FAQ – Frequently Asked Questions

1. Qu’est ce que la Franc-maçonnerie?

La Franc-maçonnerie est une organisation composée d’hommes libres : associés sans distinction de classe, de race, de langue, de religion, de nationalité, de culture ni de fortune ;

unis dans la même conviction que l’homme est perfectible et peut, s’il le veut, améliorer le sort de l’humanité par la pratique personnelle d’un idéal de bonté, de beauté, de dialogue et de solidarité ;

ayant choisi la méthode du langage symbolique comme moyen de communication universel dans des rites et des réflexions philosophiques, esthétiques ou poétiques à l’exclusion de tout sujet politique ou religieux.

La Franc-maçonnerie ouvre à l’individu un champ infini de perception, de réflexion, de méditation, de créativité, d’amitié, de dialogue et de spéculation intellectuelle.

La Franc-maçonnerie propose à l’individu de s’élancer dans l’espace cosmique de l’aventure spirituelle par le questionnement illimité. Elle ne dispose d’aucune réponse et ne lui en impose aucune.


2. La Franc-maçonnerie est un ordre.

La Franc-maçonnerie est un Ordre, cela signifie qu’elle repose sur une organisation ordonnée et structurée selon une règle. Cette Règle définit le fondement de la Régularité maçonnique dans tous les pays du monde. Les Francs-maçons qui respectent cette Règle sont les Maçons Réguliers.

La Règle maçonnique traditionnelle existe depuis au moins le XIVme siècle. Ses plus anciennes transcriptions en notre possession sont écrites en anglais médiéval et datent de 1390 (Manuscrit Regius) et de 1400 (Manuscrit Cooke). Elle se trouve dans de nombreux documents manuscrits ou imprimés, collectivement appelés Old Charges(en français : Anciens Devoirs).

L’analyse de ces Devoirs montre la permanence d’exigences constantes, appelées Landmarks depuis 1723, date à laquelle Anderson employa l’expression dans ses Constitutions. Diverses recensions en existent mais toutes contiennent les quelques principes incontestables (Landmarks) suivants :

Tout Franc-Maçon affirme l’existence de Dieu, Être Suprême, qu’il définit librement, appelé Grand Architecte de l’Univers.

La Franc-maçonnerie cultive la Fraternité.

Le Secret absolu sur tout travail maçonnique est un devoir fondamental pour tout Franc-maçon.

La Franc-maçonnerie n’admet pas les femmes à participer à ses travaux.

Le travail maçonnique se fait en Loge, sous la direction d’un Maître de Loge.

La progression personnelle du Franc-maçon passe par trois grades successifs : Apprenti, Compagnon et Maître.

Toute Initiation maçonnique est scellée par un Serment solennel de fidélité, prêté sur la Bible ou sur le Livre considéré comme sacré par le candidat.

L’Initiation en trois grades de la Maçonnerie a pour cadre symbolique la construction du Temple de Salomon à Jérusalem et culmine au 3e grade en une évocation de la mort violente de son Architecte légendaire, le maître Hiram.

Selon les époques, les lieux et les rites, ces principes ont pu parfois être complétés par divers ajouts, mais, sous peine d’irrégularité, aucun d’eux, jamais, ne peut être atténué ou supprimé.

Toute Obédience maçonnique qui ne respecte pas scrupuleusement ce principe, se voit immédiatement exclue de la Franc-maçonnerie universelle. C’est ce qui arriva en Belgique et en France en 1872 et en 1877 pour les Grands Orients de ces pays.

La justification d’une telle rigueur dans le respect des landmarks est le principe de continuité et d’unité dans le temps et à travers l’espace : elle unit les Frères d’hier et d’aujourd’hui et des deux hémisphères au sein d’une chaîne ininterrompue d’initiations successives.


3. La Franc-maçonnerie : un ordre initiatique.

La Franc-maçonnerie est un Ordre, mais elle est un Ordre initiatique.

Depuis l’aube des temps, l’homme cherche des réponses à ses questions sur la souffrance, la mort, l’amour, le bien et le mal, le sens de la vie, etc.

Certains aspirent à se perfectionner pour vivre mieux dans leur corps, leur esprit et leur cœur.

En ce sens, l’Initiation maçonnique est un processus spirituel de perfectionnement intérieur. Elle ne procure aucune réponse toute faite, mais elle donne des outils méthodologiques permettant à chacun de poursuivre sa recherche intérieure et de construire ses propres réponses.

Ces outils s’adressent à ce que nous avons de plus profond en nous. Ils sont au-delà des mots qui sont bien impuissants à exprimer l’essentiel, c’est-à- dire l’ineffable, à traduire l’indicible.

Ils sont les symboles qui sont mis en œuvre et transmis par des rites initiatiques. Les rites maçonniques sont des mises en scène formalisées dont tous les éléments (paroles, gestes, objets, lumières, musiques, etc….) sont autant de messages à décoder, à décrypter.

Par l’effort personnel d’interprétation progressive des rites, le processus de perfectionnement intérieur se met en marche. Aboutit-il à la perfection? Bien rarement, ce serait orgueil que de le croire. Mais ce qui importe dans le voyage c’est de progresser en marchant avec ses Frères, bien plus que d’atteindre la destination finale…


4. Pourquoi le respect du Rituel est-il si important en Franc-maçonnerie?

Le Rituel est tout à la fois un mode de communication, un véhicule de messages et un message en lui-même. Mais il constitue également un ensemble de signes qui marquent et délimitent un espace de concepts et de symboles. Le moment d’exécution d’un rituel délimite un temps chargé de sens. Dès lors, le rituel balise un espace et un temps spécifiques au sein desquels chaque mot et chaque geste créent, portent et transmettent du sens. Respecter le rituel, c’est aussi respecter les Frères.

