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12.11.15
Extrait de "Corse Matin" du 12 novembre 2015

Extrait de "Corse Matin" du 12 novembre 2015

Alain Pozarnik, franc-maçon et chantre de la spiritualité

Corse infos

Alain Pozarnik, franc-maçon et chantre de la spiritualité

Pour l'ancien Grand Maître de la Grande Loge de France, qui pratique désormais dans un atelier maçonnique basé en Corse, l'initiation n'a pas pris une ride. À la clé, un perfectionnement de l'homme censé bénéficier à la société...
Pour de nombreux francs-maçons, il est une référence. Les livres qu'il publie régulièrement y sont pour quelque chose. Alain Pozarnik, initié en 1972 à la Grande Loge de France, dont il a été le Grand Maître entre 2004 et 2006, n'a de cesse d'inciter ses frères à intensifier leur démarche spirituelle. Quitte, parfois, à les bousculer un peu. Son dernier ouvrage en date, paru ce mois-ci sous le titre La régularité initiatique des francs-maçons existe-t-elle ?, va dans ce sens. Parallèlement, il s'emploie à mieux faire comprendre la franc-maçonnerie au grand public. Fin octobre, à Ajaccio, il était ainsi le premier invité du Lazaret Culture Club pour une conférence portant sur le sens de l'initiation de nos jours.
Vendredi soir, il est également l'invité du magazine culturel 6 1/2, sur France 3 Corse ViaStella. Autant de rendez- vous au détour desquels il professe sa foi en une possible amélioration de l'homme.

Corse infos : L'ancien Grand Maître a-t-il définitivement rendu son tablier ?

Alain Pozarnik : « Absolument pas. Une fois descendu de charge, je suis redevenu un frère comme les autres. J'ai été initié à Paris, dans la plus ancienne loge de mon obédience, mais j'appartiens désormais à une loge créée voilà six ans à Propriano. Il faut dire que j'ai un lien étroit avec la Corse. Ma femme est originaire de Quasquara. »

Derrière ce titre ronflant de Grand Maître, quel était votre rôle à l'époque ?

A.P : « Un Grand Maître a une double fonction. La première était liée à la gestion administrative de la Grande Loge de France, comme cela se pratique au sein de toute structure associative. Entre nous, ce n'est pas la tâche que j'ai le plus aimée... Mon autre rôle consistait à dynamiser les frères au sein des loges pour les orienter vers la spiritualité. Ce qui était de loin le travail le plus plaisant, car il m'a permis de faire de nombreuses et belles rencontres. »

On imagine que le Grand Maître se voit investi de pouvoirs considérables...

A.P : « Pour être honnête, lorsque j'assumais cette charge, j'avais plutôt la sensation d'être la cible des ambitieux, de ceux qui savaient mieux que moi ce qu'il fallait faire et de ceux, enfin, qui réclamaient des passe-droits. En tant que Grand Maître, j'ai refusé systématiquement ce type de sollicitations. Certaines personnes m'en ont forcément voulu... À mon sens, un Grand Maître a surtout pour vocation de servir l'obédience qui est la sienne et, dans le même temps, de servir la société. Si l'on arrive à perfectionner un tant soit peu la conscience des frères, ces derniers sont susceptibles d'avoir une action bénéfique pour l'ensemble de la société. »

Ce qui ne ressort pas vraiment dans le traitement réserve habituellement à la franc-maçonnerie dans les médias, ça vous chagrine?

A.P : « Lorsque j'étais Grand Maître, je me suis efforcé d'aller vers les journalistes pour faire passer le message que nous ne sommes pas ce que les marronniers de certains magazines décrivent. Je dois reconnaître que cela n'a pas marché du tout... »

Sans doute parce que les francs-maçons sont toujours suspectes d'exercer une forme de pouvoir occulte...

A.P : « On est loin du compte. Les francs-maçons ont perdu le pouvoir qu'ils avaient avant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu'ils étaient encore nombreux à la Chambre des députés. À l'époque, il est vrai que toutes les obédiences avaient dévié vers la politique, animées par un même mouvement qui reposait sur l'idée qu'il fallait changer la société pour améliorer l'homme. Dans ce registre, la Grande Loge de France n'avait rien à envier au Grand Orient de France. Ce n'est désormais plus le cas, tout du moins au sein de la Grande Loge de France, où l'on a replacé l'humain au centre de la démarche. »

Un choix judicieux ?

