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01.12.15
INTERVIEW EXCLUSIVE DE PHILIPPE CHARUEL DANS FRANC-MAÇONNERIE MAGAZINE (DÉCEMBRE 2015-JANVIER 2016)

INTERVIEW EXCLUSIVE DE PHILIPPE CHARUEL DANS FRANC-MAÇONNERIE MAGAZINE (DÉCEMBRE 2015-JANVIER 2016)

PHILIPPE CHARUEL, GRAND MAÎTRE DE LA GRANDE LOGE

Élu en juin dernier pour trois ans Grand Maître de la Grande Loge de France, Philippe Charuel prend les rênes d'une obédience qui s'est vue quelque peu isolée de par ses prises de position, avec en point d'orgue le retrait de l'Institut Maçonnique de France, organe fédérant les principales obédiences françaises Souhaitant tirer un trait sur cet épisode, Philippe Charuel veut au contraire aller de l'avant. Rencontre avec un homme au parler franc, dont les projets ne manquent pas.

Propos recueillis par Hélène Cuny

Hélène Cuny : Vous annoncez l’organisation duo colloque sur la jeunesse le 2 avril prochain. C'est une préoccupation essentielle pour vous ?

Philippe Charuel : Bien entendu. Nous avons un devoir de transmission celui de faire en sorte que les jeunes d’aujourd’hui soient demain les porteurs des valeurs qui nous animent. Il faut travailler pour eux, mais avec eux. D'où l'organisation le 2 avril 2016, à Paris, d'une journée qui leur sera dédiée. Nous avons obtenu que l'événement soit parrainé par le ministère de l’Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et de sa ministre, Madame Najat Vallaud-Belkacem. J’ai eu aussi à cœur de convaincre la Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France Marie-Thérèse Besson de s'associer à nous, car mon projet n'avait de sens que s'il était porté par des hommes et des femmes. Les thématiques seront décidées en janvier après consultation de nos loges.

HC : À terme, l'objectif est-il aussi de voir ces jeunes intégrer la franc-maçonnerie.

PC : On le constate, peu d'entre eux aujourd'hui se posent la question du sens. On brûle la vie par tous les bouts, on consomme à outrance et l'on désire ce que l'autre possède même si ce n'est pas vraiment utile. Peu à peu, on s'éloigne des valeurs, la famille tend à se disloquer. Tout cela pèse sur les jeunes, alors même qu'ils n'en ont pas forcement conscience. Nous souhaitons aller à leur rencontre, établir un réel dialogue, et provoquer des prises de conscience. De celles-ci naîtra peut-être le désir de rejoindre la franc-maçonnerie, mais ce n'est pas l'objectif premier. À mon avis, si les obédiences rencontrent des difficultés à intégrer des jeunes, c'est que jusqu'à présent, elles n'ont rien fait pour les attirer. On peut même affirmer que la plupart des loges « roupillent » complètement. Lorsqu'un jeune se présente, le réflexe est plutôt de dire « attention ! Pas avant 40 ans ! » Il est vrai qu'a 25 ans, on n'a pas la patine, mais on a la fraicheur et quand on a la volonté de bien faire, il ne faut surtout pas se priver de telles énergies.

HC : À propos de l'initiation, pensez-vous que le montant de la capitation (cotisation annuelle) représente un frein, car trop élevé ?

PC : Cela me parait exact. Nous allons essayer de mettre en place une règle qui prévoirait, sur présentation de justificatifs, une dispense de capitation pour les jeunes adultes d'une trentaine d'années, qui n'auraient ainsi à verser qu'une somme symbolique pour l'association de solidarité. Cette règle est en cours d'élaboration. Elle devra ensuite être votée par nos députés avec, si tout va bien, une mise en application prévue normalement l'année prochaine.

HC : La GLDF a été exposée lors des incidents avec l’institut Maçonnique de France. Des tensions ont isolé l'obédience. Quelle orientation allez-vous donner pour l'avenir ?

PC : Ouverture : c'est le mot-clé de ma candidature. Elle interviendra à différents niveaux vers la jeunesse, nous venons d'en parler, et le monde extérieur. Ouverture également vers les autres obédiences, bien que cela ne signifie pas alignement. Nous avons toutes nos spécificités. Simplement, la Grande Loge de France rentre à nouveau dans le concert général des obédiences de façon à échanger intelligemment. Sur certains dossiers, nous nous laisserons la possibilité de nous associer ou pas aux autres, car la GLDF n'a pas vocation à s'impliquer dans le sociétal. Mais, je devance votre question. Le colloque d'avril sur la jeunesse n'est pas du sociétal au sens où je l'entends, car ne porte pas de dimension politique nous nous refusons en effet à prendre une option qui contraindrait certains de nos frères et qui ne serait pas représentative de la Grande Loge dans toute sa diversité.

HC : Toutefois, vous avez cosigné le communiqué de presse du 7 septembre qui concerne la situation des migrants.