D’un point de vue individuel, le rituel est comme un livre qui offre bien des joies et des découvertes à celui qui fait l’effort d’apprendre à le lire. Il met en œuvre un ensemble de symboles (objets, gestes, paroles, décors, musiques, etc.) qui véhiculent l’héritage spirituel de la Franc-maçonnerie. Le rituel est donc un outil essentiel de perfectionnement individuel de chaque Franc-maçon.

D’un point de vue collectif, le rituel est le langage commun, partagé par tous les Frères du monde, qui se vit même lorsqu’on ne comprend pas la langue locale. En ce sens, le rituel est un langage universel au-delà des mots. Il est aussi un lieu culturel où les Frères se retrouvent au sens de retrouver ses Frères dans les retrouvailles de l’amour fraternel, mais aussi au sens de se retrouver soi-même à sa propre source, hors des fureurs et des bruits du monde profane.

Généralement, chaque Loge pratique six rituels de base auxquels viennent se rajouter plusieurs rituels de circonstance.

Les rituels de base sont :

l’ouverture des travaux de Loge (à chacun des trois grades),

la fermeture des travaux de Loge (à chacun des trois grades),

l’initiation au grade d’Apprenti,

le passage au grade de Compagnon,

l’élévation au grade de Maître,

l’installation du Vénérable Maître de la Loge et de ses officiers.

Des rituels de circonstance peuvent y être ajoutés comme par exemple :

la consécration d’une nouvelle Loge,

les fêtes solsticiales de la Saint Jean d’été et d’hiver,

etc.

L’ensemble de ces rituels de base constitue un rite (voir question n°5).


5. Qu’est-ce qu’un rite?

Le mot rite a deux sens. Il désigne tout cérémonial, même anodin (la poignée de main ou le salut militaire, par exemple), mais aussi l’ensemble des règles et cérémonies pratiquées dans un contexte hiérarchisé. Par exemple, l’Eglise catholique a ses « Rites » (romain, grec, maronite ou copte) qui sont des modes ou des styles différents de communiquer un message chrétien. De même, la Franc-maçonnerie transmet ses degrés en des cérémonies dont le style et le climat diffèrent selon les « Rites ». Ces différences reflètent les caractéristiques locales, les intérêts particuliers des rédacteurs de rituels ou le génie propre à chaque langue.

Pour différents qu’ils soient dans le détail, ces « Rites » possèdent un fond commun : la transmission des initiations d’Apprenti, Compagnon et Maître selon une terminologie empruntée aux corporations médiévales; le recours au travail de la pierre comme soutien symbolique et une légende, propre au grade de Maître, librement inspirée de la Bible.

Cette succession obligée d’initiations illustre la leçon majeure de l’Ordre maçonnique : la perfectibilité de l’homme. Elle incite l’adepte à entreprendre cette tâche qui ne peut qu’être inachevée.

La Grande Loge Régulière de Belgique pratique, en français et en néerlandais, les Rites suivants : Moderne, Français, Ecossais Ancien et Accepté, Ecossais Rectifié et Ecossais Philosophique. Sont également pratiqués, en langue anglaise, les rituels de New York et de Californie (les pays anglo-saxons préfèrent utiliser le terme Working, plutôt que le mot « Rite » dans le sens défini plus haut) ; en langue allemande, les rituels de la Grande Loge AFAM d’Allemagne; en langue grecque le Rite Ecossais Ancien et Accepté.

En quelques lignes, ces rites, en ce qui concerne les grades bleus (Apprenti, Compagnon et Maître), peuvent être présentés comme suit :

Rites (Workings) Américains : établis aux USA au 18e siècle, ils ont conservé un caractère archaïque et opératif très marqué, leur symbolisme, basé sur les outils du métier, étant essentiellement consacré à enseigner un système de moralité. Ils sont empreints d’une atmosphère très biblique, d’inspiration protestante.

Rite Français : codifié en France en 1786, il ajoute au symbolisme opératif hérité des Britanniques des éléments chevaleresques, introduits par les premiers Francs-maçons français qui, très souvent, appartenaient à la noblesse. De par son époque, il est marqué d’un christianisme tolérant, plus suggéré qu’affirmé.

Rite Ecossais Philosophique : apparu dans le sud de la France vers 1774, c’est une variante du précédent.

Rite Ecossais Rectifié : établi à Lyon entre 1778 et 1788, il contient les mêmes éléments que le Rite Français mais en use pour communiquer les rudiments d’une doctrine philosophico-religieuse, celle de Martinez de Pasqually (1727-1774). Contrairement à une opinion répandue, les grades bleus en sont déistes et non chrétiens.

Rite Ecossais Ancien et Accepté : créé à Paris sous le premier Empire, ses rituels sont un mélange d’influences anglo-saxonne et française. Il insiste sur la lecture alchimique du symbolisme traditionnel.

Rite Moderne (Belge) : variante simplifiée du Rite Français, avec de nombreux emprunts aux « Rites Ecossais ». Héritier de la Maçonnerie belge du 19e siècle, très universaliste, il est rédigé dans un langage actuel.


6. J’ai entendu parler du Grand Orient (GO), de la Grande Loge (GL), de la Grande Loge Féminine (GLF), du Droit Humain (DH) et de la GLRB (Grande Loge Régulière de Belgique). Est-ce la même chose?

La réponse est, sans équivoque, négative. Les principes qui les régissent sont différents, même si les apparences leur confèrent certaines similitudes.

Dans tous les cas, il s’agit en effet de Loges, groupées en fédérations sous la supervision d’un corps régulateur national, dont l’objet essentiel est la communication des trois degrés maçonniques fondamentaux (Apprenti, Compagnon et Maître). Là s’arrête la parfaite ressemblance.

