réseaux sociaux, échange sur les forums, « tweete et retweete », court après son bus, fait répéter leurs leçons à ses enfants ou petits-enfants, pare aux urgences du quotidien.
Vie active d’échanges tous azimuts et pourtant … le smartphone ne capte pas de réseau pour les questions existentielles. Les réponses sont à chercher en soi, dans son réseau de réflexions intérieures et intimes.

Une petite voix s’élève alors dans le silence déconnecté qui appelle la femme à aligner ses différentes activités, les rôles qu’elle joue, et à les comparer avec son moi profond.
Vertige et sentiment de solitude dans ce monde de la toile, du web 2.0. et bientôt du web 3.0.

Comment s’engager seule dans ce cheminement philosophique et spirituel si intimement féminin parfois ?  Surtout ne pas bâillonner la petite voix. Lui prêter oreille.

Marie-Thérèse BESSON, Présidente 

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Histoire de la Franc maçonnerie féminine

La Franc maçonnerie moderne trouve son origine en Angleterre, dans une coutume dénommée « acceptation » qui consistait à recevoir, dans un cercle de Maçons opératifs, en qualité de membres honoraires, des personnes étrangères au Métier.

 
Les premières loges spéculatives
 
Au fil des années, avec le déclin des loges opératives, ces maçons "acceptés" privilégient le travail sur les idées plutôt que celui sur la construction matérielle.
Deux ou trois exemples connus du XVIIème siècle montrent aussi des loges qui sont d’emblée spéculatives.
 
En 1717, 4 loges se réunissent pour former la Grande Loge de Londres constituant ainsi l’ébauche de la maçonnerie obédientielle moderne.
 
En 1723, deux pasteurs, James Anderson et Jean-Théophile Désaguliers, rédigent des Constitutions fondatrices qui se démarquent définitivement de la lignée opérative même si elles sont formellement calquées sur les anciennes constitutions de métier, les "Old Charges".
 
    Cette Nouvelle Grande Loge a des liens avec la Royal Society et les milieux newtoniens.
 
L'ambition y est affirmée de dépasser les antagonismes religieux qui ont déchiré les pays, en posant des principes de :
liberté de conscience,
de tolérance
et de foi en la capacité de l'être humain à se transformer et à transformer le monde.
(Les francs maçons ne sont obligés à aucune autre religion que celle sur laquelle tous les hommes sont d’accord, laissant à chacun ses propres opinions, ils s’engagent à être des hommes de bien et loyaux ou des hommes d’honneur et de probité)
 
Bien que progressistes pour l'époque, ces constitutions ne font aucune place aux femmes et leur effet perdure : l'histoire de la Franc-maçonnerie féminine s'inscrit, comme celle de l'ensemble des femmes, dans une démarche de lutte pour l'indépendance et l'autonomie. Leur accession à une démarche maçonnique indépendante représente une grande aventure de plus de deux siècles.
 
Les loges d'Adoption sous l'ancien régime
 
1726 est la date couramment admise pour l’arrivée de la Franc-maçonnerie en France .
La mixité est une habitude de la société française où depuis près d’un siècle fleurit une culture des salons conduite par des Dames de renom telle Madame de Rambouillet ou Mademoiselle de Scudéry.
 
Aussi un certain nombre de femmes sont-elles « tout naturellement » associées à ce mouvement qui leur permet de mettre en œuvre leurs aspirations à l’égalité aux côtés d’hommes qui partagent avec elles l’espoir d’un monde plus juste et plus vertueux 
 
Qu’est ce qu’une « Loge d’adoption »
 
Il s’agit du nom donné aux premières loges où des femmes sont reçues « Franches maçonnes »
Elles sont fréquentées la plupart du temps par des femmes de la haute société : aristocratie, noblesse de robe, haute bourgeoisie.
C’est une minorité, instruite et cultivée, qui trouve un écho à ses aspirations dans ce mouvement novateur et généreux. Dans les rituels de « Maçonnerie des femmes » des loges d’adoption, dont le plus ancien manuscrit est daté de 1761, tous les grades et fonctions sont désignés au féminin.
La Franc maçonnerie exclusivement féminine moderne a gardé cette habitude.
Tout au long du 18ème siècle, un très grand nombre de loges d’adoption naissent en France, tant à Paris que dans les villes militaires parlementaires et portuaires de province. Il s’en ouvre également dans les grandes capitales en Europe et jusque dans les colonies.
Ces loges, créées au côté des loges masculines, suivent comme elles, les circuits des échanges commerciaux et des conquêtes de territoire.
La plus ancienne est peut être  la loge de «Juste» à La Haye, elle se réunit au moins durant quelques mois en 1751.
En France, on note la présence de femmes dans les loges avant 1750 ; par exemple, à Bordeaux, dans la loge « L’Anglaise », où il se disait, en 1746, que des « Loges de Franches-Maçonnes dite des Sœurs de l’Adoption » se tenaient en ville et à Brioude dans la loge « Saint Julien » où quatre femmes ont été initiées en 1747 .
 