PC : En effet, mais je l'ai fait après avoir demandé le retrait de plusieurs phrases à caractère politique. Et grande surprise, dix jours après, en rencontrant la Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France, j'ai constaté qu'elle avait fait retirer exactement les mêmes phrases, sans concertation préalable La GLFF est sans doute l'obédience dont la sensibilité est la plus proche de celle de la GLDF.

HC : Arrêtons-nous un instant sur l'actualité internationale, quel rôle peut jouer la Grande Loge de France et en particulier, comment s'opère la fraternité auprès des maçons en zone de guerre ?

PC : Pour l'heure aucun cas ne m'a été présenté. En revanche, début octobre, j'ai été convié ainsi que les représentants des principales obédiences (le Droit Humain, le Grand Orient de France, la Grande Loge Féminine de France, la Grande Loge Nationale Française) par le Ministre de la défense, Jean-Yves le Drian. Nous avons bien sûr abordé les problématiques concernant les fronts de guerre ou la France est engagée, la Syrie, la République centrafricaine ainsi que la Libye. Le ministre nous a ainsi fait part de son inquiétude. Nous pensons, nous, que notre projet sur la jeunesse constitue une alternative intéressante. Il faut avoir en tête que les deux tiers des combattants de Daech viennent d'Europe. Le manque de reconnaissance, de perspectives de vie motive ces jeunes à partir. D'arriver jusqu'à ceux-là mêmes qui courent vers un projet de mort, m'apparait plus solide comme arme de dissuasion afin de leur proposer un projet de vie.

HC : Parlons de la Confédération Maçonnique de France. Que reste-t-il de l'idée d'un regroupement d'obédiences sous le sceau de la tradition ?

PC : À tort ou à raison, cette CMF a été perçue par les membres de la Grande Loge de France comme une volonté d’obtenir une reconnaissance par la Grande Loge Unie d'Angleterre. Ce qui ne se retrouve pas dans l'esprit de ce que veut être la GLDF. Le nœud du problème s'est trouvé là et a divisé nos frères. En revanche, œuvrer pour la création d'un pôle de rassemblement autour d'une maçonnerie de tradition, alors là, oui, tous les membres de la GLDF adhèrent. Et c’est ce qui est en train de se produire actuellement. Nous avons repensé plus clairement un projet avec la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française qui se déclinera in fine par des actions diverses et des colloques. Ceux qui se reconnaîtront dans le « cahier des charges » seront les bienvenus. Sans faire de révélations, un certain nombre d’obédiences françaises et européennes sont venues en observatrices a l’une de nos réunions de cet automne, dans l’éventualité de nous rejoindre.

HC : La pierre d'achoppement du projet initial de la CMF était la rupture des liens avec les obédiences françaises et l'arrêt des intervalles. Qu'en est-il ?

PC : Le problème que vous soulevez est totalement lié au quiproquo de la première CMF, qui avait pour objet, peut-être, la reconnaissance par la Grande Loge Unie d’Angleterre. Le projet d’aujourd’hui repose sur des bases différentes, et il n y a aucune raison de distendre nos liens avec les obédiences dont l'histoire se conjugue avec la nôtre.

HC : L’Edition 2015 du Salon du livre maçonnique de Paris a été organisée dans un lieu neutre, hors obédience. Souhaitez-vous à terme que ce salon revienne dans les murs de la GLDF ?

PC : Je vais être très clair cette année, nous ne pouvions pas prendre le train en marche, au risque de précipiter les choses. Toutefois j'ai annoncé aux douze grands maîtres membres de l’Institut Maçonnique de France, lors d'un dîner qui s'est tenu il y a peu que je souhaitais participer de nouveau au Salon du livre, et sans doute revenir au sein de l'IMF, mais à une condition et elle est non négociable celle que le salon se tienne de nouveau dans nos murs. Historiquement il est né ici et les frères y sont très attachés. Qui plus est, de l'avis de beaucoup, et aussi de Roger Dachez, Président de l'IMF il est celui qui s'y prête le mieux. Et puis il y a un argument de taille accueillir le salon au sein de la Grande Loge a un coût quasi nul alors que cette année du fait de I organisation dans un lieu extérieur, le montant par obédience atteint des sommets. Parmi les grands maîtres et grandes maîtresses tous ne sont pas de cet avis, même si la majorité s'y range à cause de cette question financière.

HC : Une dernière question plus personnelle, qu'est-ce qui vous a mené vers la franc-maçonnerie ?

PC : J'ai été initié à l'âge de 30 ans sans qu'aucun proche ou membre de ma famille ne fasse déjà partie de la franc-maçonnerie. Mon choix est intervenu suite à une déception dans mon engagement politique. Après avoir mené quelque temps des actions au sein d’un groupe en faveur des jeunes et des personnes âgées dans mon quartier à Lyon, je me suis rendu compte que la préoccupation majeure des politiques était surtout d’être élu et pas forcément de sortir les gens de la difficulté. Je pensais trouver en maçonnerie plus de réponses. Depuis, plus de trente années se sont écoulées, sans que mon sentiment premier soit démenti •

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