La Grande Loge Régulière de Belgique exige de tous ses adeptes qu’ils affirment l’existence de Dieu, Être Suprême, qu’elle désigne sous le nom de Grand Architecte de l’Univers; elle ne définit pas l’ Être Suprême et laisse à chacun la liberté absolue de le concevoir. Elle requiert de ses adeptes qu’ils prêtent des serments sur un Livre Sacré; elle interdit les discussions sur des sujets de religion ou de politique en loge ; elle ne reconnaît aucune autorité supérieure à la sienne, locale ou étrangère, dans les domaines maçonniques ; elle n’accepte en son sein que des hommes âgés de plus de 21 ans.

Les autres Obédiences évoquées dans la question ont sur l’un ou l’autre de ces points une attitude différente, voire opposée. Ces divergences excluent tout travail en commun.

La Franc-maçonnerie spéculative, fondée en Angleterre en 1717, s’est répandue ensuite sur les différents continents du globe. A la fin du siècle dernier, en ces époques d’athéisme, de rationalisme et de scientisme militant, l’obligation incontournable de la foi en l’existence de Dieu, Être Suprême, posa problème à certains qui voulurent éradiquer le Grand Architecte de l’Univers ainsi que l’interdiction de discussion en Loge de sujets politiques et religieux. Ainsi, les Grands Orients de Belgique et de France sortirent, délibérément, de ce qu’on appelle la Régularité Maçonnique, c’est-à-dire l’acceptation et le respect de toutes les règles et lois fondatrices de ce qui a été défini comme étant la Franc-maçonnerie. Les relations entre ces Obédiences et l’ensemble des Grandes Loges du monde furent rompues.

En 1959, des Francs-maçons désireux de retrouver la régularité ancestrale et de renouer avec l’ensemble des Francs-maçons du monde, quittèrent à leur tour le Grand Orient de Belgique et constituèrent la Grande Loge de Belgique.

En 1979, suite à une dérive vers des pratiques incompatibles avec la Régularité Maçonnique, les Grandes Loges du monde entier rompirent leurs relations avec la Grande Loge de Belgique. Une partie des Maçons de la Grande Loge de Belgique entendirent réagir contre cet état de choses et, dès le 15 juin 1979, neuf Loges créèrent la Grande Loge Régulière de Belgique. Celle-ci fut reconnue par les Grandes Loges du monde entier et depuis lors, elle s’est fortement développée et installée sur tout le territoire.


7. Quels liens existe-t-il entre le Compagnonnage et la Franc-maçonnerie?

Le Compagnonnage se compose d’associations d’artisans pratiquant un métier bien précis : charpentiers, serruriers, cuisiniers, etc. qui possèdent des règles particulières de réception et d’organisation.

Une des fonctions essentielles du Compagnonnage est la formation des jeunes qui se poursuit par des stages au cours du « Tour de France ».

Les rapports entre la Franc-maçonnerie et le Compagnonnage ont fait couler beaucoup d’encre. Le Compagnonnage existe depuis au moins le 17e siècle, bien avant que ne s’organise la Franc-maçonnerie telle que nous la connaissons. Bien qu’il n’y eût jamais de liens structurés entre les deux organisations, aux 19e et 20e siècles de nombreux Compagnons étaient également Francs-Maçons. Les emprunts mutuels sont incontestables, principalement d’ailleurs de la part de la Franc-maçonnerie. Les sociétés compagnonniques ont, bien mieux que le Franc-maçonnerie, su préserver le secret de leurs traditions.


8. Pourquoi la Franc-maçonnerie Régulière n’accepte-t-elle pas les femmes en Loge?

Il se fait que la Maçonnerie spéculative, qui emprunte de manière symbolique aux éléments d’un métier typiquement masculin -la Maçonnerie opérative-, est née en tant que société d’hommes et que, dans sa Régularité, elle s’est développée sans attenter à cette caractéristique, admise par ses membres avec l’ensemble des règles traditionnelles qui fondent la pratique de l’Art Royal.

Au-delà de cette donne socio-historique, le fait que les Loges soient réservées aux hommes peut être mis en parallèle avec la nature des travaux qui s’y déroulent. Ceux-ci touchent à la personnalité même des participants, qui privilégient l’être sur le paraître, et qui s’invitent, dans un climat empreint de sérénité, à connaître leurs qualités et leurs défauts, sans concession aux convenances de la société profane, dont la Loge ne cherche d’ailleurs pas à reproduire le modèle dans son univers sacré.

On peut penser que pour certains, la mixité ne serait pas propice à la création et à l’entretien de l’atmosphère appropriée, dans la mesure où elle pourrait susciter des attitudes et des comportements individuels incompatibles avec la recherche personnelle à laquelle s’emploie le Maçon en Loge autant qu’avec le fonctionnement harmonieux du groupe.

En outre, le Maçon voue un réel respect et un grand attachement à la femme et rien dans ses travaux initiatiques ne saurait heurter ses convictions à cet égard, pas plus qu’ils ne l’empêchent de la considérer comme son égale dans la société.

Il existe par ailleurs en Belgique une Grande Loge Féminine.


9. La Franc-maçonnerie a-t-elle un chef suprême?

La réponse est négative.

La Franc-maçonnerie possède des structures hiérarchiques de responsabilités et de décisions; toutefois, il ne s’agit nullement d’une hiérarchie d’hommes mais d’une hiérarchie de fonctions.

Les Officiers Dignitaires assument des charges. Ils doivent avant tout servir leurs Frères. Leurs mandats sont limités dans le temps.

De plus, il y a deux dimensions hiérarchiques totalement distinctes et indépendantes.

D’une part, il existe un pouvoir initiatique qui est celui de conférer un grade maçonnique à un homme qui en a acquis le mérite, conformément à la Règle de l’Ordre et du Rite. Ce pouvoir est exercé par les Vénérables Maîtres des Loges.