Le « Grand Orient de France » constitué en obédience reconnaît les loges d'adoption le 10 juin 1774. Il les place sous son gouvernement, en codifiant leur existence et en leur donnant un statut, il impose notamment que les loges portent le même nom que la loge masculine aux côtés de laquelle elles fonctionnent.
 
La loge d’adoption « La Candeur », créée en 1775, est très active. Sa notoriété est considérable. Elle entretient une vaste correspondance avec les loges d’Europe et des colonies. Elle est bientôt présidée par la Duchesse de Bourbon, Sœur du Duc de Chartres et Grand Maître du Grand Orient, qui est aussi Grande Maîtresse de toutes les Loges d’Adoption de France.
La Révolution puis l’Empire avec le Code Napoléon et le XVIIIème siècle, peu favorable aux femmes, viennent cependant perturber toutes ces belles aspirations.
 
Les loges d'Adoption sous l'Empire
 
Après la tourmente révolutionnaire, la Maçonnerie d'Adoption comme toute la Franc-maçonnerie française se reconstitue : elle reprend en 1798.
 
Les loges d’adoption sont à nouveau florissantes durant tout l’Empire autour de quelques figures illustres, telles Joséphine de Beauharnais et Caroline Bonaparte.
On voit fleurir des loges Sainte Joséphine et Sainte Caroline.
 
L’impératrice Joséphine est alors Grande Maîtresse des Loges d’Adoption Régulières de France.
 
  Les loges ne retrouveront néanmoins jamais l'importance et le lustre qu'elles avaient auparavant.
Le Code Civil ayant renforcé le caractère subordonné de la position des femmes,  elles perdent leur esprit novateur et égalitaire.
Les discours se voient surchargés d’éléments moralisateurs. On s’éloigne des figures allégoriques du 18ème siècle qui stimulaient le désir de perfectionnement, le travail sur soi et l’aspiration à accéder à la vertu afin de bâtir un monde meilleur.
Les loges semblent disparaître dans la dernière partie du siècle sans être pour autant abolies.
 
La Maçonnerie d'Adoption au 20ème siècle
 
A la fin du 19éme siècle, pour toutes les obédiences, la question de l’initiation des femmes est un sujet brûlant. Pour l’immense majorité des Francs-maçons respectueux des principes édictés par les Constitutions d’Anderson, l’initiation des femmes selon le même rituel qu’eux, la présence de femmes comme membres ordinaires de loges masculines est clairement inacceptable.
 
Des femmes particulièrement combatives et militantes (dont Maria Deraismes et Madeleine Pelletier) réclament l’entrée des temples masculins et une initiation absolument identique à celle des hommes.
 
Un 1er résultat est obtenu après l’initiation de Maria Deraismes, le 14 janvier 1882 par la Loge « Les Libres Penseurs » du Pecq, qui sera autonome pendant quelques mois.
La loge-obédience « Le Droit Humain » est constituée en 1893.
 
A la Grande Loge Symbolique Ecossaise (GLSE), Obédience créée en 1880, en réaction à l’autoritarisme du Suprême Conseil Ecossais de France et dont l’existence s’achèvera en 1911, la mixité est établie à partir de 1901.
Madeleine Pelletier et Louise Michel y sont initiées.
   La Grande Loge de France (GLDF) pour sa part redonne vigueur à la tradition du 18ème siècle.
Dès 1901, des loges d’adoption y sont constituées. Elles pratiquent un rituel repris de celui du 18ème siècle et sont sous la responsabilité de la loge masculine du même nom.
Le 29 mai 1901 a lieu la 1ère tenue de la 1ère loge ainsi créée, « Le Libre Examen » , à ce jour, toujours loge n°1 de la Grande Loge Féminine de France ;
 
Une 2ème loge, initialement créée à la Grande Loge Symbolique Ecossaise, « La Nouvelle Jérusalem » est intégrée à la Grande Loge de France et la loge d’adoption sera installée le 31 mai 1907. C’est maintenant la loge n°2 de la GLFF.
 
   Malgré le conflit mondial du début du siècle qui en ralentit la progression, la Franc-maçonnerie féminine s'affirme.
L’idée d’indépendance émerge dès 1921.
Neuf nouvelles loges d'adoption sont créées de juillet 1923 à décembre 1936, ce qui porte à 11 le nombre total de créations en ce début de siècle et à plus de 300, le nombre de sœurs initiées.
Citons dans l'ordre chronologique : « La Tolérance », à Périgueux, « Union et Bienfaisance », à Paris, « Babeuf et Condorcet » à St Quentin, le « Général Peigné », « Minerve », « La Philosophie Sociale », « Thébah », « la République Sociale » à Paris et « l'Olivier Ecossais »au Havre.
 