A.P : « C'est bien mieux ainsi, car je considère que l'inverse relevait d'une déviance considérable. Tous les idéaux, quels qu'ils soient, ont échoué. Le christianisme a mené aux bûchers de l'Inquisition, la Révolution à la guillotine et à la Terreur, le communisme aux goulags. Quel est le dénominateur commun qui a conduit à ces échecs ? L'homme. Je pense sincèrement que si l'on parvient à le perfectionner, on pourra vivre dans un monde meilleur. »

En quoi l'homme aurait-il tant péché ?

A.P : « Dans tous les mythes antiques liés à la Création, notamment en Grèce et en Égypte, on retrouve l'union du ciel et de la terre. L'homme découle de cette union. Ce qui veut dire qu'il possède une partie spirituelle, venant du ciel, et une partie matérielle, liée à cette vie sur terre qu'il lui faut assumer. Or, la société, dirigée par des hommes qui étaient orientés vers l'aspect matériel, a développé le côté animal, mécanique, égoïste de l'homme. Si bien qu'on l'a même éduqué à servir la société. Plus on la sert, mieux on la sert, plus on est rémunéré ou honoré. On a complètement oublié le côté spirituel de l'homme. Néanmoins, certains ont senti en eux l'appel de la spiritualité et du perfectionnement humain. Or, ceci, on ne le trouvait nulle part ailleurs que dans les ordres initiatiques et on ne le trouve toujours nulle part ailleurs. Dans les écoles, les lycées, les facultés, on enseigne les techniques, les sciences - ce qui est bien -, mais jamais on apprend quelle est la valeur d'un homme. D'où nos drames actuels, notamment parmi les jeunes, à travers des gens totalement désemparés. »

On vous objectera que les religions œuvrent depuis longtemps dans le domaine spirituel...

A.P : « La valeur de l'homme a toujours été minimisée par les religions, car elles sont des organisations humaines et les hommes cherchent avant toutes choses le pouvoir. Encore une fois, on éduque au minimum pour servir. Dans le cas du christianisme, il s'agissait autrefois de servir la papauté, les ecclésiastiques. Je crois que si les francs-maçons ont eu, à un moment donné, un regard critique sur les religions, ce n'était pas tant vis-à-vis de leur côté spirituel que par rapport à la mainmise intolérable du système religieux sur l'éducation et le développement humain, car on enfermait alors la liberté de l'homme dès l'enfance. Il semble qu'il y ait aujourd'hui une tendance, au sein du christianisme, à envisager les choses différemment. Peut-être parce qu'il n'est plus possible de faire autrement. »

Et l'initiation serait donc le remède ?

A.P : « Comme je le disais, certains hommes aspiraient à la spiritualité. Ils ont créé des ordres initiatiques propres à la développer et ils ont mis au point toute une technique. On la retrouve en Perse, en Égypte, en Grèce, un peu moins chez les Romains, car il s'agissait déjà d'une civilisation décadente... Par la suite, en Occident, les constructeurs de cathédrales ont joué un rôle important. Que l'on ne me fasse pas dire que tous les tailleurs de pierre étaient des initiés. Mais, l'initiation a néanmoins pu se réfugier dans leurs rangs. Sans rentrer dans le détail, la franc-maçonnerie est directement liée à cette histoire. Et notamment à une tradition illustrée par plusieurs mythes. »

Lesquels ?

A.P : « Chez les Mésopotamiens, Gilgamesh essaie de s'initier et, à un moment donné, il acquiert la puissance de maîtriser un lion à mains nues. Mithra, en Perse, avait aussi cette particularité de maîtriser à mains nues un taureau. Au Japon, les sages pouvaient chevaucher le buffle. En Chine, il s'agissait du tigre. D'un point de vue initiatique, cela signifie que pour progresser, il faut maîtriser notre animalité. Nous sommes des mammifères, placés certes au sommet de la Création, mais cela signifie- t-il que nous sommes si merveilleux qu'il faut penser que tout s'arrête là ? Ou ne vaut-il mieux pas se demander quelle est révolution qui va amener l'humanité à être en harmonie avec la réalité de toute la Création ? C'est ce que cherchent les initiés. »

Une quête sans fin ?

A.P : « Il faut rester optimiste et penser que les jeunes et les prochaines générations réussiront mieux que nous, qui étions trop imprégnés par la réussite sociale. La franc-maçonnerie a évidemment un rôle à jouer, parce qu'elle fournit le moyen, à ceux qui le souhaitent sincèrement, de développer leur être spirituel. »

Propos recueillis par S. PISANI

Alain Pozarnik sur France 3 Corse ViaStella, vendredi 13 novembre, à 18 h 30, dans l'émission 6 1/2.

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