D’autre part, il existe un pouvoir administratif qui concerne la promulgation et l’application des statuts et règlements généraux de la Franc-maçonnerie locale. Ce pouvoir administratif est, en Belgique, exercé par la Grande Loge Régulière de Belgique. Celle-ci est composée de l’ensemble des délégués des Loges de l’Obédience ainsi que du Grand Comité (organe directeur de la Grande Loge Régulière de Belgique). Le nombre de délégués varie en fonction de l’importance de la Loge ; chaque Vénérable est délégué de droit.

Le Grand Comité, pour sa part, se compose du Grand Maître et des principaux Grands Officiers. Le Grand Maître est élu pour trois ans. Il choisit les membres du Grand Comité.

Le Grand Maître est donc responsable devant les Vénérables du bon ordre et du bon fonctionnement de l’Obédience, en ce compris les relations d’amitié avec les Grandes Loges des autres pays, la promulgation et le respect des statuts, constitutions et règlements généraux de l’Obédience et la consécration de nouvelles Loges dans le respect des Règles de l’Ordre.

Il n’existe pas de fédération internationale formelle des Grandes Loges en une « super-Grande Loge mondiale ». Chaque Obédience est nationale et n’a de comptes à rendre à aucune autorité étrangère. Il existe certes des relations internationales entre les Obédiences maçonniques, comparables aux relations diplomatiques entre Etats, mais aucune organisation supranationale n’a de pouvoir régulateur. Chaque Grande Loge émet ses critères propres qui la guident dans l’établissement ou non de relations fraternelles avec d’autres Grandes Loges.

Les Principes de base pour la reconnaissance de Grandes Loges, adoptés en 1929 par la Grande Loge Unie d’Angleterre, sont les mieux connus : régularité d’origine, croyance en Dieu ; prestations de serments sur le volume de la loi sacrée (c’est-à-dire le livre sacré reconnu comme tel par l’impétrant) ; souveraineté absolue de la Grande Loge sur les trois grades bleus (c’est-à-dire son indépendance de tout système de hauts-grades) ; exposition du volume de la loi sacrée, de l’équerre et du compas pendant les travaux (les réunions) ; respect des anciens usages et coutumes.


10. La Franc-maçonnerie est-elle un cercle privé d’individus d’un certain âge? Survivra-t-elle au-delà du 21è siècle ?

Bien que cela soit en train de changer à vive allure, il est vrai que la Franc-maçonnerie a longtemps recruté des hommes mûrs dans la quarantaine ou la cinquantaine. Aujourd’hui par contre, il n’est pas rare de voir un homme jeune de 25 ou 30 ans recevoir la Lumière de l’Initiation maçonnique.

En fait, l’âge civil a peu d’importance. Ce qui compte, c’est la maturité morale, intellectuelle et spirituelle des impétrants. Devenir Franc-maçon, c’est avant tout se sentir co-responsable de l’avenir du monde et de l’humanité, sans orgueil ni forfanterie, mais avec la conviction et la détermination que chacun, à son échelle et autour de lui, en faisant effort sur lui-même, pourra apporter un peu plus de joie et atténuer un peu plus de souffrances. Cela nécessite du courage, de la volonté, de la conscience. C’est de cette maturité qu’il est question.

La Franc-maçonnerie survivra-t-elle?

La question est donc : Y a-t-il un avenir à terme pour la Franc-maçonnerie?

Comme toute création de l’homme, la Franc-maçonnerie n’est pas éternelle, mais elle a un avenir.

D’abord, la Franc-maçonnerie aura l’avenir que les Francs-maçons lui façonneront. Ils sont des hommes libres, conscients à la fois de leurs forces et de leurs faiblesses, de leurs rêves et de leurs limites. La Franc-maçonnerie se fera par eux, et seulement par eux.

Ensuite, au travers de ses siècles d’existence, la Franc-maçonnerie a développé une certaine distance par rapport aux modes. Ceci est, pour elle, un gage de pérennité, même si parfois son attachement à certains principes anciens n’est pas toujours compris.

Mais, plus profondément, notre monde vit un changement radical de paradigme. L’ère rationaliste des Etats, née de la Renaissance, est en train de mourir sous nos yeux. Une nouvelle ère s’ouvre, non pas contre le rationalisme, mais au-delà de lui. D’autres modes de Connaissance sont nécessaires aujourd’hui. L’ascèse initiatique est de ceux-là.

La Franc-maçonnerie véhicule une espérance vitale à notre monde en pleine crise.

Cette espérance est double :

D’abord, une espérance fondée sur le profond attachement de la Franc-maçonnerie à l’Humanisme qui fait de l’homme son souci central, dans le respect des idées et des différences.

Ensuite, une espérance fondée sur l’efficience de sa méthodologie symbolique et initiatique plus apte à l’épanouissement de l’Homme.

Ensemble, ces deux espérances disent ceci : l’Homme peut devenir spirituellement adulte. Il peut se libérer de certaines réponses toutes faites. Il doit partir lui-même à la recherche de sa propre vérité.

L’heure est venue pour lui de savoir qu’il n’y a pas, qu’il n’y a jamais eu, qu’il n’y aura jamais de réponse définitive et sûre, que la Vérité absolue est un mythe, que LA Vérité est inaccessible.

C’est probablement cela, devenir spirituellement adulte.

Face au désarroi qu’entraîne cette prise de conscience, la Franc-maçonnerie offre une méthode de construction de soi au travers de l’amour des autres. Cette méthode, faite de rites et de symboles, ne véhicule que les outils. Seul l’artisan taille la pierre. Personne ne le fera à sa place. Lui seul est maître de son propre talent. Ses Frères peuvent seulement encourager son effort, le soutenir de leurs conseils, l’assister lorsque la tâche est trop lourde, le guider parfois vers un coin du métier ou du chantier plus obscur ou plus difficile, mais jamais ils ne pourront se substituer à lui.


11. Les Francs-maçons ne sont-ils pas racistes ou élitistes?

Le racisme sous toutes ses formes est une aberration et une indignité.