Ces loges à l’importance longtemps occultée mais dont l’ouverture des Archives Russes ne permet plus qu’elles soient négligées, regroupent des femmes qui sont portées par un ardent désir d’affranchissement et par la volonté de changer les rapports homme/femme, non seulement dans la cité, mais aussi dans la famille et dans le couple...
Véritable berceau des idées nouvelles durant presqu’un demi siècle, elles sont des lieux privilégiés qui permettent aux sœurs de faire éclore leur identité féminine sans perdre la possibilité d’affirmer leur différence.
Une conscience collective maçonnique féminine se développe peu à peu.
 
En 1935, lors du Convent de la GLDF, les Frères décident, sans avoir consulté les Sœurs, de conférer aux loges d'adoption, l'autonomie la plus complète. Les Sœurs ne se sentant pas encore prêtes à assumer cette liberté et pressentant un cadeau empoisonné, décident, majoritairement, de maintenir le statu quo.
 
Dès l'année suivante, le Congrès annuel des Loges d'Adoption, officieusement réuni chaque année par les sœurs depuis 1926 et toléré par les frères, devient enfin officiel.
Un « Grand Secrétariat » des loges d’Adoption est créé.
 
   Une première présidente, Anne-Marie Pedeneau-Gentily est élue à l'unanimité.
Les deux questions à l'étude des loges d'adoption sont "La femme et la liberté de pensée" et "Le redressement moral".
Le chemin vers l’indépendance est largement ouvert.
 
Hélas, la deuxième guerre mondiale va disperser les maçonnes ; beaucoup d'entre elles sont déportées comme leurs Frères maçons, d'autres s'illustrent dans la Résistance. 

NAISSANCE DE LA PREMIÈRE OBÉDIENCE EXCLUSIVEMENT FÉMININE

Quelques jours après la Libération, pressées de reconstituer le chantier interrompu, les maçonnes décident de prendre leur destin en main.
Le Grand Secrétariat reprend ses activités et entreprend de constituer un "COMITÉ DE RECONSTRUCTION" qui a la double mission de retrouver les Sœurs disséminées par la tourmente et de procéder à un examen de leur comportement pendant l'occupation.
Le Comité de reconstruction, par la voix de trois sœurs Anne Marie Gentily, Suzanne Galland et Germain Rhéal, fait une demande officielle à la Grande Loge de France pour la réintégration de l'ensemble des loges d'adoption et la préparation de leur future organisation.
Le Convent de la Grande Loge de France pour sa part, vote, le 17 septembre 1945, "L'ABROGATION DE LA CONSTITUTION DE 1906 ET DES RÈGLEMENTS GÉNÉRAUX Y AFFÉRANT". Les loges d'adoption supprimées, les soeurs, pour continuer à travailler, sont incitées à créer une obédience féminine indépendante dont le titre proposé est :
 
"UNION MAÇONNIQUE FÉMININE DE FRANCE".
        
Dès le 21 octobre 1945, les Sœurs des loges rescapées se réunissent en Assemblée Générale sous la présidence d’Anne-Marie Gentily.
Sont présentes :
Le Libre Examen avec 20 membres,
La Nouvelle Jérusalem, 33 membres,
Le Général Peigné, 16 membres,
Minerve, 16 membres et
Thébah, 6 membres.         
Faisant référence aux Sœurs disparues et à toutes les victimes de la guerre, dans une allocution très émouvante où l'espoir prend le pas sur l'amertume, la Présidente déclare : "Restons dignes de toute cette martyrologie, qu'elle soit profane ou fraternelle... Jurons d'aller de l'avant comme ils l'ont fait et le feraient encore... Espérons en une vie longue et féconde de l'Union Maçonnique Féminine. »
L'année 1946 est consacrée à structurer l'obédience.
La première constitution, "Des loges d'adoption aux loges féminines indépendantes", est rédigée.
Elle pose les principes et définit les règles de fonctionnement des loges. Une réflexion approfondie est parallèlement  menée sur le rituel, une question à l'étude des loges y est consacrée : "Le symbolisme féminin dans la Maçonnerie Ecossaise".
Le premier Conseil supérieur composé de 10 Sœurs est élu de même que la première Grande Maîtresse.
 
Elle s'exprime ainsi :
"Un fait est là : notre institution, pour meurtrie qu'elle soit, est constituée. Nous sommes bien faibles, puisque seul un tiers de notre organisme a renoué la chaîne d'union. Il ne dépend que de nous-mêmes de la développer, de la faire grande, forte et belle et de lui faire jouer le rôle national et international que nous ambitionnons".
La prophétie se réalise et tout va très vite :
1948 voit la création de la première loge en province par des femmes, pour des femmes: Athéna à l'orient de Toulouse

22 septembre 1952, l'Union Maçonnique Féminine de France devient La Grande Loge Féminine de France.

 

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