La Franc-maçonnerie le condamne sans hésitation. Les Francs-maçons de toutes origines, de toutes religions, de toutes classes sociales et de toutes couleurs en témoignent.

La Franc-maçonnerie privilégie-t-elle l’élitisme?

C’est vrai sous trois aspects:

La foi, la croyance et la confiance dans la perfectibilité de l’homme.

Tout homme, quel qu’il soit, peut progresser dans les domaines de la spiritualité, des connaissances, du savoir, de ses jugements, de ses opinions. Tout homme peut élargir ses champs de perception et de compréhension. Tout homme peut apprendre et transmettre. En fait tout homme peut perfectionner sa vision de la vie et la conception de son propre rôle dans la société humaine.

L’esprit peut attendrir le cœur, le cœur peut stimuler l’esprit.

C’est la conviction intime du Maçon. Si son regard sur la condition humaine progresse, sa nouvelle vision trouvera le chemin de son cœur.

Si son cœur tressaille et saigne face aux abominations qui peuvent accabler les vivants, ses sentiments encourageront son esprit et stimuleront son intelligence en vue d’actions à mener. Chez l’individu, tout est lié s’il vainc l’indifférence.

La force de l’humilité.

Le Franc-maçon ne revendique aucun privilège, ni aucun pouvoir. Il sait qu’il ne sait pas, qu’il ne connaît pas la Vérité mais qu’il peut la rechercher. En outre, il s’engage à respecter sa parole d’honneur et d’être fidèle à son serment.

Cela exige un respect de soi et des autres.

Dès lors, lorsque des candidats se présentent, il ne s’agit pas de recruter, mais de scruter s’ils ne font pas fausse-route. Seront-ils heureux en Franc-maçonnerie ? Comprennent-ils le sens de cet élitisme du cœur et de l’esprit qui se construit par une vie de fraternité sans attente de retour, de sensibilité à la condition humaine et à la poésie des choses, d’ouverture aux différences, de compréhension du beau loin des modes éphémères, dans l’émerveillement face à la création.

Ni recrutement, ni sélection, mais convergence d’individus prêts à marcher avec d’autres sur les sentiers sinueux, difficiles et humbles de l’apprentissage, de l’acceptation de l’autre, de la sensibilité, de la générosité, mais aussi de l’amitié, de la sincérité et de l’affection.

Par là, la Franc-maçonnerie est une élite et fière de l’être.


12. Pourquoi la Franc-maçonnerie a-t-elle une réputation d’affairisme?

Cette réputation d’affairisme, que d’aucuns prêtent à la Franc-maçonnerie, a quelques racines historiques. Les plus marquantes sont le clientélisme et l’affairisme développés par le Grand Orient de France tout au long de la troisième République (1870-1940), alors qu’à cette époque, la plupart des détenteurs du pouvoir appartenaient à cette organisation. Un autre exemple est la soi-disant Loge maçonnique P2 qui fit long feu en Italie dans les années 1980.

L’affairisme comme le clientélisme, qu’ils soient financiers ou politiques, sont des comportements fondamentalement incompatibles avec l’éthique maçonnique.

Mais au quotidien, l’amitié entre Frères n’est-elle pas le ferment d’arrangements, de combines, de bons coups, de bonnes affaires, etc.? La tentation n’est-elle pas grande de profiter de ce lien fort d’amitié pour établir des complicités?

En politique comme en affaires, l’amitié comme la complicité peuvent être bénéfiques, tout comme elles peuvent s’avérer maléfiques.

Elles sont bénéfiques lorsqu’elles ne lèsent aucun tiers, tout en apportant une solution à un problème réel. Les exemples ne manquent pas où la solidarité maçonnique a permis de soulager de nombreuses détresses, ne serait-ce qu’au travers des milliers de projets philanthropiques que les Loges développent partout dans le monde, discrètement en Europe, ostensiblement en Amérique.

Elles sont maléfiques et nuisibles dès lors qu’elles favorisent les intérêts personnels des amis, au détriment des tiers. Clairement, la Franc-maçonnerie condamne ce genre d’agissements.


13. La Franc-maçonnerie est-elle une société secrète?

La Franc-maçonnerie est une société fermée dont le recrutement est fondé sur la cooptation. La liste de ses membres est confidentielle et n’est publiée dans aucun document public.

Tout Franc-maçon est libre de dévoiler son appartenance à qui il l’entend, mais il ne peut dévoiler celle d’un autre membre. Ce qui se fait et se dit en Loge est théoriquement couvert du sceau du secret et ne peut être divulgué à des non-Maçons. Cette exigence de confidentialité est en tous points comparables à celle de tout conseil d’administration ou d’autre société similaire !

Mais si la Maçonnerie est discrète, elle possède des secrets qui ne sont autres que des modes de reconnaissance qu’employaient autrefois les maçons de métier, souvent illettrés, pour se reconnaître entre eux. Ces secrets, aujourd’hui décrits dans des ouvrages accessibles à tous, ne sont utilisés qu’à des fins rituelles, pendant les diverses cérémonies maçonniques.


14. Qu’en est-il du fameux Secret maçonnique?

Ce fameux Secret maçonnique fait tant jaser depuis si longtemps… Depuis trop longtemps!

Le Secret maçonnique, comme tout ce qui est maçonnique, est avant tout un symbole qu’il faut décoder, décrypter, interpréter. Ce curieux symbole a plusieurs racines.

La première racine est historique : les Francs-maçons opératifs étaient des hommes de métier, souvent illettrés, dépositaires d’un réel savoir-faire. Il suffit de visiter un jour une basilique comme Vézelay ou une cathédrale comme Chartres ou Reims pour se rendre compte du miracle que ces édifices constituent.

Les règles du métier, pour n’être ni corrompues, ni détournées, devaient être tenues secrètes. Tout nouveau maçon devait prêter serment, sous peine des sanctions les plus graves (…avoir la gorge tranchée, le coeur arraché et les tripes extirpées…) de garder inviolables tous les secrets du métier et de ne les révéler qu’à quelqu’un dûment reconnu comme maçon de métier. Pour se faire reconnaître, des mots, des signes et des attouchements secrets étaient et sont toujours d’usage.

La deuxième racine est sociologique : en pays catholiques, au 19e siècle surtout, l’Eglise a fréquemment condamné la Franc-maçonnerie. De plus, le nazisme et le communisme, comme tous les totalitarismes, sont profondément allergiques à la Franc-maçonnerie qui véhicule des messages de liberté, de tolérance et de différence. Des Maçons sont morts dans les camps et les goulags aux côtés de Juifs et de Tziganes.

Cette condamnation et ces persécutions ont induit une certaine obsession du secret chez bien des Maçons. Cette obsession a moins de raisons d’être aujourd’hui, mais les habitudes sont prises et il est vrai que, dans certains milieux, s’afficher comme Franc-maçon peut conduire à des désagréments, notamment professionnels. Cela explique pourquoi, dans nos pays, il est de règle de ne jamais dévoiler l’appartenance d’un Franc-maçon vivant à quiconque, sans sa permission expresse.

La troisième racine est psychologique : elle exprime seulement que l’amour fraternel, la connivence, la sérénité, la tranquillité d’esprit et d’âme requièrent une certaine intimité. Et que cette intimité n’est possible qu’à l’écart, dans des lieux réservés.

Ensemble, ces trois raisons expliquent pourquoi la Franc-maçonnerie n’est pas une société secrète, mais une société discrète.

Mais il y a une quatrième racine autrement plus sérieuse, symbolique et initiatique celle-là. L’Initiation maçonnique enclenche, dans les couches les plus profondes de l’individu, un processus de perfectionnement impossible à exprimer à quelqu’un qui ne le vit pas lui-même.

Tout ou presque tout a été révélé sur la Franc-maçonnerie. Les librairies regorgent d’ouvrages plus ou moins pertinents, plus ou moins authentiques, plus ou moins sérieux, qui révèlent les rituels, les mots de passe, les poignées de main. Il n’en demeure pas moins que le vrai secret de la Franc-maçonnerie est incommunicable à quiconque n’est pas Franc-maçon. Déjà au 18e siècle circulait ce petit sonnet anonyme bien connu :

Pour le public, un Franc-maçon

Sera toujours un vrai problème,

Qu’il ne saurait résoudre à fond

Qu’en devenant Maçon lui-même.

C’est de l’effort, du travail, du combat communs que naissent les connivences et les fraternités qui vont au-delà de tous les mots : là est l’essence du seul et véritable Secret maçonnique que nul, jamais, ne saura trahir.


15. La Franc-maçonnerie est-elle une secte?

Non. Elle ne dispose d’aucun dogme et n’impose aucune croyance. Elle rassemble des êtres qui partagent la conviction que l’homme est perfectible. Les Maçons ne sont ni des militants, ni des croisés; ils ne cherchent à convertir qui que ce soit.

L’entrée en Maçonnerie est un acte mûrement réfléchi et libre de toute contrainte. La Franc-maçonnerie n’exerce aucun pouvoir coercitif sur ses membres, qui l’ont rejointe de leur plein gré et peuvent la quitter de même. Elle ne communique aucune doctrine, philosophique ou autre, qui soit présentée comme la vérité suprême. Elle n’est pas non plus une religion et accepte en son sein les fidèles de toute religion comme d’ailleurs tout croyant, même s’il ne reconnaît aucune des religions organisées.


16. Les Maçons sont-ils anticléricaux?

La Franc-maçonnerie ne peut être antireligieuse, dans la mesure où elle exige de ses membres la croyance en Dieu, qu’ils sont libres de définir. Elle ne peut non plus être anticléricale  puisque cette attitude est d’abord une prise de position politique. Ces préoccupations ne la concernent pas.

Néanmoins, la dérive anticléricale de la Maçonnerie française, italienne et belge aux XIXème et XXème siècles est un fait indiscutable qui, aujourd’hui encore, creuse un fossé profond entre les Maçonneries dites régulières (anglo-saxonnes, scandinaves et européennes) et les autres (Grands Orients ou Grandes Loges de France et de Belgique, Droit Humain et d’autres, confinées aux pays latins).

Cette dérive résulte de deux facteurs : la condamnation de la Maçonnerie par l’Eglise catholique et la bipolarisation de la vie politique dans les pays latins. Le premier éloigna les catholiques des loges (ils y étaient nombreux au 18e siècle !), lesquelles devinrent le refuge des tenants de la laïcité. Le second accentua l’antagonisme des deux partis qui s’exprima, entre autres, dans les discours tenus, en Loge ou ailleurs, par les anticléricaux devenus Francs-maçons.

Actuellement, la situation tend à se normaliser : la Grande Loge Régulière de Belgique, comme toutes les Obédiences avec lesquelles elle est en relation, adopte une position de stricte neutralité en ce domaine.


17. Pourquoi les Francs-maçons prêtent-ils serment sur la Bible?

Pourquoi la Bible?

Les Maçons prêtent serment, depuis toujours, sur un livre considéré comme sacré et qui donne à leurs engagements un caractère solennel et irrévocable.

Tout naturellement, dans les pays occidentaux, ce livre était la Bible. Actuellement, le candidat Franc-maçon prête son serment d’engagement sur le livre de son choix.

Précisons que les Francs-maçons, dont les racines religieuses personnelles ne se reconnaissent pas dans la Bible, peuvent, sans le moindre problème, prêter serment sur le Livre Sacré de leur choix, ouvert à côté de la Bible. Ainsi, de par le monde, il n’est pas rare de voir ouvert sur l’autel des Loges maçonniques, en plus de la Bible, un Coran musulman, une Torah hébraïque, la Bhagavad Gîtâ hindoue, etc.

En définitive, peu importe le véhicule Sacré, pourvu qu’il soit présent.


18. Qu’en est-il du Serment maçonnique?

Chaque fois qu’il est prêté, il répète en gros la même chose, à la fois d’une apparente simplicité et d’une intense profondeur.

Il tient en trois points combinés de façons variables :

garder le secret (voir la question du secret),

rester fidèle (ne trahir ni ses Frères, ni l’Ordre maçonnique),

persévérer dans le perfectionnement (marcher sur le chemin de l’Initiation).

Ces serments sont prêtés sur le Volume de la Loi sacrée, afin que celui qui les prête s’engage par rapport à lui-même du plus profond de lui-même, sur ce qu’il a de plus sacré. Le Livre sacré ouvert sur l’autel en est le symbole.


19. Les handicapés physiques peuvent-ils devenir Francs-maçons?

Oui, si leur handicap ne les empêche pas de participer aux tenues, sinon, la Maçonnerie ne leur sera d’aucun apport.

Si l’on devient handicapé après avoir acquis la qualité de Franc-maçon, on reste Franc-maçon et les Frères poursuivent les relations d’une manière ou d’une autre.


20. Faut-il être riche pour entrer en Franc-maçonnerie?

Non. C’est nettement moins coûteux que de fumer. La Franc-maçonnerie n’impose pas un sacrifice mais un choix.

Les coûts d’appartenance à la Franc-maçonnerie sont relativement modiques. La cotisation annuelle pour participer aux frais de fonctionnement de la Loge est en général comprise entre 125 et 250 € dont une part est ristournée à l’Obédience pour couvrir ses propres frais.

A chaque réunion de la Loge (une tenue dans le jargon maçonnique) circule un tronc de la Veuve ou tronc de bienfaisance ou encore tronc de solidarité, où chacun dépose l’obole qu’il souhaite (en général de l’ordre de 2.5 €). Ces dons sont destinés à financer les actions philanthropiques que les Loges mènent à titre individuel ou collectif.

Dans beaucoup de Loges la tradition veut que les Frères dînent souvent ensemble après la Tenue. Ces repas sont théoriquement facultatifs, mais ils sont fraternellement très souhaités. Selon les Loges, ils coûtent de l’ordre de 10 € à  25 €,  boissons comprises.

Enfin, pour les Loges disposant d’un bar, les fins de soirées peuvent, si on le désire, se prolonger quelque peu et engendrer des dépenses de consommations diverses (proposées en général à des prix plus modiques qu’au bistrot!)

La plupart des Loges se réunissent entre 15 et 25 fois par an. Cela signifie donc un budget normal moyen de base de l’ordre de 625 € par année, tout compris.

A cela, pour ceux qui le désirent, il faut éventuellement ajouter les frais liés aux visites que chacun est libre de rendre aux autres Loges régulières nationales ou étrangères.

Une remarque importante : une vieille règle de bonne pratique, non écrite mais très naturellement appliquée, veut qu’un Maçon ne peut jamais mettre sa famille dans la misère pour cause d’appartenance à la Franc-maçonnerie. Dès lors, si l’entrée en Franc-maçonnerie venait à léser la famille de l’impétrant, l’Initiation de celui-ci serait postposée, le temps de voir sa situation se régulariser.

Si un Franc-maçon venait à connaître un revers de fortune au point d’éprouver des difficultés à remplir ses obligations financières envers sa Loge, la solidarité maçonnique se mettrait très rapidement et très discrètement à l’œuvre.

Enfin, plus généralement, en tant que mouvement spirituel, initiatique et fraternel, la Franc-maçonnerie ne pratique aucun culte de l’argent, sous quelque forme que ce soit. Tout y fonctionne selon les lois du bénévolat. Un candidat à l’Initiation est toujours jugé en fonction de ses seules qualités d’Homme et jamais en fonction de son état de fortune. Celle-ci nous indiffère totalement.


21. Une fois devenu Franc-maçon, est-il encore possible de quitter la Franc-maçonnerie?

Evidemment ! Quand on veut. Le Serment est un engagement d’honneur qui n’exclut pas le départ volontaire. Mais c’est un échec profond, tant pour celui qui part que pour la Loge qu’il quitte.

Bien que des légendes diverses continuent de nourrir l’idée que les Francs-maçons se vengent de la trahison de ceux des leurs qui quittent – légendes notamment entretenues par le vocable grades de vengeance ou vengeur de la Franc-maçonnerie qui ne concernent que des idées purement symboliques – la réalité est infiniment plus simple et plus pragmatique : quitte qui veut quand il veut.

Lorsqu’un Franc-maçon quitte sa Loge, il s’agit d’un événement triste, comparable à la fin d’une histoire d’amour : c’est un divorce, et un divorce est toujours une déchirure, une blessure, un saignement. Et ce, pour les deux parties. Quel gâchis ! Quel dommage ! Quel gaspillage de temps, d’efforts et d’amour !

Bien que la chose soit assez rare, cela arrive, et les Frères qui choisissent de partir ne perdent pas leurs amis pour autant. L’Initiation maçonnique est ineffaçable, comme tout souvenir marquant. Dans le cœur de celui qui part. Dans le cœur de ceux qui restent.


22. Je cherche de la documentation sur l’histoire de la Franc-maçonnerie. Que me conseillez-vous?

Les ouvrages sur le sujet sont innombrables et se trouvent dans de nombreuses librairies. Ils s’y trouvent le plus souvent, et c’est bien dommage, dans les rayons consacrés à l’occultisme, l’astrologie, les médecines parallèles et autres fantaisies. Ces ouvrages contiennent le pire et le meilleur; un débutant ne peut faire la part des choses !

Le mieux est sans doute de commencer par le ‘Que sais-je?’ consacré au sujet et de se fier ensuite à la bibliographie proposée.


23. J’aimerais devenir Franc-maçon. Que dois-je faire?

L’entrée en Franc-maçonnerie procède selon deux voies très différentes.

Le plus souvent, le processus fonctionne de proche en proche : un ami, un voisin, un collègue vous demande un jour un entretien entre quatre yeux, il se dévoile et vous explique qu’il aurait grand bonheur à partager avec vous sa démarche. Alors commence un dialogue qui va construire une relation entre vous deux, bientôt partagée avec ses autres Frères en Franc-maçonnerie.

Plus rarement, mais régulièrement, cette rencontre est attendue par l’impétrant, mais ne se matérialise pas. Dans ce cas, rien de plus simple : il suffit d’envoyer à l’attention du secrétariat de la Grande Loge Régulière de Belgique, rue Royale 265 à 1030 Bruxelles (Belgique) une lettre de candidature reprenant les éléments suivants :

votre curriculum vitae,

vos motivations personnelles profondes à vouloir être reçu en Franc-maçonnerie,

Rien de plus, rien de moins.

Alors, en fonction de votre lieu de domicile, la Grande Loge Régulière transmettra votre demande à la Loge de son Obédience la plus proche de chez vous et le processus démarrera.

Ce processus diffère légèrement d’une Loge à l’autre. Mais toujours, les étapes suivantes sont de rigueur :

Acceptation de la candidature par le Vénérable Maître de la Loge et désignation de Frères enquêteurs.

Ceux-ci prennent contact avec vous et vous proposent de vous rencontrer, souvent à votre domicile, afin de faire votre connaissance et de comprendre vos motivations.

Ils font rapport à la Loge qui vote et décide, éventuellement de vous recevoir en commission, c’est-à-dire devant les officiers de la Loge qui essaieront, lors d’un entretien amical, d’encore mieux comprendre vos motivations.

Si leur avis est positif, vous serez invité à vous présenter devant toute la Loge qui, encore et toujours, essaiera de comprendre qui vous êtes et ce que vous voulez.

Ensuite aura lieu le vote final sur votre candidature.

Enfin, si ce vote est positif (en général, trois votes contre entraînent l’élimination de la candidature), vous serez invité à vous présenter afin de subir les épreuves de l’Initiation.


24. Pourquoi les intervisites avec les loges d’Obédiences non reconnues sont-elles interdites?

Les motifs relèvent simplement de la loyauté, c’est à dire de la fidélité du Franc-maçon à son engagement ainsi que de la raison, de la logique et de la cohérence.

Quelques mots pour clarifier et surtout préciser tout cela.

La loyauté.

Une vertu rare et exigeante mais essentielle.

Tout l’édifice maçonnique repose sur la capacité et la détermination de ses membres, engagés par serment, à respecter la Constitution et le règlement général de l’Obédience qui prévoient explicitement cette interdiction.

Le Maçon Régulier se soumet à cette règle-là comme aux autres. La volonté de respecter la parole d’honneur ne peut donner lieu à un débat.

La raison, la logique, la cohérence.

On a évidemment le droit de s’interroger sur les raisons de l’existence de cet interdit. Pour comprendre, il faut retourner à l’essentiel.

La Franc-maçonnerie est un ordre initiatique, un organisme auquel on accède par Initiation, c’est-à-dire la révélation, le partage d’un savoir philosophique, d’une méthode et d’une atmosphère propice au respect de l’individu et à son épanouissement.

L’Initiation est basée sur un ensemble comportant :

la communication de rites, de traditions, d’obligations et d’interdits;

l’engagement par serment au respect d’une constitution et de règles;

l’adhésion à une vision du sens du Sacré;

la transmission d’une mémoire;

l’apprentissage d’attitudes;

l’acceptation du rôle que son Obédience s’attribue dans la société humaine.

Tout cela balise, détermine et définit la nature morale, spirituelle, intellectuelle d’un univers maçonnique chaque fois bien spécifique…

C’est pourquoi chaque Obédience dispose d’une identité propre et d’une nature particulière. C’est tout à fait logique. Or, une Obédience ne fédère et ne rassemble que les loges qui acceptent et partagent, par l’esprit et les comportements, tout ce qui est affirmé dans sa Constitution et ses Règlements Généraux et qui fonde sa spécificité initiatique.

Dès lors, en toute cohérence, la notion d’Initiation exclut de recevoir en Loge maçonnique toute personne n’ayant pas subi l’Initiation au même référentiel maçonnique régulier.

La reconnaissance.

Cette notion est importante. Les Loges régulières appartiennent à des Obédiences qui s’inscrivent dans le même référentiel initiatique et remplissent rigoureusement les critères indispensables à leur reconnaissance mutuelle et internationale. Les Loges régulières n’entretiennent de relations qu’avec des loges d’Obédiences Régulières reconnues. En d’autres termes, la notion d’intervisite de Loges d’Obédiences non reconnues et le concept d’initiation sont absolument antinomiques. Dans ces cas, le Franc-maçon régulier nierait l’essence même de son Initiation et mépriserait son serment.

Par contre, on peut entretenir les relations les plus amicales, fraternelles et fécondes dans l’espace profane de la vie, avec ces hommes et ces femmes qui vivent une expérience proche de la nôtre, sous certains aspects, mais néanmoins différente. C’est pourquoi nous éprouvons respect et considération pour leur engagement. D’ailleurs, certains ateliers d’Obédiences non régulières oeuvrent de manière conforme à la Régularité. Seule l’appartenance à leur Obédience ne nous garantit pas la permanence de la régularité de leurs travaux.

Pour le profane, ce qui sépare la Grande Loge Régulière de Belgique des autres Obédiences peut paraître mince. En réalité, la distance qui les sépare sur certains sujets est réellement cosmique et irréductible.

Pour la Grande Loge Régulière de Belgique, il ne peut y avoir de confusion dans la notion d’Initiation ni de compromis à ce propos, ni sur le sens d’Ordre initiatique.